fo r t , qui est dans la meilleure harmonie avec une quantité de nations indiennes, que
nous en devons la découverte.
Ces Indiens s’entortillent sous le prépuce un long j i l de coton, qu’ils ne détachent
presque jamais, pas même pendant l’action du coït, . et auquel s attache très naturellement
d’autant plus de smegme (sébum), qu’ils ont le prépuce fort long, et ne se
lavent jamais, ce qui ne peut manquer d’imbiber le coton de cette matière forte et
caustique. Mordus par un serpent, ils portent de suite le doigt sous le prepuce, prennent
autant de cette matière, qu’il fau t, pour être faiblement appliquée sur les plaies,
détachent ensuite le fil de coton, et le nouent un peu au dessus de la partie mordue.
Au moyen de ce remède, il ne resuite qu’une légère enflure de la morsure du serpent
le plus vénimeux. Ce moyen semble produire son effet par la vertu ammoniacale de
ce sébum, car des colons brésiliens ont une coutume semblable, lorsque, piques par des
abeilles, guêpes, grandes fourmis etc., en se retirant chez eux, mettent leur doigt
en certaine partie du corps féminin, et guérissent par cette singulière pratique.
M r . J e r om e s’est assuré par lui même, que ces Indiens portent effectivement
le f i l de coton, dont U, vient d’être question, sous le prépuce; ils lui ont confirmé
l’emploi, qu’ils en faisoient en présence de M r s . T r in c h a r d et L a f f o n de la Nouvelle-
Orléans, qui l’accompagnèrent dans un petit voyage, qu’il fit à la riviere aux perles,
et s’il avoit été possible de se. procurer un crotale, les Indiens auraient, sans balancer,
fait une expérience sur eux mêmes, mais il étoit au commencement du mois de Mars,
et, quoique la Louisiane soit riche en reptiles de plusieurs espèces, l’on n’a pas pu s’en
procurer à cette époque.
Les Indiens du Brésil conservent des morceaux d’os, probablement de cornes
de cerf, qu’ils calcinent et imbibent dans la liqueur musquée, exprimée des testicules
du Crocodile ( J a c a r é ) . Ces morceaux très spongieux appliqués sur la plaie, s'y
fixent comme une ventouse ; et paraissent en faire aspirer entièrement le venin. Les Indiens
emploient également les testicules musqués de J a ca r é contre les maladies d’oreilles
et les fièvres nerveuses. Nos savants naturalistes ont raporté en grande quantité la racine
d’une plante, décrite par M r . de M a r t iu s ; sous le nom d e 'C h io c o c c a an-
g u i fu g a »_), dont on boit l’infusion, et avec laquelle on baigne aussi la partie
mordue'par les serpents vénimeux. I l serait bien étonnant que cette plante ait du
rapport avec celle, dont il va être question dans l’anecdote suivante. Mr. S o l l ie r ,
négociant à New-York, voyageant pendant l’année 1817 ou 1818 dans la province de *)
* ) Specimen Mat. Medic. Brasil. Dissert. II. D e n k s c h r i f t e n de r M ü n c h n e r A k ad em ie 1823.
C a r r a c a s , raconta qu'un habitant du pays, ayant vu une perruche se battre avec
un serpent vénimeux, voler de temps a autre, vers une plante, dont il machoit
l'herbe, avant de revenir au. combat, et enjin tuer le serpent, eut la curiosité de cueillir
de cette herbe, et de la rapporter à C a r ra ca s .
Cette anecdote nous paraît peu vraisemblable, cependant des essais avec cette
herbe furent faits sur des animaux, qui résistèrent à la morsure des serpents les
plus vénimeux, et peu apres Von s’avisa innoculer avec le suc de celle-çi les Nègres,
obligés de travailler a la campagne, et cette operation suffit pour les garantir
pendant une annee entière. L ’on prétend que cette plante a tant d’empire sur l animal,
qu’une personne, qui s’en a seulement frotté les mains, puisse prendre impunément
dans sa main le serpent le plus vénimeux, et l’engourdir de telle maniéré,
qu’on le croit expiré.
Tous ces moyens semblent tenir .du prodige, mais il n'en est pas moins vrai
quen Afrique comme en Amérique, les nations indigènes possèdent des secrets véritablement
efficaces contre la morsure des serpents vénimeux. Quoiqu'il en soit, nous devons
toujours recommander comme moyen le plus sur et le plu§ avéré, le suivant:
faire, s’il est possible, suçer la plaie, la frotter avec du sable, la brûler, ounïémela
couper, y appliquer ensuite l’Alcali volatil, et prendre des tisanes, pour exciter la transpiration
; mais, même malgré le succès reconnu de cette méthode que nos naturalistes
appliquaient a l’un de leurs conducteurs, mordu par un crotale, en allant chercher leurs
montures et bêtes de somme dans un pâturage voisin, il n’en est pas moins vrai que ce
malheureux n’a survécu que vingt quatre heures a sa morsure. Probablement que
ces moyens avoient été employée trop tardivement.
Les crotales sont assez répandus dans l'Amérique méridionale, et M r . de
H um b o ld t en a trouvé a l ’ O r éno que, a la riviere des A m a z o n e s , dans le
royaume de la N o u v e l l e - G r e n a d e et au P é r o u , dans toutes les régions équinoxiales,
dont la hauteur au-dessus du niveau de la mer n’excède pas trois ou
quatre cents toises, et où la température moyenne de l’air s’élève de 20 à 25 degrés
centésimaux.
L ’espèce de crotale, que je vais décrire, a beaucoup de ressemblance avec celui
a lo sa n g e s de M r . D a u d in , mais il s’en distingue néanmoins par des lignes
foncées, qu’il a sur les côtés de son tronc brunâtre, et qui, étant une prolongation de$ côtés