108 NOTE.
Il n’y a , comme on le pense bien, aucune conséquence précise à tirer de ce tableau
pour la géographie botanique, puisque nos plantes ont pris place dans les
Illustrationes selon le hasard de nos recherches ou la pente des travaux spéciaux
de M. Spach sur telle ou telle famille. Par exemple, on reconnaîtra la trace de
son classement des Composées de l’herbier du Muséum et de sa prédilection
pour les Hypéricinées, dont il avait précédemment fait la monographie, dans les
chiffres élevés de ces familles aux Illustrationes (92 pour les Composées, 25 pour
les Hypéricinées). Il est vrai de dire pourtant que si ces chiffres ne représentent
pas la proportion exacte de l’une et de l’autre famille dans la Flore de l’Asie occidentale,
ils ne laissent pas que de s’en rapprocher. Le hasard a fait aussi que plusieurs
des familles les plus abondantes en plantes orientales se soutiennent à peu
près à un rang correspondant dans les Illustrationes.
Graminées............................................... 36 Ombellifères............................ ................. 11
Polygonées..........| .................. .......... 27 Crucifères......................... ...... ................. 20
Plumbaginées.. . . ................................ 11 Rutacées.............S ................. ................. 10
L a b ié e s.,,.............................. •..............■ 25 Légumineuses......................... ............. .. 63
Scrophularinées.................................... 24
On n’aurait qu’une idée imparfaite de l’intérêt qui s’attache aux travaux de
M. Spach, si l’on croyait n’y trouver qu’une série irrégulière de descriptions ;
sans aucun lien entre elles, et comme autant de pièces isolées, destinées à être
enchâssées plus tard dans un ouvrage systématique. Telle n’est pas la manière de
M. Spach. L’auteur de tant de monographies remarquables, de familles, de genres,
des Genista par exemple, ne pouvait se renfermer dans des limites si étroites.
11 devait souvent éprouver le besoin de coordonner nos espèces, non-seulement
entre elles, mais avec celles qu’on connaissait précédemment; de subordonner
plusieurs genres entre eux, pour éclaircir les objets les uns par les autres, et
pour faire mieux ressortir les caractères des plantes qui étaient l’objet spécial
de ses descriptions et de ses dessins. Aussi l’a-t-il fait chaque fois qu’une occasion
favorable s’en est présentée. Je citerai pour exemples les genres Ægilops,
sur lequel l’attention des botanistes est aujourd’hui fixée par une grave question
d'hybridité, Polygonum, Atraphaxis, Statice, Cousinia, Pulicaria, Gaillionia,
Anarrhinum, Globularia, Biebersteinia, Reaumuria, Haplophyllum, Amygda-
lus, Genista, Indigofera. Ces genres sont traités avec des détails et avec une
méthode qui faciliteront singulièrement leur arrangement définitif dans les ouvrages
généraux où nos plantes sont destinées à entrer. M. Spach a mis d’ailleurs
un soin particulier à indiquer pour chaque espèce la localité, la station, l’altitude
NOTE. i ° ï)
données par les voyageurs et les numéros de leurs collections. En tout cas, on
trouvera que nous n’avons pas abusé du droit dont on use si largement aujourd’hui
d’introduire des noms nouveaux ; que nos genres, nos espèces, reposent suides
caractères saillants, faciles à saisir; qu’en général, nos nouveautés se distinguent
par une organisation bien tranchée. Beaucoup de points litigieux ont été
éclaircis; quelques genres contestés ont été consolidés, par exemple le Mala-
chium de Reichenbach, à l’aide du Malachium coeruleum (Gerastium coeruleum,
Boissier), voisin de l’ancien Gerastium manticum, Linné, et que j’ai recueilli sur
la moutagne des Deux-Mamelles, au-dessus du golfe de Smyrne, parmi les taillis
d'Arbutus Andrachne, l’une des plus belles stations de mon voyage.
Plusieurs faits curieux de géographie botanique ont été notés. Il en est un
sur lequel nous aurions aimé à insister. Une plante nous avait frappés dans la
collection de Heldreich ; c’était une exilée du Cap de Bonne-Espérance, le Pélargonium
Endliçherianum, du Pugdlus de Fenzl, attribué à la section Jenkinsonia
de Sweet, et trouvé dans les montagnes du Taurus. Les échantillons que nous
avions à notre disposition, celui de mon herbier notamment, offrent plusieurs
des caractères signalés par Fenzl, et figurés par lui dans ses Reschreibungen
und Abbildungen, pl. 3. Mais nous aurions désiré posséder la plante vivante,
et la décrire de nouveau à l’état frais. A cet effet, j’en avais confié l’an passé,
aux serres du Muséum, un pied qui m’avait été obligeamment communiqué
par M. Boissier ; on n’a pas pu le conserver. De son côté, M. le docteur Boisduval
en avait reçu un autre pied assez languissant, rapporté de l’Asie Mineure par
M. Balansa, et lui a donné place dans ses cultures, dont la Société botanique a
plus d’une fois admiré les succès. Il est parvenu à le faire entrer en convalescence
et à lui faire produire quelques fleurs, où s’est manifestée la disproportion entre
les deux grands pétales supérieurs et les trois inférieurs, si marquée dans la
planche de Fenzl. M. Boisduval espère obtenir cette année des fleurs en plus
grande abondance. Nous n’avons pas pu attendre le résultat définitif du traitement;
la dernière heure de notre tâche avait sonné: la 5ooe planche des Illustra-
tiones était tirée, et nous avons dû ajourner l’éclaircissement de nos doutes au
sujet de cette plante intéressante.
Dans le même laps de temps où M. Spach et moi réunissions ainsi des matériaux
pour une flore d’Orient, M. Boissier, déjà si avantageusement connu par
son voyage botanique en Espagne et la belje publication qui l’a suivi, commençait
en décembre 1841, dans les Annales des sciences naturelles, une série de
déterminations des plantes d'AucherÉloy; et peu après, sur un plan plus étendu,