
« Les Orientaux, fuivant la Remarque de M. Hyde dans fon Traité de
» la Religion des Perfes, n’ont point connu les Gémeaux , ou les deux frères
,, Caftor & Pollux , dont les Grecs ont fait le troifième Signe du Zodiaque.
C e qui eft confirmé par le rapport d’Hérodote , qui nous apprend que
« les Égyptiens ne connoiffoient pas les Diofcures, ou les noms de ces deux
„ frères. C ’.étoient deux Chevreaux qui occupoient cette place dans 1 an-
« cienne Sphère , ou dans le Zodiaque des premiers temps. Pourquoi donc
donna-t on les noms duBelier, du Taureau, & des deux Chevreaux aux
„ trois Aftérifmes que le Soleil parcourt au Printemps ?
.. C ’eft un trait de la profonde Sageffe qui veille fur les befoins des
„ l’homme , q u e , pour faciliter la multiplication des troupeaux dont il
« tire fa principale fubfiftance, les mères fe trouvent communément pleines
„ fur ia fin de l’Automne. Par cette précaution, le repos de l’H iver eft
« utile à la mère & au petit. Si elle met bas durant la froide ^faïfon, le
» petit fe tient chaudement fous fa mère. Il fe dénoue enfuitè à l’aide du
„ Printemps, & fes membres délicats fe fortifient contre les chaleurs. Les
» premiers venus font les Agneaux. Enfuite nailfeht les Y eaux. Les Che-
•> vreaux viennent a (fez ordinairement les derniers. Par ce moyen, les
» Agneaux déjà forts peuvent fuivre le Bélier aux champs des le commen-
.» cernent des beaux jours. Les Veaux & les Chevreaux prennent l’air à
« leur tour , & groffiffent le troupeau. O n s apperçoit fans peine que
„ l’Antiquité a defigné le paffage du Soleil fous les trois Conftellations
.. du Printemps, en leur donnant les noms des trois animaux, dont il parole
„ fucceffivement de nouvelles troupes tout le long du Printemps ; & qui
» pouvant fe trafiquer, commencent à faire les richefles de la fociéte. Si
» on a mis deux Chevreaux au lieu d un , parmi les Signes Printanniers,
t, c’eft parce que la Chèvre produit communément deux petits plutôt
» qu’un , & a reçu pour fuffire à leur nourriture une abondance de lait
» proportionnée à fa fécondité.
» La furie du Lion pouvoir afTez bien marquer celle du Soleil, lorfquil
.. abandonne le Cancer. L a Fille ( ou la Vierge ) qui paraît à la fuite
» du Lion , portant une poignée d’épis, exprime fort naturellement la
» coupe des Moiffons qu’on achève alors de mettre bas. Il n étoit pas pof-
3» fible de mieux marquer l’égalité des jours & des nuits qu’amène le
• Soleil parvenu à l’Équinoxe , qu’en donnant aux Étoiles foUs lefquelles
il fe trouve alors , le nom de la Balance. Dans la Sphère des Grecs,
3) c’étoient les pattes ou les pinces du Scorpion qui donnaient leur nom
>j à cette partie du Ciel que nous appelions Balance. Il eft croyable que
» l’Occident, fous les premiers Empereurs Romains , prit- la Coutume de
33 donner le nom de Balance à l’Équinoxe d’Automne, pour fe conformer
33 à la pratique des Orientaux , dans les anciens Monumens defquels la
33 Balance fe trouve auffi fréquemment que les autres Signes du Zo-
33 diaque.
33 Les maladies d’A utomne, lors de la retraite du Soleil, ont été' carac-
33 tarifées par le Scorpion, qui traîne après lui fon dard & fon- véftin. La
33 chafTe que les Anciens donnoient aux bêtes féroces à là chûte des feuilles,
3» ne pouvoir être mieux marquée que par un homme armé d’un«! flèche ou
•• d’une mafliie. Le Verfeau a un rapport fénfible aux pluies de l’Hiver : Si
» les Poiffons liés ou pris au filet, marquoient la pêche qui eft excellence
•**s aux approches du Printemps.
