
D E S I M A.
Pa connaissance du Japon ne dâte réellement que de la première moitié du seizième siècle quoiqu’on en trouve déjà fait mention dès la fin de 1200
dans les écrits d’un illustre aventurier Vénitien marco polo. Ce voyageur avait recueilli des histoires merveilleuses sur ces contrées éloignées durant
our qu’il fit enChine à l'epoque où cet empire était en guerre avec le Japon, mais ses récits avaient été traités de fables par ses contemporains. C’est
qu’on doit les premières notions authentiques sur ce pays où pendant de Ipnguès années lèur influence fut toute puissante, mais d’où les prétentions
e quelques prêtres, peu dignes successeurs de s t . frahçois xavier, le premier apôtre du Christianisme au Japon, en indisposant contr’cux les grands de
¿ H l’empire , finirent par les faire'expulser. Leur dernier domicile fut l’Ile de Oesima qu’ils abandonnèrent pour n’ÿ plus revenir en 1659.
Nos premiers rapports datent de 1611 quand des lettres patentes nous furent accordées’; qui nous donnèrent accès dans tous les ports de l’empire avec une entière
liberté de commerce. Pour y- établir un comptoir on nous céda la petite île de Firato, où bientôt notre commerce prit une grande extension, mais à la suite de différends
survenus avec le gouvernement Impérial, rtous fûmes obligés d’abandonner cet établissement, et le Sjogoun ayant résolu de ne plus admettre d’étrangers que dans la seule
rôde de Nagasaki, la factorerie dé Desima nous fut offerte en échange. Ce fut en l’année 1641 que nous en primes possession et depuis notre drapeau n’a cessé d’y être arboré.
Quoique Cotre commerce ne se soit jamais entièrement remis de ce premier échec, il a eu pourtant ses phàses plus ou moins prospères j ’usqu’à ce qu’enfin, dans les dernières
apnées, il se réduisit à Kenvoi d’un ou de deux vaisseaux tout au plus, qui continuèrent a faire leur pélérinage annuel à Desima et à entretenir des rapports de bonne amitié
avec le gouvernement Japonnais.
Dans les commencements le commerce était libre de toute entrave. L’exportation des métaux précieux n’était pas prohibée et la compagnie des Indes réalisait d’importants
bénéfices. Plus lard le cuivre seul pût être exporté, mais à différentes reprises on en réduisit le chiffre. Enfin au lieu de pouvoir importer indifféremment toutes sortes de
marchandises, l’Empereur, par l’entremise de la Chambre d’argent (collège financier qui a ses représentai à Nagasaki) désigna les articles voulus, leur fixa un certain taux
et nous obligea de recevoir en retours, outre le cuivre à un chiffre très réduit mais qui malgré cela constituait nos principaux bénéfices, d’autres articles moins profitables et
parfois onéreux. En dehors dé ce commerce, qui se nommait le Komsh a n d e l ou commèrcé. de la compagnie des Indes, il se fesait un petit négoce, au profit des employés de
la factorerie qui nous mettait plus directement en rapport avec les négociants de Nagasaki quoiqu'il se traitât également par l’entremise de la Chambre d’argent. Ce négoce
s'appelait le Kambang. 11 était tenu de payer aù gouvernement Japonnais 5 5 p. c. de droits d’entrée, et nous*procurait en retour, les laques, les porcelaines, les bronzes
et les soieries si recherchées à la fin du siècle dernier. Cette dernière branche de commerce fut plus lard affermée par le gouvernement des Indes, elle ne lui rapporta qu’un
bail de peu d’importance tout en faisant la fortune de plusieurs fermiers. Une obligation assez onéreuse pour la caisse de la compagnie, était la députation annuelle à Jedo où
le Chef de la factorerie était tenu de se rendre pour offrir des cadeaux à l’Empereur et aux grands de l’Empire. Cet espèce de tribut connu sous le nom de Hassak ou Fassak,
était toutefois reciprocé par l'Empereur. En dernier lieu le voyage ne se faisait plus que tous les quatre ans.
Depuis le dernier traité conclu avec le Japon cet état de choses a entièrement Changé et le commerce étant redevenu libre, ne lardera pas à reprendre son ancienne
importance. La grande concurrence que toutes les nations maritimes de l’Europe et surtout l’Amérique vont nous faire dorénavant, bien loin de nuire aux intérêts de notre
commerce, stimulera l’activité de nos grandes maisons, et la facilité de pouvoir s’entendre directement avec les négocians et les fabricants du pays, sans l’entremise toujours
onéreuse de la Chambre d’argent va donner un nouveau développement à l’industrie de ce pays. Desima devenue un e colonie libre ne tardera pas à s’agrandir et l’humble petite
factorerie telle1 que-jc J’ai connue et telle qu’elle a existé pendant plus de deux siècles, sera peut-être sous peu d’années un de nos plus riches comptoirs. Qu’alors dans le bel
avenir de prospérités que je lui souhaite, elle ait y ij$ oublié son passé de privations et de petites misères je le conçôis sans peine, mais ü-est un nom qu’elle est tenu
d’arracher à l'oubli d e 'Ce passé , c’çSl celui de doeff ancien Chef de la factorerie durant le s années de 1 804 à 1817. A l'entrée du jardin botanique de Desima j’ai trouvé une
pierre érigée à là mémoire de kaemfer et de thumbero par le professeur sierold. J’ai fort applaudi à celte idée et je souhaite que le nom de Monsieur de sierold soit joint à
celui de ses savants dévanciers qu’il a depuis longtemps dépassés par ses connaissances et par ses écrits sur le Japon. Mais la reconnaissance nationale fera-t-elle moins pour la
mémoire de uenri doeff, sur ce petit coin de terre où grâces à son courage et à son patriotisme le drapeau Hollandais n’a cessé de flotter, malgré toutes les tentatives faites
pour l'en arracher, à cette époque fatàle où il fallait réellement du coeur pour’ ne pas désespérer de l’âvènir de la patrie. Rien qu’une simple pierre à l’entrée de la factorerie
et sur cette pierre un nom ét un millésime!