rable que celle de leur pays natal, et parce qu’ils y conservent plus longtemps
les variétés de foliation qui caractérisent leur adolescence «.
Pour éclaircir mes doutes, j’ai semé et cultivé pendant mon séjour en
Amérique, toutes les espèces que j’ai eu occasion d’observer et de recueillir
, et dès la deuxième année, j’ai eu la satisfaction de reconnaître toutes
les variétés qui, lorsque je parcourais les forêts, m’avaient causé tant
d’incertitudes. En suivant avec attention et assiduité les variations que
certaines espèces éprouvent, jusqu’à ce qu’elles soient parvenues à l’âge
adulte , j’ai reconnu dans les plus jeunes individus, l’empreinte et le type
de leur espèce. C’est ainsi que je suis parvenu à reconnaître les rapports
qui existent entre elles. Pour en faire le rapprochement, j’ai profité des
moyens que la nature elle-même semblait me fournir ; mais s i, d’un côté,
l’observateur qui suit la marche de la nature, parvient, par le rapprochement
des espèces, à les lier entre elles, d’un autre côté il se trouve très-
embarrassé lorsqu’il s’agit de déterminer chaque espèce, et de lui
assigner des caractères propres et différentiels.
J’ai cherché à disposer les différentes espèces de Chêne d’Amérique,
suivant une série naturelle. Pour y parvenir, j’ai pensé d’abord que les
parties de la fructification me fourniraient des caractères propres à établir
cette série; aucune ne m’en a offert les moyens, et je n’y ai trouvé que
des distinctions de peu d’importance, telles que l’attache des fleurs femelles,
tantôt presque sessiles, tantôt pédonculées; la grosseur des fruits,
leurs différentes époques de maturité, etc. Il ne m’a pas été possible non
plus d’établir une distinction suffisante, d’après la structure de la cupule.
J’ai donG porté mes observations sur les feuilles; elles m’ont offert des
distinctions plus frappantes, et je m’en suis servi pour établir deux sections
dans ce genre. La première renferme les espèces à feuilles mutiques , c’est-
à-dire , dépourvues de pointes sétacées ; j’ai rangé dans la seconde celles à
feuilles, dont le sommet 3 ou les découpures3 sont terminées par une soie.
L ’intervalle de temps qui s’écoule entre l’apparition de la fleur et la
maturité du fruit, n’est pas le même dans toutes les espèces de Chêne ;
ce terme de la fructification que j’ai présenté d’abord comme insuffisant
pour établir les deux sections principales, m’a paru néanmoins assez important
, pour l’admettre comme caractère secondaire.
Il est bien reconnu que toutes les espèces de Chêne sont monoïques,
1 Plusieurs des figures données par Du R o i, et celle de Plucknet, pl. u v , fig. 5, représentent
des Chênes qui n’avaient point acquis l’état de perfection que donne l’âge adulte.
I N T R O D U C T I O N . 7
et que dans le Chêne rouvre ( Quercus robur. L in n . ) et dans plusieurs
autres espèces, les fleurs mâles sont situées sur les jeunes rameaux qui
naissent au printemps, et que les fleurs femelles sont disposées sur ces
mêmes rameaux au-dessus des fleurs mâles. On sait aussi que les unes et
les autres sont axillaires ; qu’immédiatement après la fécondation, les fleurs
mâles se fanent et tombent, tandis que les fleurs femelles continuent
leur accroissement, et parviennent, dans le cours de la même année, au
terme de la fructification. C ’est-là la marche ordinaire de la nature ; mais
il n’en est pas de rnême à l’égard de plusieurs espèces de ce genre, dans
lesquelles les fleurs femelles, que l’on voit paraître au printemps, restent
un an entier sans accroissement. Il est à présumer qu’elles ne sont pas
fécondées dès la première année, puisque ce n’est qu’après le deuxième
printemps qu’elles augmentent de grosseur et parviennent à maturité. Il y
a donc un intervalle de dix-huit mois depuis l’apparition de la fleur jusqu’au
temps de la maturité du fruit. Ces considérations m’ont fourni deux
divisions secondaires ; l’une comprend les espèces que j’appelle à fructification
annuelle 3 c’est-à-dire, auxquelles l’intervalle ordinaire de six
mois suffit, pour arriver au terme de la maturité du fruit ; l’autre renferme
les espèces dont la fructification est bisannuelle 3 c’est-à-dire, dont le
fruit ne mûrit qu’au bout dé dix-huit mois. Il faut remarquer que ,
lorsque la fructification est annuelle , elle reste toujours axillaire , tandis
que, dans les espèces où elle est bisannuelle, elle ne l’est que pendant la
première année ; mais à la deuxième, et lorsque les feuilles tombent, elle
se trouve nécessairement isolée. Clusius en a fait la remarque à l’égard
du Quercus cerris. L in n -. , dont la fructification est bisannuelle ; il s’exprime
en ces termes : <£ Flores racematim compactos ut Quercus 3 è qui-
» bus uti nec in Quercu nascuntur caliculi 3 sed il brevi crassoque
» pedículo annotinis ramulis adhoerent 3 non in foliorum alis 3 omnino
» hispidi 3 etc. » Clus. rar. pl. Hist. pag. 20.
Il faut excepter ceux dont la fructification, quoique bisannuelle , reste
toujours axillaire, parce que les feuilles ne tombent pas , tels que le
Quercus coccifera. L i n n . , et le Q. virens. A i t . J’observerai aussi que,
dans l’ancien continent, on trouve des Chênes à fructification bisannuelle,
tels sont le Quercus■ cerris3 Q. oegylops3 Q. coccifera3 L i n n . , Q.
pseudosuber 3 Desf. , etc.