
JOLI SITE D’ÏÏN TEMPLE JAPONNAIS.
outes les maisons de Desima ont vue sur la baie. Une seule fait exception, c’est celle du médecin. Située à l’entrée du jardin botanique, tout au bout
^ ' : ^ e - - ' l a rue, les fenêtres d’une de: ses façades,donnent sur le jardin et de ses autres croisées elle regarde la ville et la montagne. Comme la factorerie
n’ï est sép a r e' de Nagasaki que par un. mince filet dteau on .y peut tout à son aise observer le mouvement de la rue et jeter parfois un coup d’oeil a la dérobée
dans l’un ou l’autre intérieur de famille.
Le guaiiier le P^s approché de l’endroit, où nous sommes est celui qu’occupent d’habitude les Coréens durant les stations plus ou moins longues qu'ils sont obligés
| | ^ de faire dans ces parages. Sans être en rapports de commerce avec: le Japon, dont ils sont tributaires, la tempête les pousse assez fréquemment sur ces côtes, aussi le Gouvernement
Japonnais leur a-’t-il concède un Iieu.de refuge ou ils reçoivent Miospitalilc jusqu’a ce que leur navire soit repa'ié ou qu’on leur ait fourni les moyens de retourner chez eux'
Dans son grand et bel ouvragé sur le Japon, monsieur de sibbom» qui les a connus et ,observés à Nagasaki décrit le type, les moeurs et le costume de ce peuple. L’échantillon
que j en ai eu sous les yeux durant un couple de mois, ne m’a pas mis à même de juger de la vérité du portrait, quant au costume du moins qui était des plus primitifs.
Le naufrage leur avaiKl tout enlevé ;et les ûdlleurs de Nagasaki n’avaient-ils pas été jugés dignes d’y porter remède,: je l’ignore, sûr est-il que les figuiers, à l ’ombre desquels
ils. jouissaient assez habituellement du dolcclai mente, auraient pu leur seivir de v e stiaireCes Coicens avaient le privilège de circuler librement dans les rues de la ville, je
né sais s ils en^ fesatent souvent usage, le peu de fois que je me suis montre à la fenêtre, j ’ai toujours été/salué par les. cris et les affreuses grimaces de ces aimables voisins.
Maiè laissons les Coréens; é leurs exercices mimiques et tournons les;yeux vers la; dioite, nous aurons une jolie échappéede vue sur la monlagne, au pied de laquelle se groupent
les maisonsv.du faubourg, tandis, qu’à.mi côté on aperçoit les bàtimens d’un'.temple Japonnais. Ces bâiimens s'élévent sur un vasteplateaucntouré de terrasses superposées, où
l'on monte au moyen t e larges escaliere en pierre de taille Ombragé,par des groupes de sapins et de cèdres séculaires, le sanctuaire ne s’aperçoit que grâces a la colossale
toiture que l’on voit poindre à travers le rideau dlarbres qui l’entourent. Du haut du plateau on jouit d’une vue délicieuse. C’est; là un trait caractéristique dé tous les tempjes
Jappnfiais que j’ai visités, soit à Nagasaki .même soit dans la campagne des environs ./leur position est toujouis admirablement choisie. Comme style ces temples n'ont rien de
remarquable, à cet égard io Japon est bien inférieur a la Chine, rien n’y est comparable aux jolies pagodes que j ’ai vues à Canton. Ce sont aussi les temples Chinois qui m’ont
paru être le plus richement décorés, à Nagasaki du moins, car je ne sautais juger’de ce que Jedo et surtout Miako peuvent avoir de remarquable sous ce rapport. Le culte
de Boudha a un luxe tout spécial d'idoles monsttes.*éû bronze doré e t parfois môme en or massif. Ces idôleé jouissent d’üii Îenibônpoint très privilégié. Assises à califourchon
elles ont l’air béatement occupées à savourer feur digestion, aussi la partie la.:plus saillante de leur individu, est le colossal abdomen qu’elles daignent exposer à l’admiration
du pûblic.
