
S e c t i o n X L I .
D e s P a la is , des Bafdiqu.es , des Édifices de fin e s pour Us Comices,
des Boucheries SC des Labyrinthes.
Les Rois , les Princes £ & fingulièremenf les Empereurs Romains
avoient des Palais dans les Villes ou ils faifoient leur rtiidcnce ordinaire.
Celui de Cyrus parta pour une des fept Merveilles du Monde. O n voit
encore à Rome les ruines de celui des Empereurs. Outre ces vaftes & fomp-
tueux Édifices de la Ville principale, d'autres Palais bâtis dans des V illes moins
confidérables, ou dans des campagnes éloignées, leur fervoient de retraites
pour y prendre le plaifir de la charte ou quelqu’autre divertiffement, &
fur-tout pour changer d’air, quand leur fante 1 exigeoit. Ces Palais de campagne
avoient un nom relatif a ce changement 3 on les appelloit Mutatona ;
ce qui marquoit qu’ils étoient deftinés à changer d occuparion & d air.
Les Médailles connues jufqu’ici ne nous ont donné aucun de ces Palais,
dans leürsTypes. Nous en avons, à la vérité, deux, dont les legendes fem-
blent indiquer qu’on a voulu repréfenter quelques-uns de ces Edifices ; mais
cette idée ne peut fe foutenir vis-à-vis de ces pièces, qui font lune
d’Antonin-Pie, & l’autre de fa femme Fauftine. La première repréfente
un Édifice à huit rangs de colonnes , avec la légende, Ædes D iv i Augufii
refUtuta ; la fécondé en montre un autre à fix colonnes , avec ces la
légende, Ædes Divce Fauflinoe. Il ne s’agit donc fur lune &1 autre de ces
Médailles que de deux Temples confacrés l’un à 1 honneur dun Empereur
, & l'autre d’une Impératrice , après leur mort, & après qu ils avoient
été mis au rang des Dieux , par leur Apotheofe. Àinfi nous ne pouvons
donner rien en détail au fujet de ces fortes d Édifices, &i nos planches n en
peuvent offrir la repréfentation.
Quant aux Édifices que l’on appelloit Bafiliques , nous en trouvons,
fur les Médailles, avec leur nom exprimé ou fous-entendu. Ces Bafiliques
étoient des Édifices publics, & très-fouvent d une grande magnificence.
Leur deftination étoit à peu-près la même que celle de nos Hotels de
Villes. Les Juges y tenoient leurs féances pour entendre plaider les Caufes
dès Parties, & pour juger les procès. C e n’étoit pas feulement le Tribunal
des Centum-Virs & celui des autres Juges établis pour décider des diffé-
rens furvenus entre les Particuliers 3 les Tribuns du Peuple s’y afTembloient
auffi pour régler les plus grandes affaires.
Ces Édifices étoient ordinairement vaftes, de forme oblongue, ornés de
colonnades & de portiques. La Salle du centre, qui s’appelloit iVaret/j,.étoit
auffi foutenué par des colonnes , & bâtie de telle forte qu’on voyoit de
cette Salle tout ce qui fe paffoit fous les Portiques & dans les Galeries. Ces
Bafiliques étoient bâties à R om e , & ailleurs, fur les Places publiques, &
avoient des entrées de tous les côtés. Dans R om e , on en comptoir environ
vingt ; de ce nombre, il n’en paroît que deux fur les Médailles ; 'favoir,
la Bafilique Æmilia , & la Bafilique ULpia. La première fut élevée par
L . Æmilius Paulus Confiul, l’an de Rome fept cent huit. M. Lepidus la
fit rétablir trente-cinq ans après ; car elle étoit déjà ruinée, apparemment
par quelque accident ; c’eft pourquoi la légende porte, M . Lepidus refecit :
Æmilia Bafilica eft fous-entendu. Jules-Céfar avoir fourni quinze cens
talens
talens pour cet Édifice , quand Emilius Paulus le fit conftruire 3 ce fut le
Sénat qui fournie les deniers néceffaires pour le réparer ou le rétablir.
