
PLANCHE VINGTDEUXIÈME.
MANIÈRE DE COUP ER LA T E T E , OU
DECAPITER.
CETTE peine passe pour le plus ignominieuse. On ne l'inflige que
pour des crimes, que le gouvernement Chinois regarde comme les plus
préjudiciables à la société ; telles que les conspirations, l'assassinat, les
offenses contre la personne de l'Empereur, attenter à la vie des personnes
de la famille impériale, la révolté, l'insurrection, frapper son
père ou sa nière, et toute autre espèce de crimes, contraires à la nature.
Le malfaiteur, condamné à être décapité, est à genoux par terre; on lui
retire la planche qu'il a sur le dos, et l'exécuteur, d'un seul coup d'un
large cimeterre, lui coupe la tête, avec beaucoup de dextérité. Cas"
exécuteurs, et la plus part des officiers inférieurs de justice, en Chine,
sont choisi parmi les soldats, selon l'usage des anciens barbares. On
ne ccoit pas leur emploi plus ignominieux que la place du principal
officier de la justice éxécutive dans un autre pais.
Avoir la tête coupée, c'est parmi les Chinois la mort la plus infâme,
parceque la tète, qui fait la partie principale de l'homme, est séparée du
corps; et l'on lîe donne pas la sépulture à ce corps, parcequ'il n'est pas
entier, comme on l'avoit reçu de la nature. Un mandarin, convaincu
d'un crime atroce, est exécuté de la même manière que les personnes de
la plus basse condition. Après que la téte est séparée, on la suspend
fréquemment à un arbre sur une route publique, et on jette le corps
dans un fosse; la loi le juge indigne du respect des cérémonies ordinaires
des funérailles.
Lorsque la sentence est soumise à l'Empereur, pour obtenir son approbation,
si le crime est du premier dégré d'atrocité, l'Empereur fait
•éxécuter le malfaiteur sans delay ; si le crime n'a point ce dégré d'atrocité,
il ordonne que le criminel soit emprisonné jusqu'à l'automne, pour
être exécuté le jour, qui est fixé dans cette saison pour.ces exécutions.
L'Empereur de la Chine fait rarement exécuter un de ses sujets, sans
avoir consulté les premiers officiers de justice, pour savoir s'il peut l'éviter,
sans enfreindre, ou mettre en danger, la constitution de son royaume.
Avant de signer l'ordre de l'exécution, il jeune un certain temps ;
il regarde comme les années les plus illustres, et les plus,fortunées de
son règne, celles où il a eu le moins d'occasions de faire tomber sur ses
sujets le glaive rigoureux de la justice.