Trois religions se dispùterit la foi des çroyans,'le Sintoïsme, l e Boudhisme et ie Gonfuèéisme. Le Sintoisme .ou lé cültë.des Kamis a les droits les plus anciens? il est
indigène du Japon. Le Mikado dont l’illustre; origine se perd dans la nini dés tems et remonte à la Divinité elle-même est le chef naturel de de culte. Il visite le s temple^ des
Kamis sans y adorer, il n’invoque qu’un seul Dieu,. Tihuto-^ama, le maître invisible du ciel dôu tla naissance a dévaqfeé l^créàtiou et qui est lui-Wme le Dieu créateur de ce
qui est. Le Sjogoun et les grands .de j ’empire professent le Sintoïsme, du moiné ostensiblement, c ir on ¡»étend qu’en secret l’Enjpereur temporel a: plus de sympathie pour le
Boudhisme qui ne relève pas M ik a d o . Les Kamis ou Demi dieux ont leur spécialité à "l’instar des Dieux- de la mythologie grecque: Ils veillent aux incendies, aux orages, à
la culture des terres; il y en a même qui président'aux mystifications et jouent parfois des tours pendables à leurs adeptes J). Les Kamis sont tenus de se prosterner'devant
1 Empereur lorsqu’il visite leurs temples; une fois l’an ils sont sensés faire un pélérinage à Miako pour lui faire leur cour; Lorsqu’ils ne remplissent -pas les devoirs de leur
charge, le Mikado les fait interdire pour un teins. Le .Dieu, desincendies en 'fiVla triste expérience à ses dépens. Par incurie il avaitlaissé le feu dévorer le Dairi, palais de
l’emp.ereur spirituel. Ce dernier le. suspendit pour un mois/de séâ fonctions nu grand détriment dé.#ès prêtres: Les trois religions isè supportent à- merveille. Cette tolérance
ma paru ¡îrovenir d’une certaine indifférence religieu.se,pourvu que le peuple ait ses fêtes, je crois qu’il se soucie assez peu. d’en connaître le véritable ainphytrion. Le Boudhisme
et le Confucéisme venus de l’Iiide et de la Chine ont'depuis'bien des> siècles droit’ de bourgeoisie au Japon...
Pourquoi le Christianisme seul y' est-il à l’mdcx faprès j avoir été si avidement reçuret si généralement adopV? Hélas! Ce sont les chrétiens eux-mêmes qu’il faut en accuser..
N’en chei:diez Pas la raison a,lleurs- *?s Persécutions ne'sont-que le tuste lésullat de la fatale ambition de quelques prêtres, qui se fesant de la croix un piédestal pour arriver
à leurs fins, ne se sont servis de lo ’éuvre sainte des missions que' comme moyen d’accaparer le. pouvoir et alors faut-il s’étonner qu’un pareil Machiavélisme ait porté ses fruits!
Puis qu a- t-on fait pour réhabiliter l’Evangile méconnu ? Interrogez l’insouciant égoisme de ce commerce;'; qui pourtant-lui aussi se prévaut du nom de Chrétien. Il vous répondra
que pourvu quil fasse ses affaires il sjnquiéle .peu du salut de ces peuples dont il ne convoite que les-richesses et qu’il fait bon marché de sa religion quand elle pourrait
compromettre ses intérêts. Desima a son hikoire ancienne et moderne. Lisez la première elle vous dira' pourquoi la'croix du Sauveur a été foulée aux pieds, vous cheicherez
vainement ^ dans la seconde ce qulon, a .tenté pour la relever Mais n’âcçiisez ;pas le Japon d’intolérance, il n’eût jamais banni le Christianisme s’il eût appris à le connaître
frement, et que de sang ¡1 lui en a coûté avant de pouvoir rextirper de son sol. Comptez le nombre de ses-martyrs, convertis |u h jour, et vous verrez ce qù’on pouvait
espérer de ce pays, si le s Chrétiens s’étaient montrés moins hostiles au pouvoir. Mais ne désespérons pà^de l’avenir, le Japon paraît vouloir en finir avec son passé, il vient
d inaugurer une ère nouvelle. Dieu veuille que ce soit une nouvelle ère Chrétienne, sans exiger un second baptême de sang.