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§ I I I . — R É C O L T E , P R É P A R A T IO N E T C O N S E R V A T IO N
D E S A L O U E S .
La récolte et la préparation des Algues ne sont guère difficiles
et ne demandent pas grand travail. L’amateur trouvera,
comme nous l’avons dit plus haut, des Algues un peu partout,
il ])ourra en rencontrer en toute saison, en hiver aussi bien
qu’en été.
Le botaniste qui v'oudra récolter des Algues d’eau douce,
devra se munir d’un certain nombre de flacons à large goulot,
de préférence avec bouchons de liège. Il faut autant que possible
les choisir en verre très fort. Des flacons de 30 à 35
grammes conviennent dans la plupart des cas ; ils sont de
beaucoup préférables aux tubes à réactifs toujours en verre
trop fragile. Nous ne conseillons pas non plus les flacons
bouchés à l’émeri dont le prix est toujours élevé.
On placera les Algues terrestres dans des sachets de papier
ou on les séchera à la manière des Phanérogames. Les petites
Algues d’eau douce dans des flacons contenant de l’eau de
mer ; les grandes Phéophycées peuvent prendre place dans la
boîte à herboriser ou le cartable. La récolte doit être accompagnée
d’une étiquette sur laquelle on consignera comme pour les
plantes supérieures : la localité, l’habitat, la date de la récolte.
Ce sont là renseignements intéressants et parfois même
indispensables pour la détermination.
L’étude des Algues demande, il est presque inutile de le
dire, l’emploi du microscope. Nous n’avons pas à décrire cet
instrument; pour une somme relativement peu élevée, plusieurs
constructeurs vendent actuellement de fort bons microscopes.
On peut s’adresser pour l’achat d’un microscope àAivDrosteii
représentant de la firme Zeiss de Jéna; à M. Uttini, représentant
de la maison Koristka de Milan ou à M. Fiseh représentant
de la maison Leitz de Wetzlar. Ceux-ci communiqueront
volontiers les prix-courants de ces constructeurs.
^ Pour l’étude des Algues du groupe des Chlorophycées, des
Floridées et des Phéophycées, des grossissements de 200 à 400
diamètres suffisent; le grossissement à employer couramment
est de 300 diamètres environ. Quant à l’étude des Cyanophycées,
elle ne peut être entreprise avec succès que si l’on possède
des objectifs permettant des grossissements plus considérables.
La détermination des Oscillariées, par exemple, demande
parfois une amplification de 1,000 diamètres; ce grossissement
exige des objectifs apochromatiques ou semi-apocliromatiques
à immersion homogène. Il en est de même de l’étude des
Diatomées, et celle-ci demande, outre des objectifs forts, très
souvent des liquides d’inclusion tout à fait spéciaux. Aussi ne
pouvons-nous entrer clans les détails de l ’étude de cette
dernière famille et nous renvoyons le lecteur au beau travail
de M. Van Heurck.
Quel que soit le groupe d’Algues dont on veuille aborder
l’étude, il faudrase procurer un micromètre oculaire ; on mesurera
une fois pour toutes la valeur de ses divisions par rapport à
celles d’un micromètre objectif (1 millimètre divisé en 100 parties
égales); la mensuration des objets est non seulement très
utile, elle est parfois absolument nécessaire pour la distinction
spécifique. On prendra comme unité de mesure le millième de
millimètre (0.001 mm.) que l’on est convenu de représenter par
la lettre grecque y et de désigner généralement par le nom de
« micron ».
11 faut toujours, si faire se peut, étudier les Algues à l’état
frais, dans l’eau de la récolte; l’amateur dessinera fidèlement
et avec le plus grand soin, en ne négligeant aucun détail, les
objets qui se présenteront dans le champ de son microscope,
surtout quand il n ’aura pas à sa disposition de nombreux
ouvrages à planches ; il aura soin de marquer sur les dessins
la grandeur des objets. Dessiner est le seul moyen de bien
saisir les caractères de ces organismes; si l’observateur est
inhabile au début, il ne devra pas se rebuter, l’exercice répété
lui fera acquérir une dextérité de main suffisante pour permettre
de faire des croquis exacts.
L’examen microscopique terminé, on placera, si on veut
les conserver, les Algues sur des carrés de papier blanc; en
laissant dessécher à l’air, l’Algue s’attache au papier. Les
échantillons seront ensuite classés, en herbier. Au lieu de
laisser dessécher naturellement à l’air on peut placer sur
l’échantillon encore humide un morceau de toile non apprêtée,
et mettre le tout sous presse à la façon des Phanérogames ;
ce procédé donne de fort belles préparations.
Mais pour un grand nombre d’Algues d’eau douce, pour la
plupart des Confervacées et des Conjuguées, la dessication
ii’est pas favorable à la conservation des caractères. Ces Algues
sont en général tellement déformées p ar leur application sur
papier que l’on ne peut guère les étudier sur des échantillons
conservés de cette façon. Pour les Algues marines il n ’en est
pas tout à fait de même. Celles-ci, quand elles sont de grande
taille, peuvent être desséchées comme des Phanérogames, et
leurs caractères ne souft’rent pas trop. On empêchera dans ce
mode de préparation, le papier à sécher de se coller aux
échantillons en plaçant entre eux et le coussinet dessicateur,
il