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lès grains deftinés à la pâture des animaux de charge : une autre figure d'Ife
changée de fleurs odoriferentes , que l’on expofoit pour l ’annonce des Fêtes
du 1 nntemps , & dont on avoir déjà peut - être fait une Déefle fous U
„on, deFJore, f t j «H, fer laquelle d je .e è r e « le, p„‘ "lorri™,
puanteur de leur domicile. Ainfi Ifs-Flore , ou Ifis-Printanière, & I f i t c /
res ou Moiffonneufe à devinrent Ifis-Stabulaire par le choix des Palefreniers
f des Muletiers, fous les.noms d’Hippone ou d’Épone , dont le fens éroic
uns doute analogue a la fonction qu’on lui confioit, de parfumer les écuries
& de nourrir leurs habitans.
• La Déejje Hippone ou Épone , félon l ’Hiftoire SC la Fable.
L a Fable ne nous apprend rien de cette double Divinité. Contre fon ordinaire,
elle ne lui a forge ni genealogie, ni hiftoire. Tout ce qu’on fait à fon
fujet, c eft quelle fut elevee au rang des Divinités par les Palefreniers & les
Muletiers ; qu ils placèrent fa Statue dans de petites niches, au milieu ou d-ans
quelques coins des écuries confiées à leur foin ; qu e , pour faire voir qu’ils
1 invoquoient a triple fin , ceft-a-dire pour obtenir l’abondance des pâtures
pour les chevaux & le s mulets pour corriger la mauvaife odeur des étapes
, & enfin pour bemr les foins qu’ils fe donnoient pour la confervation
de ces animaux, ils la reprefentoient avec un boiflèau fur la tête une rofe
a a main gauche, & etendant la droite pour donner quelque bénédiction.
Hippone fu r les Médailles.
fl -fri C6tte faÇ9n eft reP«fentée fur le revers d’une Mét
é lnfl a Po u r légende, Hippone. Quelques Auteurs ont
S ^ ce Z10™. nra™ S ° i t pas la D é efle, mais bien plutôt la Colo-
me d Hippone établie fous le régné de Julës-Céfar. Mais ce fentiment eft
[ T J Par,d au" e s Plec«. de Monnoië , frappées par la même C olonie, fur
efquelles au heu de lire Hippone tout court, & fans aucun autre mot ou
lettres initiales on trouve cette légende C . G. J. H. P. A . qui lignifie
q u f f u r t n f Ü Au^ bl ’ ce flui Hffit pour pfouver
que fur lapiece dont il s agit ic i, & que nous donnons à la planche VHP.
IN • 3 3, le mot d Hippone annonce la Déefle des étables.
S e c t i o n X X Y .
D u Dleu Janus , félon l’Écriture Hiéroglyflque.
C ’eft ici un Dieu particulier aux Latins , mais que l’on ne peut faire
PhénkieL T u f r 61 ^ P UfleUrS T “ 5 fmt Grecs hemciens qui font, comme on va le voir, fes Parens >l esf opiltu sË ptrruocfqhuese sD, afoni,'
un fens ils s identifient avec lu i, & dans un autre ils en font réellement diftinéts
L Ecriture Hieroglyfique va nous donner la clef de cette énigme ■
Nous avons dit plus haut, d’après. M. Pluche, qu’il étoit de la dernière
importance pour les Egyptiens de connoître le lever de la belle Étoüe que
& la n f P fl’° ”fl > C a ? 1CUe’ ,Parce cIu’eile annonçoit le débordement du Nd
& la ne,effite cle fe préparer dans chaque maifon à une retraite de deux â trois
mois. Cette Etoile « o it reprefentée fous la figure d’un Chien, que la Langue
D E S T Y P E S D E S M É D A I L L E S 167
du Pays appelle Toth , Taaut, ou Tkayaut ; noms fous lefquels l’Egypte adora
ce Dieu & dont la Vénerie forma un cri de chaffe propre à raffembler les
Chiens. Quand on eut pris la coutume de mettre la tête de ce Chien fym-
bolique fur les épaules d’une figure humaine, comme de celle d’i f s ou d O-
flris , & d’en faim une Affiche pour avertir les Peuples du lever prochain de
cette” Étoile , alors cette ftatue Humaine & Canine fut appellée indifféremment
T h o t , à caufe de fa tête, & Anubis à caufe de fa deftination à remplir
en quelque forte la fonétion d’un Chien qui aboie pour avertir.
