
les faux Dieux de ces fymboles, & de cette efpèce d’Ëcriture, que les Égyptiens
appelièrent X Ecriture Symbolique, ou Hiéroglyfique : voici fes propres
paroles.
» Après avoir parle de la plupart de ces fymboles, >« Nous arrivons, dit-il
» dans le Chapitre II de l’Hiftoire du C i e l , Tome I". page 137, à la naif-
» fance de l’Idolâtrie ; mais eft-elle donc l’effet de l’Écriture Symbolique ;
» & une invention innocente a-t-ellc perverti le genre humain ? Non alfu-
. » rement. La cupidité feule a fait tout le mal.
j> Un adorateur froid j indifférent pour la Julticê, & qui a le coeur plein
» de pallions n’eft pas un Idolâtre, je l’avoue; mais il eft déjà bien loin de
■» D ie u , & de nouveaux égaremens peuvent fuccéder au premier, Dieu
« permettant que les ténèbres deviennent la punition des cupidités criminelles.
» Le meme attachement aux biens terreftres, la meme injultice envers le
» prochain, en un mot la même cupidité qui a fait le Juif & le mauvais
» Chrétien, corrompoient le culte que les premiers hommes rendoient pu-
» bliquement à Dieu. Ils venoient régulièrement faire leur Offrande, &
» plier les genoux devant les Figures inftruétives, qui les entretenoient de
» Dieu & de leurs devoirs. Leur aétion étoit bonne , & ils trouvoient dans
» l’appareil de leur Religion une multitude de leçons utiles ; mais le coeur
» ne tenoit qu’a la Terre, & etoit tout livré aux objets de leurs pallions.
» L ’abondance qu’ils venoient demander, plutôt que la Juftice, la longue vie
» qu’ils regardoient avec complaifance comme l’effet & le prix de leur piété,
» en étoient aufli tous le motif. S’ils célébraient certaines fêtes avec plus de
» pompes & de vivacité que d’autres, l’efprit de Religion y avoir peu de
« part ; c’eft parce quelles les intéreffoit par quelques fymboles particuliers
» a leur Pays , & fur-tout par la figure de l’animal qui faifoit leur richeffe ,
» ou qui caraéterifoit le temps précis de leur moiffon ; au lieu de mefurer
s> l’etendue de leur piété par l’etendue de leur amour pour leurs frères, ils
sj croyoient avoir tout acquitté, quand ils avoient été fidèles aux rubriques
•j d’une dévotion machinale & toute extérieure , dont l’obfervation coûte
sj peu en comparaifon de la réforme du coeur ; ils s’attachoient méthodique-
j> ment à un cercle de menues pratiques, dans la penfée que le mérite en
sj etoit fu r , & les fucçès bien éprouves. Ils fe perfuadoient en conféquence
jj que leur profpérité ou leurs petits avantages perfonnels étoient une juftice
» que Dieu leur rendoit, & un payement dont il devoit être occupé par
jj préférence. Avec des difpofitions fi groflières il eft peu étonnant que les
s> premiers hommes aient aifément perdu de vue leur Créateur, & la véritable
» piete. C e que les fymboles publics leur enfeignoient, les avoitpeu touchés,
jj lorfque le fens en etoit encore entendu. Une telle indifférence ne les con-
sj duifoit pas à en chercher' le fens lorfqu’il commença à s’oublier,
jj Nous pouvons à préfent juger des impreffions que doivent' faire les
» figures fymboliques fur l’efprit de nos Adorateurs ignorans ou paffionnés.
sj Ceux que leur cupidité a corrompus abufent de tout ; & l’Écriture deftinée
jj a les inftruire v a , par l’effet de leur indifférence , & en punition de leur
jj malignité, les mener de méprife en méprife, & devenir pour eux l’occafion
» des chûtes les plus funeftes.
