
le rapport de ces chofes à l’Agriculture, ils placoieiit les deux figures dottt
je parle, fur l’inftrument qui fert à nettoyer le bled ( un van ).
» C e t enfant chéri d’Ofiris & d’Ifis , & le Serpent qui y étoit jo int,, paf-
fèrent'd Egypte à Athènes, qui étoit une Colonie venue de Sais, & de-là
forent portés bien ailleurs. Telle eft vifiblement l ’origine de l’ufàge , fi
peu fenfe, qu avoient les Athéniens, faute d’entendre ces chofes, de placer
leurs enfons dans un van aulfi-tôt après leur naiflance , & de les .y coucher
fur des ferpens d or ; en quoi ils croyoient procurer un grand bien à cèS 'en-
fans , & foire pour eux, difoient-ils, ce que la Nourrice de Jupiter avoit
fait pour lu i, & ce que Minerve avoit fait pour Eriûhonius.
>> Ces figures d Horus, en paffont par les mains d’un Peuple dans celles
d’un autre, furent fans doute diverfifiées , félon les caprices de ceux qui
adopsoient ces cérémonies, & donnèrent lieu à bien des fables. Mais le
fens en étpit fimple dans la première origine ; & c’eft içi ce que nous recherchons.
La vérité de l’interprétation que nous venons de donner à la
figure d Horus, fe peut juftifier par le détail des diverfes formes qu’on lui
faifoit prendre , puifqu elles tendent toutes à exprimer quelques-unes des
operations annuelles du labourage , ou les obftacles qu’il a à furiiîonter,
ou les faveurs qu’il éprouve.
” Tantôt nous le voyons enfant fur les genoux de fa mère, parce que
1 homme n eft que foibleffe, & doit tout à la fécondité que la Providence
accorde pour lui a la terre j ce qui eft fpécialement caradtérifé par le cercle
quon voit fur la tete de la mère,& de l’enfitnt. Tantôt nousjft Voyons
devenu fo r t , & arme d une maffue qu Ofiris & Ifis lui mettent en main.
C e f t le Travail encouragé par le concours du Soleil & de la Terre à fe
délivrer des ennemis qui traverfent fes efforts. Peut-être étoit-ce l’oiiver-
ture d une chalïè dans un temps convenable & défigné par les attributs
des ^deux autres Symboles. C e t enfant paraît ailleurs avec les ailes des
difterens Vents qui le favorifent. Quelquefois fes ailes, c’e ft -à -d ir e , les
vents Etefiens lui manquent, & alors on lui voit faire une trifte chûte.
Quoique déjà grand, on le voit ailleurs les pieds & les mains engagés , &
comme emmaillottés , fans pouvoir faire aucun mouvement. Tout ce qu’il
peut faire alors, fe réduit a tenir une perche , une équerre , ou un compas
, & quelquefois une girouette ou un bâton terminé par une huppe ,
ou par quelqu autre avance propre a recevoir 1 imprelfion du v ent, pour
en defigner le cours. Le Laboureur, en effet, aptes avoir été fort occupé
en Egypte avant le débordement, foit à moiffonner, foit à battre le bled,
eft prefque oifif pendant le féjour des eaux fur la plaine. Il eft alors borné
a mefurer la profondeur des crues ; a obferver le retour du vent Méridional
-, j ai prefque dit le vol de la huppe ; & à préparer les inftrumens nécef-
faires pour mefurer & arpenter promptement les héritages que les dépôts
de limon auront rendu meconnoilïables j en forte qu’auifi-tôt ce partage
foit en diligence, on puiffe femer & herfer avec la charrue, ou n’employer
meme pour toute culture que le grouin des pourceaux, lâchés fur ce limon,
& ardens a le fouiller, pour trouver quelques racines dans le fol fabloneux
qui eft deffous.
