laquelle elle trouve du lait, du beurre ou queïqu’autre substance grasse, qu’elle mange
et boit de suite, qu’elle puisse se faire suçer ses plaies, y appliquer ensuite-des^ caustiques,
de îa poudre à canon, du sel ou enfin du tabac mâché et imprègne de salive,
prendre ensuite des tisanes sudorifiques, elle peut esperer de guérir, et meme de bien
guérir, ce que est assez rare, car en général toutes les personnes mordues par des
crotales, qui sauvent quelquefois leur vie, (lorsque la morsure n’a pas atteint de
veir.e), languissent pendant toute leur vie. M r . J e r om e nous a raconté avoir
vu un homme, mordu par une espèce du genre des crotales, trainer une vie mise-
r'able, ayant. continuellement au pied très enflé, auquel il avoit ete mordu,> une plaie
maligne, qui étoit ouverte depuis plus de quatorze ans, ayant un teint jaune et abattu,
et une insouciance peu ordinaire, engènéral, étant un individu presque anéanti. Ils appeloit
Sm i th et habitoit lesbords de la rivière de B ig G uy an d o t te en Virginie,’ dans le
comté de C a b b e l. — Son fils y demeure encore.
Je dois ajouter d’autant plus de fo i aux narrations de Mr. J e r om e , que nos naturalistes,
eux mêmes, firent l’expérience, que dans les climats méridionaux, la moindre
égratignure devient très dangereuse, et même mortelle. Que Ion se pique, par exemple,
avec l’épine de l ’ A c a c ia ou du F é v ie r de la Louisiane, cela aura des suites
terribles ; il en résultera même quelquefois le tétanos, et cependant la Louisiane n’est pas
encore le Brésil. Lesmorsures delà Scolopendre mordante (S c o lo p en d ra m o r s î ta n s ) ,
où de l’araignée aviculaire (M y g a le a v icu l a r i a ) , ont des suites affreuses. Mr. de S p ix
fu t mordu de l’une et de Vautre, une fois en endossant son manteau, Vautre, en soulevant
l’écorce d’un arbre. Il employa contre la morsure de la scolopendre l’Alcali volatil avec
beaucoup de succès, et contre celle-de Varaignée, le feu , car il eut la constance d y exposer
le pouce de sa main droite, qui avoit été mordu, jusqu a çe que la chair fut-, pour ainsi
dire, rôtie. Des expériences de ce genre renièrent nos hazardeux naturalistes plus précautionneux.
Jls eurent soin de porter des bottes et même des vestes de cuir de cerf tanné, et
nous devons certes leur savoir gré de cette précaution, puisqu’elle a ramené saines et
sauves leurs personnes, et enrichi notre musée des trésors qu’ils ont rapporté.
Plusieurs auteurs ont énuméré les remèdes que Von employé,' et qu’on peut employer
avec succès contre la morsure des crotales. La Laitue sauvage ( L a c tu e a v i-
ro sa L .) , le Mungos ( O p h io rh iza M u n g o s L.) ,la Serpentaire de Virginie (P o ly g a la
Senega L.), le r a t t le -s n a h e ro o t des Anglo-Américains, et un nombre d’autres simples,
qui tous ont■ des vertus sudorifiques, s’emploient avec plus ou moins de-succès;■
mais, il est pourtant bien Certain que tes Jndiens seuls possèdent depuis long temps
le véritable secret contre la morsure de cet affreux animal. Voici une anecdote qui
semble confirmer ce que M r . J e r om e a eu la bonté de nous raconter.
L ’an 1790 une colonie de Français, s’étant établie sur la rive droite dé
l ’ O h io , y fonda la petite ville de G a l l ip o lis , existante encore aujourdhui. Pendant
que plusieurs d’entr’eux s’occupaient a défricher un morceau de terrein, ils apper--
çurent un crotale., qui leur inspira beaucoup de terreur. Un Jndien de la nation
des I l l in o i s , qui les vit travailler, alla droit vers le serpent, le prit, en ayant
toutefois la précaution de le tenir près de la nuque. Jl dit aux Français qui travaillaient,
que s'ils consentaient à lui donner un verre de Whiskey ( Ëau de vie de
M a is ) , il se ferait mordre a V orteil. Son désir fu t accompli; VIndien se fit mordre
en présence de plusieurs témoins, alors il s’absenta pendant une minute Ou deux,
pour appliquer son remède, et vint retrouver sa société. Certain de l’efficacité de
son remède, il demanda un second verre de Whiskey, en promettant dé se faire
mordre le pouce de la main gauche, ce qu’il exécuta, en répétant ce qu’il avoit fait
la première fois. Presqu’ absolument ivre, VJndien insista pour qu’on lui donne un
troisième verre de Whiskey, et promit de se faire mordre la langue. A peine
eut il mis en exécution cet affreux dessein, qu’il paya de la vie sa témérité. Les
habitans de G a l l ip o lis ne purent apprendre ce qu’il avoit employé.
Un habitant de la Louisiane, très digne de fo i, qui a fait beaucoup d'observati-
ons sur les reptiles de la basse Louisiane, M r . L a f f o n , Ingénieur-en Chef de cette
province, a raconté en 1820 a M r . J e r om e l’anecdote suivante: un de mes Nègres,
qui travaillait dans ma plantation de coton, au Chef menteur, entre le Lac B o rg n e et
le Lac P o n t c h a r t r a in , sautant un jour a travers d’un fossé, fu t mordu au dessus
du talon par un crotale, qui, étant resté accroché, fu t entrainé a plus de vingt pas
par le Nègre. Ses camarades l’ayant débarassé du serpent, le forcèrent de s’évacuer;
ils appliquèrent de suite ses excrémens sur la plaie, laissèrent un peu de repos au malade,
qui épro.uvoit de légères défaillances, et une heure après le Nègre retourna à son travail.
Jamais il ne s’est ressenti de cette morsure.
Les Jndiens C h a c ta s , les N a t c h e z et quelques autres nations, maintenant vagabondes,
qui parcourent la Louisiane et se campent souvent dans les forêts de
Cyprès et de Magnolies de la Nouvelle-Orléans, emploient un moyen contre la morsure
de tous les serpents vénimeux, qui est assez singulier. Cest au même M r . L a f -