avec soiny motif qui m a déterminé à la faire dessiner. — U A r a r am b o y a est sans
doute le plus grand de tous les X ip h o s o m e s , car, lorsquïl a pris toute sa croissance,
il atteint jusqu’à douze pieds de longueur ; sa force et son audace surpassent toute attente
et sont vraiment inouis. JMr. de S p i x , qui en parle par expérience, nous en cite
l’exemple suivant: “ Je passois, dit-il, accompagné de mes Indiens le Rio N e gro dans
„u n canot, lorsque ma vue se porta sur un serpent de cette espece, qui nageoit avec
,, nonclialence, vers le rivage peu éloigné. Impatient de l’atteindre, je fis avancer notre
„canot vers ce lieuÿ et y étant arrivé, l’un de mes Indiens eut le bonheur d’abattre cet
j, animal par un coup de rame qu’il lui appliqua sur la tête. Empresse de le sai-
,,sir, je ne remarquai pas, qui’l n’avoit été qu’étourdi. A peine le ténois-je dans ma
| main, que revenu à lui même, il s’entortilla avec une telle violence autour de mon
1 bras, qu’il m’empêcha de le remuer. Heureusement je tenois la tete de l animal
„dans la main, et avant d’en perdre tout à. fait l’usage, j eus la presence desprit de
„lui mettre dans la gueule un morceau de bois qu’il serra avec violence. Aucun
de mes Indiens n’avoit osé approcher, ils avoient tous pris la fuite, et étoient sur
„ le point de se jetter dans Veau, présumant que lorsque le serpent lacheroit prise,
„ il se jetteroit sur l’un d’eux, et ce ne fu t que lorsqu’ils furent bien convaincus que
„ l ’animal ne pourroit pas, même lorsqu’il l’auroit voulu, leur faire de mal, que le plus
, , courageux d’entr’eux revint ci moi, et m’ayant aidé a m’en débarasser, nous le
„tuâmes”. — R est démontré que cet animal doit mordre avec une singulière force, car
en ouvrant une tonne remplie de reptiles, envoyée du Brésil par M r . de S p i x , j ’ai
trouvé l’individu duquel je parle, tenant encore dans sa gueule le même morceau
de bois, percé de ses dents de part en part. Ses morsures occasionnent, comme celles
de tous les autres grands serpens du Brésil, aux hommes une plaie douloureuse,
très difficile à guérir dans ce pays, où la chaleur exéessive et l'humidité enveniment
facilement la plus petite piquure. Par cette raison tous les habitons indigènes du Brésil
ont, en général, une peur excessive de tous les serpens, et c’est pourquoi ils suspendent
leurs hamacs, fabriqués de liber de palmiers, entre les troncs des arbres a
une hauteur de plusieurs pieds de terre. Ils y dorment tranquillement, parcequ*
alors ils n’ont plus a craindre les visites des serpens qui leur inspirent ce genre de
précaution. Cette espèce-ci est connue des habitons du Brésil au Rio Ne g r o , bras
latéral des A m a z o n e s , sous le nom A r 'a r am b o y a , que nous lui avons aussi conservé;
S eb a rapporte cependant, mais a tort, quelle est surnomée par les habitons du
même pays, non seulement B o jo b i , mais encore T e t r a u c h o a t l t le o la . Sa couleur
et sa forme se trouvent indiquées suffisamment dans le texte précédent ainsi que
dans les ouvrages déjà cités. Sa nourriture çonsiste en petits animaux, qu’il recherche
sur les rivages et dans l’eau.