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férié de fes produdions doit être liée & nuancée:
dans toute fon étendue. O r , cette feule confidé-
ration anéantit la poflïbilité de trouver la totalité
des productions de la nature divifée par elle en
quantité de grouppes particuliers bien détachés les
uns des autres, tels que doivent être les genres ;
car les limites de chacun de ces grouppes feroient
précifément les fauts qu'on reconnoît que la nature
ne fait pas. Ce feroit la même chofe , ou pis
encore, fi l’on attribuoit auffi à la nature les autres
fortes de divifions dont les méthodes & les fyftêmes
de Botanique offrent néceflairement des exemples.
On. comioîr, il eft vrai, un allez grand nom
bre dé genres nombreux en efpèces, Sc qui pa-
.roiflenr d’autant plus naturels , 'qu’on les voit
très-détachés les uns des autres par des caradères
qui leur font propres ; mais le nombre des genres
qui font dans ce cas diminue tous les jours, parce
que les nouvelles plantes, que l’on découvre continuellement
dans diverfes parties du globe, effacent
par leurs caradères mi partis les limites tranchées
des genres dont il eft qùeftion ; & comme
il eft vraifemblable qu'il refte encore beaucoup de
plantes à découvrir , il eft très poflïble que les
interruptions encore nombreufes que l’on remarque
dans les végétaux rangés félon l’ordre de leurs
rapports , sevanouiflent fucceftîvement dans leur
totalité, de manière qu’on ne pu-fle plus en dif-
tinguer d'autres que celles qui couftituent très-
naturellement les. limites des efpèces entrelles.
En attribuant les genres à la nature, Linné fe
trotvvoit excufable dans l’arbitraire, dont il s’eft
fouvent fervi en les établilfant, & dans les exceptions
nombreufes au caradete effentiel, dont un
grand nombre de fes genres offrent des exemples.
Ce moyen enfin l’autorifoic à vouloir faire adopter
quantité d’alfemblages inconvenables qa’il a formés.
Relativement â l’arbitraire dont nous venons de
parler, nous .citerons feulement en exemples, les
genres genijla, Jpartium 6c cytifus qu'il a établis.
Ssus ces trois noms génétiques, Linné a expofé
des caradères propres à chacun d’eux, & enfuite
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il a rapporté très-arbitrairement à chacun de ces
genres, des efpèces qui tantôt n’ont pas le caractère
generique énoncé, 5c tantôc ont en même-
temps celui de 1 un des deux autres genres. Ses af.
palathus,,. borbonia , & fes liparia qu’il a eû foin
d’écarter beaucoup des deux premiers f comme il
a fait, a 1 égard de fes cytifus qu’il a éloignés de fes
fpartiiim ) , fout dans le même cas. Vida Sc ervum,
pifitm Sc lathyrus, ajlagalus & phaca, arabis Sc
turritis , thlafpi Sc kpiiium, lyshnis Sc agrojlema ,
mentha Sc faturda, leontodon Sc hieracium, bac-
charis. Sc cony\a, juJHcia Sc dianthera, bidens &
fpilanthus, &c. Sec. , font des exemples de genres
fans détermination ptécife, ou fans diftinéfion fondée
: genres auxquels on a rapporté arbitrairement
des efpèces, Sc qu’on admet alfez généralement
fur l'autorité de Linné.
Si je voulois confidérer feulement les ombelli-
fères , combien je trouverois d’efpèces rapportées
arbitrairement ( je ne dis pas par erreur, mais je
dis arbitraiiement & avec connoilfancede la chofe )
à des genres donc elles n’ont point le caractère effentiel!
Combien de tordylium font de véritables
caucalis ! Combien d'athamanta font peu différens
des felinum ! Le genre entier peuceianum n’eft distingué
dés felinum que par le nom & l’habitude,
à moins qu’oii n’emploie pour caradère la couleur
jaunâtre des 'pétales. Divers ligufiiaim font des
angelica ; quelques angeliça font des imperatoria ,-
le phcllandrium eft un oenanihe ■ Vcegopodium un
pimpinella, le carum un fefeli • divers daucus font
àts ammi, Sic. Scc. Un coup d’oeil femblable fur
chacune des autres ramilles pourroit nous mener
fort loin ; ainfi paffons d des confédérations d’un
aurre ordre.
Détermination des genres. .
