
PLANCHE PREMIERE.
UN ACCUSÉ DEVANT UN MAGISTRAT.
E N Chine un Mandarin de justice a coutume de la rendre tous les
jours, matin et soir, dans sa maison, assisté d'un sécrétaire ou clerc, et
d'officiers subalternes, dont quelques uns tiennent des fers, et d'autres
des pan-tsees. L'accusateur est debout, à sa droite, et devant lui une
table couverte en soie, sur laquelle sont toutes les choses nécessaires
pour écrire les dépositions et la défense. Lors qu'elles ont été écrites
d'encre noir, le magistrat les signe de rouge, et les scelle de la même
couleur. On voit, aussi, sur la table un nombre de baguettes rougies par
le bout ; on les garde dans des boites ouvertes, et l'on s'en sert de la
manière suivante. Si un accusé est convaincu d'une légère offense, le
magistrat le fait aussitôt châtier et renvoyer. La punition ordinaire en
pareilles occasions est le pan-tsee, ou bastonnade ; et le magistrat determine
le nombre de coups en jettaîit sur le plancher quelques unes des
baguettes, dont chacune marque cinq coups. L'accusé, qui, durant
l'examen, a attendu la sentence sur ses mains et ses genoux, est alors
saisi par les officiers, et puni, comme on le verra dans une des Planches
suivantes. Quand le magistrat a jetté les verges, il parle d'autres affaires,
boit son thé, ou fume sa pipe.
Les magistrats n'ont le droit d'infliger ces punitions légères que pour
des infractions peu importantes des loix Chinoises, telles que l'yvrognerie,
les disputes, la fourberie, les batteries, les petits larcins, l'insolence, le
manque de respect envers les supérieurs, ou autres délits semblables.
Toutes les fois que le crime est de nature à exiger une plus sévère attention,
il subit ordinairement l'examen de cinq ou six tribunaux, qui non
seulement entrent dans toutes les particularités de l'accusation, mais
encore examinent, avec une attention scrupuleuse, le caractère et les
moeurs des accusés.
En Chine les procédures, en matières criminelles, sont ainsi prolongées,
de peur qu'aucun homme ne perde injustement les biens inestimables de
l'honneur ou de la vie; et l'on ne peut mettre à mort un criminel que
son procès n'ait été envoyé à la cour, et sa sentence confirmée par
l'Empereur.
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