
P R É F A C E .
L ’intérI t maintenant prefque généralement fenti de l’étude de la Botanique ; (on utilité
réelle relativement aux arts, à la médecine, & à l’économie domeftiqtie ; enfin , l’agrément
même que cette étude procure à ceux qui s’y livrent avec quelqu’aétivité, font que les ouvrages,
foit généraux, foit particuliers, qui traitent de cette belle partie de l’hiûoire naturelle,
le multiplient confidérablement tous les jours, quoiqu’ils foient déjà très - nombreux.
Aulli de tout ce qui a été fait jufqu’à préfent à ce fujet, il en eft réfulté pour la fcience
iméreflante dont il s’agit, des progrès qui ne font nullement douteux , & qui, fur-tout depuis
un demi-fiècle, ont été rapides & même confidérables.
' Cependant d’ une part l’étendue de chacune des parties de cette belle fcience, & de l’autre
l’immenfe quantité d’objets qu’elle comprend, font telles que de longtemps encore no*
çonnoilfances en ce genre n’atteindront, j’ofe le dire, la perfedibilité qu’elles font fufcepti-
blés d’acquérir.
En efiet, que de travaux nous refient à exécuter pour achever la jufle détermination
des caraâères diflinétifs des plantes, même de celles que nous regardons déjà comme connues
; parce qu’elles font mentionnées dans les ouvrages des Botanifies ! Que de recherches
& d’obfervations nous ferons encore obligés de faire fur ces mêmes plantes pour parvenir o
à fixer convenablement les genres qu’elles doivent compofer, & pour afiitrer la diftinâion
précife de toutes les efpèces qu’elles condiment ! Quoiqu’on ait beaucoup fait à cet égard,
on efi encore bien éloigné d’avoir fait tout ce qu’il efi efientiel de faire pour la parfaite
connoifiimce Botanique des plantes déjà obfervées. En effet, plus j’étends mes recherches
fous ce point de v u e , plus j’ai occafion de me convaincre chaque jour du fondement de
ce que je viens d’avancer, même à l’égard des plantes d’Europe qui font les mieux & les
plus anciennement connues.
Cependant les végétaux déjà obfervés ne font peut-être pas encore la moitié du nombre
de ceux qui exiftent à la furface du g lob e, fur la terre & dans les eaux. L ’Europe, feule à
cet égard, commence à la vérité à être aftez connue ; mais l’iiitérieur des trois autres •partie*
du monde , & en général la plupart des Mes éloignées de l’Europe récelent fans doute des
milliers de plantes entièrement inconnues aux Botanifies. J’ai vu des herbiers faits depuis
peu à Madagafcar, dont prefque tous les objets étoient nouveaux.
Ces confidéraiions prouvent combien il relie encore à faire pour perfectionner nos con-
noiflances fur les végétaux qui exiftent j pour déterminer avec precifton la diltindron bien
tranchée des genres qu’il faut établir, & des efpèces qui font dans la nature j pour indiquer .
les rapports prochains ou éloignés que les différens végétaux ont entr’ eux , ce qui intérefte
fortement le naturalifte; enfin, pour en donner line notion exade, relativement à l’hiflo/re
de leur découverte, au lieu qu’ils habitent, au climat qui leur convient, au fol qui leur
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