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La peau est nue, plus ou moins verruqueuse ou lisse, et enduite par une
liqueur visqueuse qui suinte au dehors par les pores. Cette peau peut aussi
absorber une certaine quantité d'eau, au moins dans les Batraciens sans queue.
La mue a lieu environ une fois par mois.
Les os sont presque aussi cartilagineux que ceux, des poissons.
Les Rainettes, les Grenouilles, les Crapauds et les Salamandres n'ont que
des rudimens de côtes, droits et très-courts.
Le Proté auguillard et la Sii'êne ont de vraies côtes arquées, qui enveloppent
i e corps.
Les pieds sont nuls dans les têtards lorsqu'ils sortent de l'oeuf; ensuite ils en
ont seulement deux , et puis quatre. Tous les Batraciens à l'état parfait, ont
quatre pieds, excepté la Sirène lacertine : celle-ci n'en a que deux.
Les pieds postérieurs sont plus longs que les antérieurs, souvent palmés ou
demi-palmés, et toujours propres à nager.
Les doigts sont sans ongles : on en compte au plus quatre aux pieds antérieurs,
et quelquefois jusqu'à six aux pieds postérieurs.
Les Rainettes et les Grenouilles sautent plutôt qu'elles marchent 3 il en est
de même de quelques Crapauds, mais tous les autres Batraciens marchent en
rampant sur leur ventre , et ne peuvent sauter.
Les yeux sont grands, un peu saillans au dehors, munis d'une membrane
clignotante : la pupille est retractile et peut s'étrécir au gré de l'animal. Les
têtards au sortir de l'ceuf, et le Proté anguillai'd sont seuls aveugles, pai'ce que
leurs yeux sont recouverts par la peau.
La bouche est étroite dans les jeunes têtards et dans la Sirène lacertine; elle
est très-large dans tous les autres Batraciens à l'état parfait.
Les mâchoires sont lisses dans les uns, finement dentelées en scie dans les
autres : l'inférieure est formée de deux branches réunies par un ligament.
Leur langue est charnue, applatie, attachée dans la bouche entre les deux
branches de la mâchoire inférieure , et un peu extensible au dehors pour saisir
leur proie : sa surface est plus ou moins papilleuse et enduite de mucosité.
Leur oesophage est grand ; leurs intestins sont longs et repliés ; ils se
nourrissent d'insectes , de vers et de matières animales qu'ils avalent sans mâcher.
Leur larynx a des bronches membraneuses qui communiquent à deux vastes
poumons suspendus dans l'intérieur du corps.
La respiration a lieu dans les Rainettes, les Grenouilles, les Crapauds et les
Salamandres, à l'état parfait, en avalant l'air sur la terre ou à la surface de l'eau.
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et en le chassant ensuite par des inspirations fréquentes dans les poumons,
à l'aide de divers muscles situés dans la gorge, ainsi que Robert Townson
l'a prouvé dans son ouvrage sur la Physiologie des Amphibies.
La respiration a lieu dans le Proté anguiUard, la Sirène lacertine, et aussi
dans les têtards des autres Batraciens pendant l'une de leurs métamorphoses ,
en exprimant l'air renfermé dans l'eau à l'aide de branchies frangées externes
et natatoires qui communiquent avec les poumons. Ces branchies disparoissent
au bout de peu de jours dans les têtards, et alors ils ne respirent plus que
comme leurs parens à l'état parfait.
Quoique la respiration soit rapide dans les Batraciens, cependant elle peut
être suspendue long-temps chez eux par diverses causes, sur-tout par le froid.
C'est à cette cause qu'il faut principalement attribuer leur engourdissement
pendant l'hiver.
Les Rainettes, les Grenouilles et les Crapauds ont une voix très-sonore qu'on
nomme coassement, et qui est beaucoup plus forte dans les espèces qui ont une
vessie vocale sur les côtés de la mâchoire inférieure et du cou.
Leur circulation est simple ; car leur coeur n'a qu'un ventricule et une
oreillette. Ils ont le sang rouge et froid.
L'accouplement des Batraciens a lieu ainsi qu'il suit. Le mâle monte sur le dos
de sa femelle, s'y cramponne en la serrant avec ses pieds antérieurs. Il reste ainsi
pendant peu de jours.
La fécondation ne peut être intérieure, ni avoir lieu avant la ponte, parce
que le mâle n'a pas d'organe extérieur de génération : il ne peut féconder les oeufs
qu'à mesure qu'ils paraissent au dehors.
Les oeufs sont nombreux : la femelle les pond dans l'eau ou dans la terre
humide; et la chaleur seule les y fait êclore. Le Crapaud Pipa femelle porte ses
oeufs dans des alvéoles cutanées sur sou dos. Le Crapaud accoucheur mâle attache
dessus ses jamlies postérieures les oeufs que sa femelle a pondu, et les promène
au sec avec lui.
Les oeufs des Batraciens sont composés d'un point noirâtre qui est entouré d'une
matière visqueuse transparente, et sans enveloppe, excepté ceux du Crapaud
accoucheur qui ressemblent à des grains de chenevis, munis d'un petit filet ou crin.
Les petits des Batraciens, ou les têtards, au sortir de l'oeuf, subissent plusieurs
métamorphoses pendant lesquelles ils se nourrissent, nagent et se développent
peu-à-peu avant de parvenir à l'état parfait. Ils ne sont capables de s'accoupler et
d'engendrer, qu'au bout de trois années.