taie habite également les deux Amériquesi on le trouve depuis le détroit de M a g e l lan
jusqu'aux contrées les plus septentrionales; car L ew is et C la r k en rencontrèrent
jusqu' aux sources du M i s s i s s ip p i dans le voyage qu'ils firent en i 8'5
vers l’océan pacifique.
Nous croyons devoir publier divers renseignement que nous avons recueillis nous
mêmes en partie. Nous en devons d’autres à M r . C. W. J. J e r om e , citoyen
des États-Unis d’Amérique, qui a bien voulu nous les communiquer. Cest, sans doute,
un service à rendre à l’humanité que de concourir à faire connaître, de plus en plus
ce'dangereux reptile. Nous réclamons d’abord l’attention de nos lecteurs, mais en
même temps leur indulgence, si nous nous étendons trop sur cet article. Ce que nous
allons dire, est commun a toutes les espèces de crotales.
Le crotale, lorsqu’il a atteint son principal degré de croissance, est naturellement
indolent et très paresseux, mais plus particulièrement encore, quand il a mange.
Rarement il se dérange, lotsqu’étendu, ordinairement en forme d’un S, dans un sentier,
il interrompt le voyageur dans sa marche, le frappe de terreur, et mord
enfin le malheureux, qui, pareeque la crainte lui fait perdre son jugement, se
livre souvent lui même à son ennemi. Le crotale, à l’instar dun grand nombre de
serpens, lorsqu’il a été irrité, et conséquemment porté à attaquer son ennemi, ne
se contente pas de mordre une seule fois, à moins que ses terribles crochets ne restent
enfoncés dans la plaie, et tout l’animal attaché a sa victime, ce qui arrive quelquefois.
R mord plus généralement à différentes reprises, mais avec une célérité étonnante.
Vans ce cas, le mouvement de sa tête ressemble assez à celui des pics, lorsqu’ils frappent
de leur bec Vécorce cTun arbre, pour en faire sortir les fourmis quils mangent.
L ’individu jeune est beaucoup plus actif que celui, qui a atteint toute sa croissance, et
inspire par là plus de crainte, mais souvent il n’emploie cette activité que pour se soustraire
à son ennemi, tandis que l’adulte, plus confiant en la forfe de ses armes,
semble le mépriser, et se contente de lui lancer un regard terrible, jusqu à ce que pousse
à bout, il se voit forcé de se défendre.
Dans les États-Unis ÆAmérique, principalement dans les provinces septentrionales,
la morsure des crotales ne devient très dangereuse qu’à commencer du 15 au
20 Mai, époque, où la chaleur, qui influe beaucoup sur la subtilité de leur venin, est
déjà assez forte. Ils sortent très rarement de leur retraite avant le mois de Mars, encore
n’est-ce que lorsqu’il fait bien chaud, et fréquemment de midi a trois heures seulement,
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mais alors ils sont presqié engourdis, et ne se remuent qu'avec peines Pendant le mois
de Mars et celui d’Avril leur morsure n'est pas très dangereuse. A l'époque des
grandes chaleurs, le crotale rte sort que la nuit, cependant Von en rencontre de
temps a temps dans les lieux chauds et humides de l’intérieur des forêts, pendant le
jour. Dans le mois dû Août et au commencement de Septembre, le crotale est terriblement
dangereux, pareequ’à cette époque ïl a un singulier besoin de se décharger de son
venin, qui semble le gêner.
Mais I“ * que la nature est prévoyante! c'est communément dans le cours de
ces deux mois que le crotale opéré sa mue, et, comme alors sa peau couvre également
ses yeux jusqu’à ce que la mue soit operée, l’animal devenu aveugle dans la
période de sa plus grande fureur, est empêché de faire autant de mal, qu’il en a
envie, ce qui semble le désespérer, car dans cette situation, ïl mord indistinctement
tout ce qu’il trouve. Les effets de la morsure du crotale sont plus ou moins prompts,
selon que l’individu a été plus ou moins grièvement blessé. L ’on a remarqué que
la morsure de tous les reptiles venimeux n’affectoit pas également tous les individus;
que, par exemple, elle influe moins sur une personne grosse que sur une personne
maigre, moins sur un Jndien ou sur un Nègre que sur un blanc, et plus sur un
étranger que sur un habitant. Cette remarque est avérée par le témoignage de presque
tous les habitans. Elle est moins dangereuse lorsqu’elle n’a affecté que des parties
charneuses, tandis qu’elle est presque sans remède, quand elle a lésé le moindre vais*
seau sanguin, 'surtout si c’est dans la partie supérieure du corps. L ’individu mordu
par un crotale se sent subitement affaiblir; il lui prend des maux de tête, de coeur, et de
suite il est atteint d’une forte diarrhée, devient très solitaire , mélaneholique et noncha-
lent. Bientôt, non seulement tous les alentours de la plaie, mais tout son corps enfle,
le visage devient d’un blanc livide, les yeux abattus, presque anéantis, des etourdis-
semens augmentent et sont accompagnés de convulsions intermittentes et de tremblemens
dans les membres ; tourmenté par des convulsions, le sang se porte à la tête, sort
par le nez, les yeux, les oreilles, il en vomit; une fievre sèche et dévorante le tourmente;
sa langue se desséche ; une soif continuelle ne lui laisse aucun repos, et il périt
misérablement, souvent en peu de minutes, d’autres fois après plusieurs heures, et
quelquefois même quelques jours apres. Au Brésil l’individu mordu, meurt généralement
dans le cours de vingt quatre heures. On emploie beaucoup de remèdes
contre la morsure des crotales; jusqu’à présent l’on en connoîssait peu d’efficaces. —
Nous en dirons tout ce que nous avons pu en apprendre. Lorsq’une personne,
après avoir été mordue, est assez heureuse pour pouvoir atteindre une ferme dans