chauds et humides des forêts, ils attendent leur victime avec confiance» Une fois at-
teinte de leurs dents mortelles, elle ne tarde pas à périr et à servir de proie a ce
dangereux reptile. Ses crochets sont, presque généralement, fo rt courbés et souvent
très multipliés, ce qui devient d’autant plus funeste à l’individu mordu, que les morsures
occasionnent un plus grand nombre de plaies.
Malheur au voyageur qui ravi de toutes les richesses, qu'une nature enchanteresse
déploie autour de lui, se promène dans ces forêts délicieuses, peuplées d’une variété
immense d’arbres gigantesques, foule a ses pieds des tapis de verdure, enrichis
de mille fleurs odoriférantes, qui parfument l’air et enivrent ses sens; qui élevant sa
vue vers la voûte céleste, la porte sur des oiseaux d’un plumage magnifique dont ïl
admire le singulier ramage; qui ailleurs remarque des essaims d'insectes cent fois
variés, se confondant dans leur vol folâtre, et offrent à ses yeux déjà frappés d’étonnement,
un spectacle nouveau; les rayons du soleil, en les faisant ressembler a
autant de pierres précieuses, rélevent encore l’éclat de leurs cojuleurs déjà si multipliées;—
malheur, dis-je, à l’impatient et zélé naturaliste, qui traverse des mers pour enrichir les
seiences de ses observations, lorsqu’assis à l’ombre d’un arbre, aussi ancien que les siècles,
couronné de fleurs magnifiques, telles que P a u l l in ie s , O r ch id e s , G o u e t s , B ro -
m e lie s et maintes autres, sert de tuteur à des lianes communes à divers arbres, qu’elles
semblent réunir par leur formation de berceaux, servent d’échelles pour monter a leur
sommet élevé, et qui nourrissent en même temps sur leurs troncs un nombre infini
de végétaux, il étend sa main pour cueillir une fleur qui se trouve près d’elle, se
sent tout à coup atteint de la morsure d’un Trigonocéphale qu’il à dérangé dans sa
quiétude; — un poison mortel coule dans ses veines, décompose son sang et son être,,
et le fait périr d’üne mort prématurée, qu’il trouve à trois mille lieues de sa patrie
en récompense de son zélé. — Souvent l’entomologiste n’est pas plus heureux, lorsque,
soulevant de sa main hardie l’ecorce d’un arbre, il trouve sous elle le'Trigonocéphale
confondu avec des scorpions et des reptiles non moins dangereux que lui même. —
Les belles prairies, nommées C am p o s , variées par d’agréables bosquets et de petits arbres
solitaires, servent plus fréquemment d’asile aux Crotales qu’aux Trigonocéphales,
que l’on y rencontre en moins grand nombre. Des oiseaux attentifs et bienfaisants,
le fa u c o n r ie u r ( F a lc o c a c h in n a n s ) et le S i r iem a (D i c h o l o p u s c r is ta -
t u s ) , à l’instar du vautour d’Egypte, prennent soin de leur destruction.
Je désigne sous le nom de M é g è r e un Trigonocéphale qui habite la province
de B a h ia f ou on le trouve, quoique très rarement, dans les lieux, humides. Uin