
quelquefois, faute de celles-là. , on en alloit ruer â la chaffe. Les viftimes
vivantes étoient, pour l'ordinaire, fort ornées de rubans & de bandelettes:
■ on leur doroit les cornes , & l’on mettoit fur leur tête des gâteaux , du fruit
de l’encens mâle. ■ _ 1
Cette fonction d’orner les victimes étoit un des devoirs des Sacrificateurs,
& on l’appelloit l’Immolation , Immolatio. Enfuite venoit la libation ; c’étoit
du vin doïit on prenait foi-même, & qu’on faifoit goûter aux Afhftans. Cette
libation n’étoit faite qu’avec de l’eau dans les temps & dans les pays où lè'
vin n’étoit point en ufage. Après la libation , on raifort une autre cérémonie
, qu’on appelloit Litare ; c’étoit l’immoladon réelle ; car ce que nous
venons d’appellcr Immolation, netoit qnune offrande antecedente, &c une
préparation à. celle-ci. Alors le Prêtre prenoit quelques poils entre les cornes
de la vidtime, les jettoit dans le feu , & , apres s’être tQurné du côté de
l’Orient, il ordonnoit aux Vidtimaires dégorger la victime. A peine étoit-
elle morte, que le Prêtre lui enfonçoit dans les entrailles le couteau facré,
pour voir fi le facrifice étoit heureux, & fi les Dieux feroient appaifes ; an
periitatum foret. Géraient-les Devins, chez les Grecs-, & les Ârufpices chez
les Romains , ou les Flammes avec le Prêtre qui examinoient les entrailjes,
E x ta , pour en drer l’Augure favorable. Le coeur, le foie , le poumon & la
rate faifoient les principaux objets de leur attention : c’eft de cette infpe&ion
des entrailles qu’eft venue la manière & le nom de Deviner ou d Augurer ,
-qu’on appella Extifpicium.
Quand on avoit tiré l’A ugure, alors les Viétimaires , les Popes, ceux
encore qu’on appelloit Hiclimaru , P opte, CuLtram , qui avoient reçu le fang
de la vidtime , le répandoient fur l’Autel : ils metroient ejifuite la vidtime
fur un autre Autel nommé AnclabriSj pour la découper; fi le facrifice n ctoit
point un holocaufte , on en brûioit une petite partie & l’on partageoit le
refte entre les Sacrificateurs , ou les Popes , & ceux qui offraient le facrifice.
Les Popes portoient leur part dans leurs maifons, qu on appelloit Popinoe,
-où ils en vendoient, de même que du vin : on alloit même chez eux boire &
manger , comme dans nos Auberges ; c’eft de-lâ que leur-eft venu- le nom
de Popuhr Souvent , & même pour l’ordinaire, ceux qui avoient fourni les
vidtimes employoient la part qui leur en venoit en feftins auprès des Autels,
avec les Prêtres & leurs amis. Ces repas, quoique religieux , étoient accompagnés
de joie ; on y chantoit, on y danfoit même au fon des inftrumens,
& fur-tout de la Flûte. Si le facrifice étoit un holocaufte , on Confumoit la
-vidtime toute entière fur l’Autel.
Pendant le facrifice, c’eft-à-dire , lorfqu’on égorgeoit la victime, & pendant
tout le temps quelle brûioit fur l’A u te l, lesAffiftams gardoient un profond
filence ; mais , dans l’intervalle de ces deux opérations , -on pouvoit
s’entretenir les uns avec -les autres; ce qui .avoir donné naiffance auProverbe,
Inter cæja <§C porredla.
Lorfque le -Prêtre alloit facrifier, un Héraut crioit deyant lu i, Hoc âge ;
c’eft-à-dire , Soyez uniquement attentif à:ce que vous allez faire. En Grece,
iorfqu’il approchoit de l’A u te l, il demandoit : Q.uipfiici ? ijy£ Afhftans
répondoient ; PLufieurs gens de bien. Alors le Prêtre pronon^oit la, formule :
Loin d’ici toutfcélérat\; ce que les Romains rendoient par ces mots,: 'Procul
efle profani. O n avoit ftir-tout grand foin d’en chaffer.les voleurs, les meurtriers
, & tous les gens de mauvaife vie ; mais cela netoit pas général, ;daps
.la Grèce, pour tous les facrifices. . - . ' / . .