P Voila donc Anubis devenu le fymbole & l’annonce de la Canicule. Mais
remettons une tête humaine â la place de celle du Chien aboyant : couvrons
cette tête d’un Pétafe , c’eft-à-dire, d’un Chapeau à deux ailes : faifons-lui
deux faces, l’une de vieillard, l’autre de jeune homme : mettons-lui en main
tantôt une clef, tantôt un fceptre, tantôt une bourfe, tantôt une baguette
propre à fonder la profondeur des eaux : plaçons à côté de lui une Chouette,
fin C o q , ou un Bélier : croifons la fonde ou la baguette par le haut, ou bien
repréfentons-la avec deux Serpens entortillés autour d’e lle, ou avec deux ailes
pour ornemens fymboliques ; toutes ces variations rendront Anubis difficile a
reconnoître : néanmoins ce fera toujours Anubis. Sa figure, qui eft la même
que celle d' I f s , d ' O f r is oud 'Horus, fert comme de fond pour former toutes
fortes d’Enfeignes & d’Annonces pour les Fêtes, les befoins, les entreprifes,
& pour beaucoup d’autres chofes. Il prendra des noms nouveaux à chaque
changement de formes, d’attributs, d’ornemens, de fymboles & de Pays.
Les Phéniciens l’appellèrent Mercure ; les Latins, Janus ; les Étrufques, C a mille
; les Grecs, Hermès : peu lui importe, pourvu qu’il reçoive les honneurs
divins! Q u ’on le divife pour le multiplier , ou qu’on en raffemble toutes les
parties pour n’en faire qu’un tout fous le titre & le nom d un feul Dieu , fa
fatisfaétion fera toujours également heureufe. Mais qu annoncera-t-il ? D e
qu i, & de quoi fera-t-il D ie u , dans fes différentes Métamorphofes ? C ’eft
ce qu’il faut voir. \ ,
I f s-Toth-Anubis à une feule face couverte du Petafe, ou Chapeau a deux
ailes, &t avec une bourfe â la main, annoncera 1 abondance des récoltes a
tous , particulièrement aux Marchands & aux Negocians, qui, a la vue de
cette bourfe, pleine en apparence, concevront 1 efperance d un gain confide-
rable par le tranfport des grains de l’Égypte dans les Pays qui en manquent. En
conféquence de la bonne nouvelle, le Moniteur { c’eft la fignification du
nom Anubis ) deviendra Mercure, ceft-a-dire, 1 Intrigant, le Négociant,
& il fera adoré comme Dieu du commerce, & comme celui qui diftribue
les richeffes, même aux voleurs.
Otbns la bourfe à ce nouveau Dieu adoré fous le nom de Mercure, &
donnons-lui un fceptre, un bâton d’honneur, de commandement, de dignité
3 en Orient, où ces fortes de marques de diftinétion , qu on appelloit
Cadosh ou Caducée, annonçoient les gens élevés aux premières places, & leur
fervoient même de paflèport & de lettres de recommendation par-tout le Pays,
on prendra ce Mercure pour le Conducteur & le Dieu des voyageurs, & pour
ce que nous appelions un Intendant des grands chemins, un Grand-Voyer.
Les autres Dieux feront eux-mêmes trompés à la vue de fa baguette, & ils en
feront leur Meffager.
Cette baguette néanmoins, dans l’idée de ceux qui la lui ont mife en main,
n’eft rien moins qu’une marque de diftinétion : c eft une fonde , une perche,
fur laquelle on marquoit, & l’on faifoit connoître aux Égyptiens quelle eft