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l’autre ont habité pendant plusieurs années les colonies, où
ils .ont vu beaucoup de Melastomes dans leur sol natal. Ils
donnent à leurs dessins le caractère qui est propre à chaque
espèce, et qu’il est facile à tout peintre habile d’obtenir,
quand il connoît bien la plante qu’il dessine et qu’il est familiarisé
avec elle.
J’aurois peut-être dû, dans cette préface, faire une énumération
exacte des genres compris dans les Melastomacées,
en donner les caractères, et établir des divisions dans chaque
genre. Ce travail très-long est presqu’achevé; mais je
le crois encore susceptible de quelques changemens qui le
rendront plus parfait ; ce qui m’engage à en renvoyer la publication
à la fin de ce travail. Je donnerai aussi, à cette
époque, une carte de toutes les espèces, dans laquelle j’indiquerai
le lieu natal de chacune, et son élévation sur le
niveau de la mer.
Nous commençons par donner la monographie des Melastoma
et Rhexia, et successivement nous donnerons toutes
les autres.
On a j usqu’ici divisé les Melastomacées d’après le nombre
des nervures des feuilles, êt c’est, je pense, la division qui
doit être préférée, quoiqu’elle éloigne des espèces qui ont
de grandes analogies par le port, et qu’elle en rapproche qui
en offrent très-peu.
Deux raisons principales me font adopter le nombre des
nervures comme divisions dans ces plantes. La première,
c’est qu’elles sont toujours en nombre égal; la seconde,
c’est qu’il s’est glissé dans les ouvrages plusieurs erreurs sur
leur énumération. Voyons un exemple, et il sera facile de
se convaincre de ce que je dis. Le Melastoma holosericea
est le plus commun dans les herbiers; on voit dans toutes
les descriptions que nous avons de lui, foliis trinerviis,
quoiqu’il ait cinq nervures bien marquées. J’ai sous les yeux
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quarante échantillons de cette plante, et pas un seul n’offre
une feuille avec trois nervures. Il me seroit facile de citer plusieurs
autres exemples, mais celui-ci me paroît suffisant.
Il faut donc rendre précise la manière de compter ces nervures,
et s’expliquer sur leur disposition. Les feuilles de ces
plantes offrent des nervures longitudinales; mais cependant
leur présence n’est pas tellement générale, que nous ne puissions,
dans le cours de cetOuvrage, citer plusieurs exemples
de feuilles qui en soient dépourvues.
Nous admettons autant de ces nervures qu’on peut en
compter de .distinctes des bords, sans avoir égard à leur
grosseur ou à leur ténuité, ni même à leur longueur. Leur
nombre varie depuis trois jusqu’à onze, et peut-être davantage.
Lorsqu’il y en a trois, ces nervures sont de deux manières
; ou elles partent' immédiatement de la base de la
feaàlle (folia trinervia), ou les latérales partent un peu au
dessus (folia supra basim trinervia): Lorsqu’il y a cinq nervures
,.-elles se présentent sous trois positions différentes :
i°. les quatre latérales naissent toutes de la base même de la
feuille (folia quinque-nervia); 2°. des quatre latérales, deux
naissent au dessus de la base (fôlia tripli-nervia) ; 3°. les quatre
latérales sont confluentes deux à deux parleur base, de manière
qu’elles semblent n’en former que deux bifurquées
(folia conjugato quinque-nervia). Quand il y en a sept, ou
elles naissent toutes de la base (septem-nervia), ou bien de
divers points (quintupli-nervia). On suivra les mêmes lois
pour un plus grand nombre de nervures. .
La seule variation qu on observe dans le nombre des nervures,
est que sur un même pied on trouve quelquefois des
feuilles dont les unes en offrent cinq et d’autres sept, ou
bien sept et neuf. Ceci est de peu d’importance, et ne peut
entraîner àaucune erreur,parce qu’il yatoujoursun nombre
dominant, et ç’est celui qu’il faudra prendre.