2 A V E R T I S S E M E N T ,
sciences, qui, hors de l’Europe, ont contribué à ma
conservation et aux succès de mes travaux.
Ce résumé de mes voyages botaniques paraîtra avec
la Flore de I Amérique.
K H H i
I N TRODUCT ION.
J e ne remonterai pas à des époques reculées, pour apprécier l’utilité du
Chêne, et discuter avec les anciens Auteurs, s’il est vrai que les hommes
du premier âge aient vécu du gland de cet arbre. Il est vraisemblable
que le mot Gland était un nom générique applicable à divers fruits. Les
Arabes nommaient Tamar celui du Dattier, et ils ajoutaient à ce mot
un nom spécifique, lorsqu’ils voulaient désigner un fruit d’une nature
différente 3 ainsi le Tamarin , ou Tamarind, était appelé Tamar-Hendi,
Dattier de l’Inde, etc.
Les Grecs se servaient du m o t ( B a l a n o s ) pour désigner la datte,
la châtaigne, le gland de Chêne et plusieurs autres fruits 3 et les mercenaires
employés à la récolte du gland étaient appelés vb*a«f/itt»i ( Bala-
nistes ) , aussi bien que ceux qui recueillaient les dattes. Les Latins employaient
aussi le mot Glans comme nom générique, et la datte se nommait
Glansphoenicea 3 la châtaigne, Glanssardiana, le fruit du Noyer, Joyis
glans ou Juglans s etc.
Enfin, les Gaulois ont nommé indistinctement gland de Chêne, de
Hêtre, de Châtaignier, le fruit de ces arbres. Il est donc à présumer que
sous la dénomination générique de Gland } les dattes, les châtaignes, etc.
ont été autrefois, comme aujourd’hui, préférablement au fruit du Chêne,
l’aliment de plusieurs nations. Plutarque nomme les Arcadiens "b
( Balanephages ) , et dit que ces peuples étaient réputés invincibles,
parce qu’ils faisaient leur principale nourriture de glands. Sans recourir
à l’histoire ancienne , je ne nierai pas non plus que le fruit du Chêne ne
fût mangeable 3 il est constant que dans toutes les villes de la Morée et
de l’Asie mineure, on vend encore aujourd’hui dans les marchés une
espèce de gland de Chêne bon à manger 3 le Naturaliste Olivier, qui, tout
récemment, a visité ces mêmes contrées, a vérifié ce fait ainsi que moi.
C’est à Bagdad que j’ai mangé les meilleurs glands qui croissent dans la
Mésopotamie et le Curdistan : ils sont gros et longs comme le doigt. J’ai
aussi goûté de ceux qu’on mange en Espagne, et ils m’ont paru assez
doux. Le professeur Desfontaines fait aussi mention, dans les Mémoires
de l’Académie des Sciences, d’un gland de Chêne bon à manger ( Quercus
ballota) 3 mais mon but est de parler de l’utilité du Chêne chez les peuples
de notre âge, et de faire connaître les différentes espèces que j’ai observées
dans l’Amérique Septentrionale.