Le caradere naturel d’un genre, ce que nous
nommons caradère générique dans notre Diélion-
Iiaire, doit allurémenc potier fur la confidération
de la fleur & du fruit ; & il convient pour l’exprimer,
de préfenter dans un ordre méthodique,
comme Linné 1 a fa i t , 1 expofition du catadète
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de chacune des fix parties fuivantes de la ftudifi-
caûon-, qui fonde calice, la corolle, 1 es-étamines,
le pif i l , \e péricarpe & la femence ; pourvu qu’on
n’entre point dans des détails trop précis , fur les
■ proportions de grandeur Sc de forme ainfi que fut
les direâions de ces fix par.ios; parce quelles fe
trouvent très-rarement les mêmes dans toutes les
efpèces d’an même genre.
Mais à ce caradère générique ou naturel3 il eft
abfolument néceffaire de joindre un caradère ef-
■ feniiel ou diftindif du genre. Or, ce caradère dif-
tindif que Linné a employé le premier dans fon
fyfiema nature> qui fe retrouve dans le Jyfiema plan-
tarum de Reichard, dans 1 e Jyfiema vegetabïlium
de M. Murrai, 8c que Linné fils a nommé caractère
effentiel, doit être fore abrégé, & ne porter
que fur un petit nombre de confédérations. De
cette manière il fera comparable avec les caradères
effentiels ou diftindifs des autres genres , 8c tous les
genres mieux détachés les uns des autres par ce
moyen, feront mieux connus, 8c pourront fe fixer
plus aifément dans la mémoire.
Quant à ce qui concerne le choix des parties
propres à fournir les caradères effentiels ou diftindifs
des genres, Linné préténd qu’on ne doit
jamais tirer ces caradères que de la confidération
de quelques • unes des parties de la frudification.
Nous fommes tout-à faic dans la même opinion ,
s’il eft vrai que la chofe foit toujours praticable ;
mais dans le cas où elle ne le feroit pas, c’eft-à-
dîre dans ceux où ce moyen fe trouveroit abfolu-
ment infuffifanr , nous ne voyons pas bien clairement
l’inconvénient qui réfulteroit de tirer des
difiindions génériques fecondaires bien tranchées,
de quelques parties du porc, lorfque la férié dans
laquelle on auroit des divifions génériques à tracer
, feroit préalablement difpofée dans l ’ordre des
rapports les plus naturels ^ & que les lignes de fé-
parations que l’on établiroic ne déplaceraient point
les plantes déjà rapprochées par la confidération de
leurs plus grands rapports.
Pans les familles qu’on regarde comme les plus
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naturelles , & qui ne font que de grandes portions
non interrompues de la férié des végétaux, telles
que les labiées, les crucifères, les ombellifères ,
les légumineufes, les graminées, 8c c. On poffèdede
grandes quantités d’efpèces qui ont routes à peu près
la même fructification. Or, établir parmi ces grandes
quantités d’efpèces des divifions génériques, en un
mot, des lignes de féparation dont les caradères
diftindifs feroient pris uniquement de la frudifica-
tion, laquelle offre dans ces plantes très-peu de
différences à faifir j c’eft s’expofer à n’avoir pour
caradère générique diftindif, que des remarques
minutieufes, fouvent trompeuses, communément
très-peu reconnoiffables , 8c nullement dignes d’inf-
pirer de l’intérêt pour une fcience qui cependant,
en peut offrir par-tour. En effer, quel cas peut-on
faire des caradères génériques diftindifs des leonu-
rus 8c des fiachys de Linnc , dans les labiées ; de
fes alyjfum, dans les crucifères; de fesJifon 8c de
fon agopodium, dans les ombellifères ; de fon co-
marum, dans les jrofucées ; de fes glycine, afehino-
mene, indigofera, 8c ebenus, dans les légumineu-
fesj de fes prenanthes , dans les chicoracées j de fes
cnicus 8c fi&hdïna, dans les cynarocéphales; de fes
erigeron , inula , cineraria , matricaria , filago ,
&c. , dans les corymbifères ; de fes limolorum 8c
epidendrum dans les orquides; de fes tragiaaca-
lypha croton, 8c jatropha, dans les euphorbes ;
de fes valanda , dans les rubiacées j de fes milium,
agrofiis , fefiuca , poa , uniola , dans les grami-
néès, 8cc. Scc.
Pour fe tirer d’embarras dans la gêne où le
metroic fon principe de ne prendre conftammenc
que dans les parties de la fructification , fes caractères
génériques diftindifs ; principes qui, dans ce
qu'on nomme familles très - naturelles 3 le forcoienc
à n’admectre pour caradères de fes genres, que la
citation de particularités minutieufes, trompeufes,
Sc le plus fouvent fujettes à quantité d’exceptions,
Linné imagina d’établir un autre principe affèz
fingulier; favoir, que c’eft le genre qui conftitue
le caradère, 8c non pas le caradère qui fàir le
genre. ( Scias charaffierem non conjhtuere genus ,