.. Pa rmi ce Peuple cjui fe préfente dans le lieu de l’aflemblée, prelque
jj perfonne ne fait lire 1 écriture vulgaire : on peut bien aflurer qu’aucun d’eux
sj ne s eft mis en peine d entendre ce que fignifie l’ancienne. Les Afliftans fe
sj trouvent environnés de fymboles tracés avec appareil. C,ç font toutes figures
» d’hommes,
ss d’hommes, de femmes, ôî d’animàhx parfaitement connus. Il eft vrai qu’il
jj y en a de bizarres, & qui ïie peuvent réveiller eh eux aucune idée bien
» diftinéte ; mais là vue du Soleil qui pàrôiffôit foùvent au haut de leurs
* tableaux, & fur là tète des figures, réveilloit en eux l’idée du Soleil. Un
jj homme ou un oifeâu, dans ces peintures, les faifoit fongef à un homme oh
« à un oifeaü. Us fe bornoient ftupidemént â la figuré qui étoit devant eüx,
s. ou au nom du Gouverneur, de l’Épervier, de la Huppe, ou â tel autre
jj fon dont leur oreille étôit frappée ; & n’allant pas plus lo in , ils manquôient
jj le fens qui étoit l’objet de ce langage, & lame de cette Écriture. Il n’eft
a perfonne qui ne preffente aifément les étranges fuites de cette méprife. O n
js apperçoit, fans nouvelles preuves, que c’eft la la preihiere foutcé des figures
jj bizarres & des idees abfurdes de l’Idolâtrie univerfellé >s.
Voilà donc quelle fut l’origine de l’Idolâtrie & des Idoles, felbn M . Pïuchë»
L a corruption du coeur , l’oubli de Dieu & Celui du vrai fehs & de la deftti
nation primitive des figures & des fymboles qu’ôn ëxpôfoit aux yeux dèâ
hommes. L ’utilité de ces fymboles, la cupidité qu’ils attiraient & qu’ils flat-
toient, engagèrent les aveugles Mortels, comme pât degré & prefque imper-*
Ceptiblement, d’abord à s’y attacher, enfuite à les regarder comme fes Auteurs
& les fourceS foit des biens qu’ils efperoient & qu’ils demandbient, foit des
maux qu’ils craignoient & qu’ils tâchaient de détourner de deffus leurs têtes ;
enfin à en faire des Dieux par une fuite nécelfaire de leurs erreurs & de leurs
égaremens. Parlons à préfent de chacune de ces Divinités, connues par les
Médailles, & voyons-les fortir ou de l’Ecriture Hiéroglyfique, avec A4. Plliche,
ou del’Hiftoirë, avec l’Abbé Banier & D eclauftre, ou enveloppées des fiétions
de la Fable, par les Poëtes, ou enfin reprefentées par les Types des Médailles.
Commençons cependant par donner l’explication des figures que l’on voit
fula, 3 e. , la 4e. , la yc. , & la 6'. de nos Planches.
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E X P L I C A T I O N D E S F I G U R E S
Q u i font repréfentees fur les 3 e. , 4 ' . , j e. > & 6e. , Planches.
Planche Troifième.
N Umeros I. & 1 . U n cercle, & un globe ïayoftne, Ou fans ràyoh ; c’eft
cette Figure que l’on expofoit en forme d’enfeigne aux yeux des Egyptiens,
comme le fymbole de Dieu , d’un Être fuprêmë qui n’a ni commencement
ni fin, & dont la puilfance & l’aétion font fans bornes.
N°s. 3. 4. & y. Cercles ou globes accbmpagnés d’épics oit de feuilles de
bananier, pour repréfenter D ieu comme Auteur de fous les biens, & comme
celui qui feul donne la fécondité à la Terre.
N °s. 6. & 7. Oifeaux , dont le premier eft l’Épervier, & lé fécond la
Poule de Numidie, fymboles de deux Vents contraires : les infttumens qu ils
tiennent dans leurs pattes fervoient à marquer là qualité de ces Vënts.
N°. 8. Un globe ou cercle, avec deux Setpehs qui en fortent ; n°. 9,
Cercle avec une flamme au milieu ; n°. iô . Cercle avec un feul Serpent ;
tous fymboles d’un Dieu Auteur de la vie.
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