P R E F A C E .
XI A Botanique a fait des progrès très-rapides dans le cours du
dix-huitième siècle. Il suffit pour s'en convaincre de comparer le
nombre des plantes mentionnées par le célèbre Tournefort, arec celui
des espèces successivement décrites dans les dernières éditions de
l'ouvrage de Linnaeus, qui a pour titre Species Plantàrum.
Ces progrès doivent être attribués en grande partie au zèle infatigable
des Naturalistes qui se sont répandus dans les différentes contrées
de la terre, soit pour récolter, soit pour étudier les productions
végétales? et qui, avant de publier eux-mêmes les résultats de leurs
découvertes, enrichissent nos jardins de beaucoup de graines. Les
jardins sont donc aujourd'hui d'une grande ressource , puisqu'on y
rassemble , avec les plantes indigènes , celles qui sont éparses sur
toute la surface du globe.
Parmi les établissemens destinés à cet obj et, celui de J. M. C E L S ,
mérite d'être distingué. Il est placé à deux kilomètres et demi de
Paris , dans la plaine de Mont-Rouge. L'habile Cultivateur qui le
dirige , puissamment aidé par les soins de son fils , a triomphé nonseulement
des obstacles nés des circonstances politiques et de la
stagnation du commerce, mais encore de la mauvaise qualité du sol.
Ce précieux établissement ne présente point la symmétrie recherchée
, et même nécessaire, dans les jardins publics de Botanique;
mais les végétaux y sont disposés selon la culture qui leur convient.
CET,S doit au zèle d'un des plus célèbres Voyageurs naturalistes de
ce siècle, A. M I C H A U X , un grand nombre d'espèces nouvelles de
l'Amérique Septentrionale, parmi lesquelles nous citerons seulement
quelques plantes ligneuses : un Frêne découvert dans le Kentucky,
remarquable par ses rameaux quadrangulaires, et par ses fleurs
dioïques; — un Saule à feuilles presque en forme de lance | qui ne
s'élève qu'à trois décimètres de hauteur, dont les fleurs à deux
étamines dans les individus mâles , ont un style extrêmement
alongé dans l'es individus femelles ; — un ROBINIA , dont les rameaux
sont enduits d'une humeur visqueuse , décrit dans notre premier