” Souvent la tête d Horus fe trouve pofée fur le vafe qui repréfente l’état
du fleiive , & qu on nommoit Canope. O n voit fes mains fortant du
Vaiffeau , mais croifees, immobiles, & embarraftees par l’obftacle que
l’eau
l’eau lui caufe. L ’unique affaire qui doive l’occuper dans fon loifir forcé >
eft l’étude du cours de l’a ir , dont la qualité prolongera ou finira plutôt
fon ina&ion. S’il convenoit de lui mettre en main quelque attribut, ce
feroit celui du Vent. Aufli Une de fes mains tient-elle ordinairement une
pluîne d’épervier. B B B i _ . •
,, Mais fi nous avons les élémens de 1 Ecriture Egyptienne qui ont rap-
nort au labourage, écrivons nous-mêmes. Effayons de peindre dans le
oût Égyptien. Pour renfermer beaucoup de chofes dans un petit efpace,
^oùiffons du privilège de réunir dans un feul corps quelques^- unes des
parties détachées de plufieürs figures. Le concours de ces pièces ^pourra
être auffi fignificatif que fi nous les voyions toutes en entier. L ’abbréviation
en fera commode ; & quoiquë ces pièces naturellement n’aillent jamais
de compagnie, cette nouveauté ne fera que plus propre a rendre le 1 euple
■ attentif fur le fens quelle cache. ' > 1 ' 1 v ^ . .
Quelle inftru&ion , quelle affiche véut-on montrer a toute la Colonie
pour la mettre en état de fe fauver aux approches de l’inondation , & de
! femer enfuite à temps, pour moiffonner au mois de Mars ? To u t le necef-
’ fajre fe réduit à favoir fe précautionner pour la retraite au retour du vent
! Septentrional qui groffira bientôt la rivière, & à mefurer la profondeur des
crues pour .régler le, temps & la qualité du labour qui doit fuivre l’ecoule-
! ment* Mettons fur les épaules d’Horus une tête d’Épervier, & dans fa main
. une croix Dès-lors tout eft dit ; & cette Écriture fi courte n’eft pas de mon
„ invention, mais de la plus haute Antiquité, dans les Monumens de. la-
„ quelle on la trouve fréquemment. ,
,, Veut-on faire entendre au Peuplé Egyptien que le Signe du L ion ,
„ fous lequel la moiffon commence ailleurs , eft le temps du plus parfait
1 repos pour le Laboureur Égyptien? V eu t-o n lui foire entendre que la
» durée de fon inaétion eft depuis le fouffle des vents Etefiens & le lever
I de la Canicule, jufqua ce que le Soleil quitte le Signe de la Vierge ?
» Convertiffons le Signe du Lion en un lit de repos. Les pieds du lit ieront
=» des pieds de Lion ; le chevèt du lit fera une tête de Lion. Sur ce lit eten-
„ dons Horus emmaillotté, engourdi, ou tout-àu-plus levant la tete pour
I obferver le moment où il faudra fe lever. Plaçons fous ce lit trois Canopes,
» l’un terminé parla tête delà Canicule, le fécond par la tete ckHEpervier,
„ le troifième par la tête de la Vierge. O r cette peinture qui répond ffes-
» bien à la règle que les Égyptiens avoient grand foin d obferver-, eft precifé-
» ment celle qui fe trouve dans les Monumens. ~ . ,
» La même peinture fe trouve ailleurs augmentée d’un premiepMnope
». marquant le Vent du Sud-Printanier, qui devance le Vent Etefien &
». d’une grande figure d’Anubis qui donne à Horus, avec un gelte empia
.» tique , l’important avis de la retraite, en fe tournant vers Ifis, qui porte lur
fa tête un trône vuide , c’eft-à-dire, / en fe montrant devant 1 Aurore a,
l’Orient. On pourrait abréger cette Écriture , & fe contenter dé peindre
» une Ifis â tête d’Épervier, ou la Lune de Juillet ramenant le Vent Etelien
» & annonçant à Horus couché fur un L io n , la durée de fon entière mac-
». Mais c’eft être trop hardi que d’ofer davantage écrire en Egyptien ,
.» lorfque je ne fuis pas fur, à beaucoup près, d’y lavoir lire. Affermiffons-
». nous feulement dans cette leéfore, & effayons encore 1 application de nos