La fécondé Bafilique fut l’ouvrage de Trajan. O n peut voir le deffein de
ces deux Édifices à la planche X X V I I I e; nos. 10. & z 'i. Ils n’y font que fort
imparfaitement ; mais il n’eft pas néceftaire dén avoir des dëffeins plus
parfaits pour notre projet,.qui confifte feulement à apprendre a connoître
les Médailles par ce quelles repréfentent.
On trouve , fur une Médaille de Néron , une autre forte d’Édifice
public , qui paroît ne pas le céder aux autres pour la magnificence. C ’étoit
un bâtiment fort beau & fort vafte , deftiné a la vente non-feulement delà
viande, mais encore du poiffon & de toutes fortes de viétuailles. Néron,
qui le fit bâtir, lui donna le nom de Macellum Augufii„ la Boucherie , ou
les Boucheries de l’A ugufte, ou de,l’Empereur. Cès deuxunots abrégés,
Mac: A u g . , forment la légende du revers de la Médaille que nous donnons
au n°. z z. de la même planche X X V I I I e.
Il y a auffi quelques Médailles qui repréfentent un Labyrinthe. O n en
trouve un derrière la tête de Marc-Antoine , fur une Médaille confulaire 3
on en voit un autre fur un revers d’Augufte , frappée parria Colonie; de
Carthage : ces deux Monumens font de forme quarrée. Patin nous en a
donné un de forme ronde, parmi fes Médailles.
Que ce foit le Labyrinthe que Dédale bâtit en Crète, par l’ordre de Minos,
pour y renfermer le Minotaure, ou quelqu’autre, qu on ait voulu repréfenter
fur ces Médailles 3 c’eft ce qu’il importe peu de favoir 3 mais comme
cette expreffion ne préfente ordinairement que lidée dun affemblage de
plufieurs allées d’arbres qui fe coupent l’une 1 autre, de façon a ne pas
s’y reconnoître aifément, & à en rendre la fortie difficile , il eft a-propos
de dire ici quelque chofe des anciens Labyrinthes , pour faire voir quen
fait d’Édifices on n’a rien repréfenté que de grand fur les Médailles.
L ’Antiquité nous parle de quatre Labyrinthes 3 les Auteurs'qui en ont
fait la Defcription les mettoient au rang des plus illuftres Monumens. Ces
quatre Édifices font celui de Crète , celui du Lac de Moeris, en Égypte,
celui d’Italie , qui fervit de tombeau à Porfenna , Roi dHetrurie , & enfin
celui de Lemnos. D e ce nombre, nous choifirons celui d Égypte pour
en donner une idée d’après Hérodote. Voici comme Dom Montfaucon
s’explique à la page 174e. du IIIe. Tome, Partie Iere. de fon A n tiq u ité , &c.
» Ce Monument, dit Hérodote, fut fait par les douze Rois qui regnerent
» enfemble en Egypte. Us firent ce Labyrinthe un peu au-deffus du Lac
à de Moeris, auprès de la Ville quon appelloit des Crocodiles. Je la i v u ,
» & je l’ai trouvé plus merveilleux que je ne puis 1 exprimer. Si quelquun
« vouloit bien le confidérer & le comparer aux plus beaux ouvrages des
»> ' Grecs , même aux Temples d’Éphèfe & de Samos , il les trouveroit, foit
» pour le travail , foit pour la depenfe , fort inferieurs a ce Labyrinthe.
»■ Les Pyramides même furpaffent ces ouvrages des Grecs, & une feule
» d’entre elles eft comparable à ce qu’il y a de plus merveilleux dans la
» Grèce. O r ce Labyrinthe l’emporte beaucoup au-deffus des Pyramides.
» Il y a , dans ce merveilleux ouvrage , douze grandes Salles couvertes ,
| donc les portes font oppofées les unes aux autres : fix de ces Salles font
» du côté au M id i, fur le même rang 5 fix du côté du Septentrion, en
» même fituation : le même mur les environne par-dehors. Il y a trois
mille chambres , dont la moitié fonc fous terre, & 1 autre moitié fur