
 
		semble  que  cette  phrase  renferme  l’aveu  qu’il  ne  
 connaît  pas  les  lieux  de  provenance,  ni  le  mode de  
 formation  de  ces  dépôts.  Permettez-moi,  Messieurs,  
 de  vous  exposer  mes  idées  sur  l’origine  de  ces  
 sables  et  sur  leur  déposition  aux  endroits  où  nous  
 les  rencontrons  à  présent. 
 Après  la  formation  des  dépôts  décrits  ci-dessus,  
 la  Néerlande  ne  se  composait  que  des  parties  qui  
 portent  sur  ma  carte les couleurs brune,  grise,  verte  
 et  jaune.  Les  endroits  teintés  -en  rose  et  toute  la  
 partie  non  coloriée  gisaient  encore  sous  les  eaux de  
 la  mer ;  ses  vagues  se  brisaient  contre  les plages des  
 îles  et  des  presqu’îles  que  formaient  alors  les  parties  
 qui  s’élevaient  plus  ou moins au-dessus du niveau  
 de  la  mer.  Je  dis  qu’elles  étaient  plus  ou  moins  
 élevées  au-dessus  de  la  mer,  car  sans  aucun  doute  
 plusieurs  de  ces  terres,  à  l’exception  des  collines  
 comme  le Veluwe,  le  Hondsrug  et  quelques  autres,  
 n’étaient  alors  que  des  bancs  de  sable,  des  plages, 
   des  terres  basses,  qui  deux  fois  par jour étaient  
 inondés  par  la  marée.  La  mer  baignait  ces  terres  ,  
 le  mouvement  des  eaux,  causé  par  les vents,  le flux  
 et  le  reflux  et  les  courants,  usaient  ces  bancs et ces  
 plages,  en  arrachaient  des  parties,  en  détachaient  
 des  particules.  L ’érosion  se  manifestait  partout où la  
 mer  pouvait  exercer  son  action démolissante pendant  
 des  siècles.  Mais  la  mer  ne  peut  pas  retenir  les 
 |  matières  qu’elle  détache  de  la  terre  ;  si  le  vent  se 
 JL  repose,  si  les  eaux  redeviennent  tranquilles,  les 
 matières  tenues  pendant  quelque  temps  en  suspension  
 coulent  à  fond:  elles  se  déposent  dans  les  
 creux,  dans  les  fosses,  dans  les  lieux  bas.  Ainsi des  
 masses  de  sable  ont  été  remaniées  et  déplacées  ,  et  
 forment  à  présent  les  dépôts  qui  sont  indiqués  par  
 la  teinte  rose  sur  ma  carte.  Voilà  la  raison  pourquoi  
 je  propose  de  nommer  d i l u v i um  r ema n i é   
 le  zanddiluvium  de  Staring.  C est  surtout  vers  le  
 midi  que  furent  entraînées  par  les  courants  les masses  
 détachées de notre diluvium.  Une quantité énorme  
 de  sable  fut  déposée  dans  le  sud  de  la  Néerlande  
 et  dans  le  nord  de  la  Belgique,  et  forma  une  très  
 grande partie  des  dépôts  connus sous la dénomination  
 de  campiniens.   En  effet,  nous  savons  par  les  
 beaux  travaux  des  géologues  belges,  dont  je  ne  
 citerai  ici  que  les  noms  vénérés  d’Omalius  d’Hal-  
 lo y ,  Dewalque,  Dumont,  Dupont,  que  le campinien  
 en  Belgique  est  formé  d’un  amas  de  sable  supérieur  
 à  une  couche  de  sable  avec  des  cailloux  
 roulés.  Mais  il  s’en  faut  beaucoup  que  tous  ces  
 masses  aient  la  même  origine.  Les  dépôts  qui  sont  
 caillouteux  correspondent,  à  ce  que-je  crois,  à.notre  
 diluvium  méridional  ou  de  la  Meuse;  ils  sont  caractérisés  
 par  la  présence  de  fragments  de  roche  semblables  
 à  ceux  de  l’Ardenne,  et  se  prolongent  ,