r Les
, Les Pretres dévoient fe préparer au facrifice, particulièrement par la continence
pendant la nuit qui le précédoit, & par l’ablution ; c’eft à caufe de
cette fécondé préparation,qu’il y avoit de l’eau à l’entrée des Temples, principalement
quand il n y avoit pas quelque fleuve ou quelque fontaine dans
je voifinage. Les Pretres, aufh-bien que ceux qui faifoient offrir le facrifice,
& fouvent les Afhftans, portoient fur la tête des couronnes de branches ou
de feuilles d e .1 arbre qui etoit fpecialement confacré au Dieu en l’honneur
de qui étoit je facrifice : elles étoient de chêne pour Jupiter, de laurier, pour
Apollon, de pourpier blanc pour Hercule, de pampre pour Bacchus, de*
“ cyprèspour Pluton, &c.
4 ° .-Les facrifices avoient des noms différens : les uns fe tiraient du temps
& de l’heure où ils fe faifoient ; les autres de la qualité ou du nombre des
victimes ,, ou des diverfes productions qui en faifoient la matières : '
Les noms qu ils tiraient de l’heure ou du temps étoient relatifs au jour
ou à la nuit , au matin ou au foir ; car on offrait aux Dieux céleftes en plein
jour , & aux Dieux infernaux pendant la nuit. Les facrifices qu’on offrait
ja veille d’une Fête s'appelaient Proecidaneoe hoflioe ; on, nommoit auffi
Prxcidanea Porca , ceux de la Truie que l ’on offrait à Cérès avant, la-moif-
fon : ceux que l’on faifoit comme pour fuppléer à ceux de la veille des folem-,
nités, & comme pour expier la faute qu’on avoit commife en y manquant ,
s’appelloient Succidaneæ Hoflioe.
, Les,noms que les facrifices ou les victimes tiraient de leur qualité , ou dei
leur nombre, étoient d’abord ceux-ci ; Eximioe hoflioe , dénomination qui
leur venoit non de leur excellence , mais de l’adion qui les droit des trou-.
peaux ; eximebantur grege. . Quand on immoloit une Brebis avec deux
Agneaux, les facrifices étoient nommés Ambiguoe hoflioe. Les, victimes- dont
les entrailles étoient adhérentes, s’appelloient Harungoe, ou Harugoe ; celles-
qui.étoient continuées, Prodigoet, celles enfin qui avoient les dents plus élevées
que les autres, Bidentes.
Les facrifices qui étoient toujours accompagnés de libation , cérémonie
par laquelle on répandoit fur l’Autel du vin, ou quelqu’autre liqueur à l’honneur
des Dieux , ne fe faifoient pas toujours en immolant des . animaux :
fouvent on ne préfentoit que des fruits & des plantes, comme â Pomone &
a quelqu’autres Divinités ; fouvent auffi ce nfétoit que de la farine cuite ,
ou des .gâteaux de farine de bled ou d’orge, comme on l’a déjà dit. Les Grecs
en offraient dans tous leurs facrifices , de quelque nature qu’ils fuffent. Ho.-
mere nomme ces gâteaux , Euchichutas ; d’autres s’appelloient Popana, ou
Prothymiatnata ; . ceux-ci étoient principalement offerts â Efculape.- Une
autre forte de gâteaux étoit nommée Bos, parce qu’on y figurait les cornes du
Boeuf ; ils étoient pour Jupiter célefte , pour Apollon, Diane , Hécate & la
Lune. Il y en avoit d’autres qu’on nommoit MeLita, parce qu’ils étoiènt
pétris avec du miel ; d’autres étoient appellés Arifca, & d’autres Hygica : ces
derniers tiroient leur dénomination d’Hygée, Déeffe de la Santé.
A R om e , c étoit avec de la farine de bled & du fel que fe faifoient ces,
gateaux ; on les nommoit Ador , & les facrifices qu’on en faifoit, Ador.ea
facrificia. Suivant la Loi de Romulus , ces gâteaux dévoient être cuits au
four. Pour cet effet il inftitua la Fête appellee Fornacalia ; d’où vint dans
la fuite la Déefle Fornax.
. Enfin, outre les noms d’holocaufte, d’expiation & d’aétions de grâces ,
qu on doiinoic aux facrifices, il y en avoit encore quatre ou cinq autres prin-
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