l’expédition botanique du royaume de la Nouvelle-Grenade,
le docteur Mutis.
Dès-lors nous redoublâmes d’activité pour observer ces
plantes. M. de Humboldt trouvoit le temps de dessiner l’ana-
tomie de toutes les espèces de cet ordre au milieu des calculs
les plus sérieux et qui demandoient toute son attention : de
mon côté, je les décrivois et desséchois avec soin, et nous
voyions chaque jour leur nombre s’augmenter dans nos
collections.
Cinq années de recherches dans une partie de l’île de
Cuba, du royaume du Pérou, dans celui du Mexique et toute
l’Amérique méridionale, nous ont offert plus de cent cinquante
espèces. C’est avec ces plantes bien conservées, des
descriptions et des analyses faites sur les lieux, que nous
nous proposions de publier la monographie des Melasto-
mes; mais aujourd’hui nous allons bien plus loin, en voulant
donner la monographie de chacun des genres de cet
ordre. Nous sommes beaucoup facilités dans ce travail par
les herbiers de MM. Decandolle, Delamarck, Benjamin de
Lessert et Desfontaines, ainsi que par ceux de MM. de Jus-
sieu, Labillardière, Palisot de Beauvois, Thouin, du Petit-
Thouars et Yentenat, qui m’ont prêté toutes les espèces
qu’ils possèdent appartenant à l’ordre des Melastomacées :
je témoigne ici de bon coeur ma gratitude à ces savans distingués
, de la bonne grâce avec laquelle ils m’ont ouvert
leurs collections.
Le premier de tous les avantages que j’ai trouvés dans la
réunion de ces différens herbiers, a été, i°. de pouvoir déterminer,
d’une manière positive, les espèces de ces genres
déjà publiées par les différens auteurs, et d’en connoître
bien la synonymie; 2°. de m’assurer de nouveau que ce que
nous avions vu en Amérique, M. de Humboldt et moi,
qu’un grand nombre de plantes, décrites comme Melastomes,
devoient être rangées parmi les Rhexia; 3°. que plusieurs
genres de cet ordre, fondés seulement sur le calice et
sur la forme des étamines, devoient être détruits; 4°. enfin,
que l’espèce qui a servi à établir le genre (Melastoma ma-
labathrica) est une espèce de Rhexia, puisque son fruit est
une capsule et non pas une baie.
Ce n’est pas la première fois que l’on voit, en histoire
naturelle, l’espèce qui a servi de type à un genre ne plus
lui convenir, et en sortir pour entrer dans un autre, ou en
former un séparé.
Je dois aussi de grands remercîmens à M. Richard. Ce
savant naturaliste qui cultive également toutes les branches
de l’histoire naturelle, a voyagé pendant huit années
consécutives dans le continent de l’Amérique méridionale
et les Antilles. Les collections précieuses qu’il a rapportées,
doivent faire regretter à tout ami des sciences qu’il ne se
soit pas trouvé dans des circonstances favorables pour les
publier. La botanique surtout se seroit enrichie d’observations
précieuses pour la physiologie végétale. Parmi les
plantes apportées par M. Richard, il se trouve un grand
nombre de Melastomacées dont cinquante à peu près sont
nouvelles et différentes de celles que nous avons rapportées.
Il veut bien me donner ces plantes pour que je les fasse
entrer dans mon travail. Afin qu’on puisse distinguer les
espèces que j’ai reçues de M. Richard, et qui sont le fruit de
ses recherches, j’ajouterai son nom à la fin de chaque description.
Lorsqu’une même espèce aura été trouvée par lui
et par moi, nos deux noms y seront ensemble. Pour toutes
les plantes qui m’ont été communiquées par d’autres savans,
je suivrai la même marche.
MM. Turpin et Poiteau dont les talens comme peintres
et comme botanistes sont connus, veulent bien se charger
du dessin des plantes qui entrent dans cet ouvrage. L’un et