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C H A P I T R E X I .
D e tout ce qui regarde les Adoptions , les Alliances des Princes SC des
PrincèJJ'es , les Confédérations des Peuples SC les Bienfaits des
Empereurs , fu r les Médailles.
C E Chapitre, comme le précédent, n’aura quun feul Article 5 mais
il fera d’un détail plus long, parce qu’on y traitera de plufieurs objets
intéreffans, O n y parlera de tout ce qui regarde les Adoptions & les
Alliances des Princes & des Princeffes, les Alliances des Peuples & des Villes,
les Dons & les Libéralités des Empereurs, les Remifes d’impôts & de
dettes faites F leurs Sujets, les Congiaires, les Rois laifles ou accordés aux
■ voeux dé certains Peuples, & autres Bienfaits de toutes ëfpèces de Ces mêmes
Princes : nous diviferons donc ce Chapitre, ou pour mieux dire cet Article,
en plufieurs Sedtions, dans lefquelles on ne donnera que ce qu il éft né-
cellaire de favoir relativement a la Numifmatique & au plan que nous
noirs fouîmes propofé , en indiquant, à la fin de chaque Sebtiort, lés revers
des Médailles qui fe trouvent dans nos planches, & qui ont rapport a la
matière qu’on y aura traitée.
A R T I C L E U N I Q U E .
S e c t i o k I.
Des Adoptions , par le moyen defquelles les Empereurs f e donnaient des
Enfans , des Héritiers êC des SuUeffeurs.
X j ’A doption étoit un a die folêiftnel par lequel un Homme qui manquoit
de pofterité, s’en formoit une de choix dans une autre maifon , par le
confentement qu’il en obtenoie du C h e f, d’en tirer un tel pour être fon
Fils, fon Succelfeur & -fon Héritier.
L ’Adoption ne pouvoit avoir fon effet quautant qu’elle étoit valide &
juridique ; ce qui exigeoit plufieurs conditions tant de la part de celui qui
fe propofoit d’adopter, que de celui qui devoit l’être ; la première étoit que
celui qui adoptoit pût être Père ; car s’il étoit Eunuque, la Loi ne lui
permettoit pas d’adopter : la fécondé étoit que l’Adoptant fût plus âgé de
dix-huit ans que l’Adoptif. Ces deux premières conditions venoient fans
doute de ce que l’Adoption eft une imitation de la Nature : la troifième
confiftoit en ce que l’Adoption devoit fe faire folemnellement devant le
Préteur, fi elle étoit demandée par un Particulier &c en faveur d’un Particulier
; ce qui s’appelloit Arrqgation ; peut-être, parce que l’Adoptant
s’arrogeoit le Fils d’un Père naturel qui declaroit publiquement confentir a
ce que fon Enfant pafsât dans la famille & fous la puiffance d’un autre,
par voie d’Adoption. Lorfque c’étoit un Empereur qui adoptoit un Prince
par Teftament ou autrement, le Peuple devoit confirmer cette Adoption
pour la rendre valide. Par la quatrième condition, l’Adopté étoit obligé de
changer de nom, ou du moins d’ajouter au fien ceux de l’Adoptant, comme
le prénom, le nom & le furnom, même les-noms qui étoient des Titres
acquis par des Exploits ., des Victoires ou des Conquêtes.
C ’eft ainfi qu’Hadrien adopté par Trajan, prit, fur fes Médailles , les
Noms & les Titres de fon Père adoptif 3 Imperator Ccefar Trajanus-Ha-
drianus, Optimus, Pius , f 'e l i x , Auguflus, Germanicus, Dackus,Parthicusj
c’eft-à-dire l’Empereur Céfar Trajan-Hadrien , très-Bon, Pieux, Heureux,
Germanique, Dacique, Panique ; noms & Titres qui tous appartenoient
à l’Empereur Trajan, a l’exception de celui d’Hadrien.
Un Fils Adoptif acquérait le droit de fuccéder à tous les biens, actions
& titres de fon nouveau Père, même a l’Empire , s’il avoit été adopté par
un Empereur ; & il ne pouvoit en, être privé que par une exhérédation
formelle de l ’Adoptant, foit par Teftament, foit par quelqu’autre A die
folemnel poftérieur à celui dé fon Adoption.
Nous avons deux Médailles de Trajan, &deux d’Hadrien, dont les revers
femblènt indiquer de quelle manière l’Empereur adoptoit un Prince pour
fon Fils & fon Succeffeur. Sur ces quatre Médaille’s , on voit deux Figures
debout qui fe donnent la main : toute la différence qu’il y a entre celles
de Trajan & celles d’Hadrien., ceft que dans les deux premières , Nerva
adoptant eft repréfenté avec une robe longue, que les Romains appelloient
la Toge , & Trajan Adoptif en habit militaire ; .& que dans les deux dernières,
les deux Princes ( Trajan qui adopte & Hadrien qui eft adopté )
font l’un & l’autre habillés de la Toge. La légende Adoptio, qu’on lit dans
l’Exergue d’une de ces dernières , ne laiffe aucune équivoque fur le fujet qui
a fait frapper cette Médaille. La repréfentation de deux de ees revers, qu’on
trouvera a la planche X X X I I I e. nos. 39. & 40., fuffira pour faire entendre
ce que l’on vient de dire.
S e c t i o î ï II.
D ’une autre forte d’Adoption, par laquelle les Empereurs SC les Impératrices
adoptoient certains Pays ou certaines Ville s, en les prenant fous leur
protection.
C e f t ici une autre efpèce d’Adoption , qu’on ne peut envifager que
comme une marque de bonté & de prédilection de quelques Princes &
Princeffes pour certaines Provinces ou certaines Villes, quils honoroient
d’une proteûion particulière & auxquelles ils accordoient plufieurs Privilèges
& Titres qui les diftinguoient des autres. Nous croyons devoir renvoyer
cette matière aux SeCtions V I e. & V IIe. où 1 on parlera des différons Bienfaits
que les Empereurs accordoient à leurs Sujets.