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PÉTIOLES glabres , embrassant à moitié les tiges \ convexes en dehors,
marqués intérieurement d'un léger sillon, et de couleur rose.
FLEURS rouges, solitaires, terminales.
CALICE composé de huit ou neuf folioles, dont les extérieures, plus
longues et inégales tant dans leur forme que dans leur grandeur,
sont réfléchies-, les intérieures ovales, aiguës et droites, sont quelquefois
marquées de rouge à leur sommet.
COROLLE composée d'un très-grand nombre de pétales fixés sur un
disque charnu, légèrement élevé. La forme de chaque pétale est
oblongue ; ils sont rétrécis inférieurement d'un rouge plus ou
moins foncé, évasés dans leur moilié supérieure, rarement entiers
dans leur limbe, et d'un rose pâle, souvent d'un blanc nacré.
ETAMINES nombreuses, situées entre les ovaires et la corolle, longues
de dix à quatorze lignes (5 centimètres)*, filets légèrement comprimés,
rougeâtres, souvent blancs dans leur moitié supérieure 5
anthères droites, oblongues, s'ouvrant longitudinalement sur les
côtés-, poussière jaune.
PISTIL : ovaires six ou neuf, ovales, couverts d'un duvet tomenteux et
blanchâtre-, style nul3 stigmate membraneux, plissé en dehors, d'un
rouge très-vif.
FRUIT : cinq à neuf capsules longues d'un pouce (3 centimètres),
couvertes de poilsroussâtres, terminées parle stigmate qui persiste
s'ouvrant longitudinalement en dedans, et renfermant cinq à sept
ovules.
O B S E R V A T I O N S .
Le genre Poeonia a été très-anciennement connu. Pline, qui l'a établi, lui
a donné le nom du médecin grec Paeon, qui, pendant le siège de Troye, guérit
Mars blessé par Diomède, et qu'on suppose s'être servi pour cette cure de suc
de pivoine.
La plupart des espèces connues de ce genre sont originaires du nord de
1 Europe. Celle que je viens de décrire est indigène de la Chine, et diffère essen-
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tiellement de toutes les autres pivoines, par ses tiges ligneuses. L'Afrique ni
l'Amérique n'ont encore offert aux recherches des botanistes aucune espèce de
ce genre.
C'est dans les montagnes de la province de Ho-nan que cette plante a été
trouvée. On la cultive depuis plus de 1400 ans en Chine, sous le nom de
Mouton, et c'est d'après les demandes réitérées de Sir Joseph Banks qu'elle a
été apportée à Londres en 1794. Malmaison possède cette superbe plante depuis
i8o3, et ce n'est que depuis deux ans qu'on la trouve dans quelques uns de nos
jardins où elle a été répandue par les soins de M. Bourseau, qui a formé, en
peu d'années, un établissement aussi intéressant par le nombre que par le
choix des plan tes qu'il y a rassemblées.
Cette nouvelle espèce de pivoine est généralement connue sous le nom de
Pivoine en arbre. James Donn, à la page 134 de YHortus Cantabrigiensis, édition
de 1809, lui a donné le nom de Poeonia arborea. Andrews, dans les planches
3y3, 448 ? et 463, du Botanist Repositorv, a figuré trois variétés de cette
même plante, sous les noms de suff'ruticosa et de papaveracea. John Sims
enfin, à la page 1,154 du Botanical Magasine, l'a décrite sous le nom de
Poeonia Moutan. J'ai adopté ce nom qui lui convient mieux que celui de
sujfriiticosa ou d'arborea, parce que c'est celui sous lequel elle nous est
parvenue, et qu'il est probable que des découvertes ultérieures nous feront
connoitre d'autres espèces ligneuses. •
La beauté des fleurs du moutan, leurs formes variées, et l'odeur délicieuse
qu'elles exhalent, l'ont fait rechercher des Chinois, chez qui elle est devenue
l'objet d'une culture particulière. Elle fait sur-tout l'ornement des jardins des
grands. Les cultivateurs donnent à cette plante mille formes diverses, et la
multiplient par marcottes, par boutures, par les graines, et par le moyen de
la greffe. Je n'entre ici dans aucun détail sur ce qui est dit de cette plante
chez les Chinois, parce qu'iL me semble qu'il y a beaucoup d'enthousiasme et
d'invraisemblance dans ce qui en a été écrit
On cultive a Malmaison deux variétés du Poeonia Moutan. Je donne à la
planche première de cet ouvrage l'une de ses variétés, et l'autre sera figurée
à la planche vingt-trois.
Les moutans passent l'hiver en pleine terre, mais ils demandent à être garantis
du froid par des cages vitrées qu'il faut avoir soin de couvrir de paillassons
pendant les nuits où le thermomètre descend à o. Les moutans craignent
aussi la grande humidité et un soleil trop ardent. Ces plantes, que nous cultivons
en terre de bruyère, poussent chaque année des jets assez longs, mais
leur majeure partie se flétrit, se d^sèche, et meurt; d'où il résulte que l'accroissement
annuel de cette plante ligneuse se réduit à deux ou trois pouces
(7 centimètres). Nous n'avons encore vu multiplier «les moutans que par les
* Voyez les Mémoires concernant l'histoire, les sciences, les arts et les moeurs des Chinois, par
les missionnaires de Pékin, tom. III, pag. 46 r.