„ Seroit-il poffible, après cette explication fi fimple de 1 origine des douze
Signes .Céleftes , de conjecturer vers, quel temps l’ufage de ces noms a
commencé ? L ’ordre que nous venons de voir dans ce qui fe palfe fur la
Terre durant le cours' de l’année, fe trouve allez de meme dans tout le
coeur de la Zone tempérée ; mais il change totalement vers les Tropiques,
ou fur les bords de la Torride. En Égypte, par exemple, les femailles
& la récolte fe font tout autrement, & dans d autres temps qu il n eft
d’ufawe dans les climats tempérés. A u lieu de femer en Septembre ou en
Oéfobre après avoir donné plufieurs labours pénibles aux terres qu’on
doit enfemencer, dans l’Égypte on fe contente en Novembre de jetter le
bled fur le limon que le Nil a laiffé dans les plaines, & de le couvrir,
en y traçant un fillon fans profondeur avec une charrue tres-legère. A u
lieu quelle bled, prefque par-tout ailleurs, eft fur^ terré neuf & dix
mois , quelquefois onze, avant que d’être moiffonne, en Égypte il ne
faut que quaire ou cinq mois pour receuillir fans frais SC fans travail la
moiffon la plus parfaite ÔC la plus abondante. To u t eft engrangé dans la
haute Égypte dès le mois de Mars ou au commencement d’A v r il, & un
peu plus tard dans l’Égypte inférieure. O r le Signe de la Vierge ou de
féui rou°iffant, qui cara&èrife la moiffon , fe rapporte aux mois d’A oût
& Septembre : l ’Août & la moiflon, dans bien des Provinces, fignifient
la même chofec C e n’eft donc pas en Égypte que les noms du Zodiaque
ont été inventés , puifqu ils expriment un ordre qui n eft pas. celui de^ cette
contrée. O n en trouve une nouvelle preuve dans le Verfeau qui defigne
les pluies & la triftefle de l’Hiver, au lieu que l’Égypte ne connoît prefque
point de pluies, & n’a pas une plus belle faifon que l’H iver. Cependant
lès Égyptiens, même les plus anciens, ont connu les Signes du Zodiaque.
Leurs Monumens, qu’on fait être de la plus haute^ Antiquité, font tout
couverts de figures, parmi lefquelles on trouve fréquemment lEcreviffe
& la Chèvre fauvage ; celles de la Balance & du Scorpion ; celles du Belier,
du Taureau, du Chevreau, du Lion, de la Vierge^, & les autres. Ils fai-
foient donc ufage des noms qui avoient été inventés avant que leur C o lonie
fût établie fur les bords du Nil ; & cette réflexion nous conduit
comme par la main jufques dans les plaines de Sennaar , d ou font foms
les Égyptiens & toutes les familles qui. ont repeuple la Terre. G eft parmi
les enfans de Noé réunis autour de Babel, qu il faut chercher le premier
ufage de la dénomination des Signes Céleftes ; & rien en effet n etoit m
plus néceffaire ni mieux imagine. A
33 Les travaux & la vie des hommes, lorfquils fe furent extrêmement
multipliés, ne purent fe régler que par l’exade connoiffance d u cours
du Soleil, & par la facilité des annonces de fes divers deplacemens. Un
partagea pour cet effet les Étoiles, fous lefquelles on le voyoit pa er &
repaffer, en douze portions égales, parce qu on avoit obferve qui! es
parcouroit une fois pendant que la Éune en faifoit environ douze ois e
tour. Ainfi toute la fuite des préparatifs & des operations qui dévoient
occuper la Société dans le cours d’une année entière, fut exprimée par
douze mots. Et fi l’ufage de ces douze mots Si des douze portions de
l’année qui y répondent a paffé à da plupart des Peuples, c e une nou
velle preuve qu’il provient comme eux tous , de la fource commune u
Voilà donc l’époque , les motifs, les Auteurs & 1 utilité de 1 invention