Si j'offre au Public uu pi-odiiit des loisirs putì
nombreux que me laissent uue clientèle ¿tendue et des
études soutenues, c'est que j'ui voulu voir si je ne jDourrais
pas employer mes déiilssements il être utile h ceux
qui se portent bieu, comme je tâche de l'i'tre dans ma
pratique il ceux qui se portent ni<il.
J e m'occupais, il y a quel(|ue temps, h des études
sur la pliysionomic, et je m'dtois aperçu que pour bien
juger de l'action normale des uiuseles de la face (|ui
traduisent il l'extérieur nos seatinieiis intimes, il étoit
absolument nécessaire d'étudiei- ces muscles sur ini
crâne, une tête osseuse bien coiiibrniéc. Comme il
m'étoit fort difficile de me procurer un crâne pareil,
je m'avisai de faire sculjjter en bois un crftne artificiel
qui i'ût sans datant«, sans aberrations dans sa forme.
Poiir mettre le sculpteur en état de me satisfaire, je
lleváis lui prucurei' un dessin du erânc désiré, Je me
décidai à le faire moi-mâmo, mais ici je fus arrêté |)ar
une nouvelle difKcuItd. Comment trouver parmi les
têtes du monde réel une tòte qui répondît absolument
aux règles de la perfection, et qui pût par conséf|uout
me servir de modèle? Dans cet embarras je crus <|ae
le mieux serait de m'en tenir ii la plus parfaite reproduction
de la figure Immainc, et mon choix tomba sur
l ' A p o l l o n du Belvédère, ce chef-d'oemTe de la
statuaire antique, qui jusqu'ici n'a pus été surpassé.
Tout en dessinant et mesurant les rapports de longueur,
de largeur et de profondeur des différentes partios,
je fus surpris do trouver après quelques tâtonnements,
dos l'apports tix^'S simples, et qu'une loi de
régularité résultant d'une mesure commune ii tontes
ces parties, avait donné naissance h cett« belle tète,
admirable autant pai- la beauté de la forme que par la
conformation de son mécanisme, réalisant le TÍ xaAò/
m) àYaÙòv do Platon.
Le sculpteur a suh-i mon dessin d'uiio manière très
satisfaisante, et de l'aveu des anatomistes qui ont vu
ce crâne artificiel, ou n'en trouve pas de si jiarfait dans
le monde des réalités,
(Jiielquc tenqis après il me \-int îi l'idée de clieichcr
si le squelette humain dans sa totalité jouiroit de la
même prorogative que la tête, et après avoir coutemplé
plusieurs Ibis avec attention un squelette qui m'a^•oit
depuis longtemps di^à frii|)|)é jiar son élégance, le
squelette de grandeur naturelle (¡727 raillim.) dans
l'ouvrage sur l'anatomie du docteur M. ,1. Webor , il
me sembla qu'il y avoit lii aussi une mesure conmiinie-
Quoii|ue les mesures des différentes parties, ne
répondissent pas d'une manière ti-ès exacte à ce qu'elles
devaient Stro d'ajjrès In loi que je croyois av(jir trouvée,
elles ne présentoient qu'une difféi-eiicc de trop peu
d'impoi tance pour ne pas m'engager ii continuer ces ivcherclies;
d'ailleui-s ce s(.|uelette, quoicjue d'une élégance
remartiiiablc, pouvr)it encore avoir ses défauts. Ce raisonnement
me porta ii mesurer le squelette de la statue
dont la tête in'avoit déjà donné tant de satisfaction.
La bibliothèque do notre Université possède une magnifique
copie de l'Apollou du Belvédère moulée
sur l'original mêuie. Je la mesurai, le .squelette en fut
dessiné, et j'eus la satisfaction de voir se re|)roditire
le dessin d'un s(|uclette iiii pou difï'érent de celui de
Webor, mais plus élégant encore, et oii h ma grande
surprise je retrouvai la même loi de régularité, la
mémo simplicité dans les rapports de.s différeutes parties
que j'avois déjh ti'ouvée pour la tête de cette
nièuie statue-
Ces fnita et queltjues autres qui avaient ra]iport Ji
la même question, furent communiqués, il y a une
quiiuaine d'années (en 1850, 1851 et 1852), iH l'Académie
des Sciences, dans l'espoir que cette société de
Savants donnerait son avis sur cette décou\-erte, et la
)>ublierait dans le cas qu'elle l'en trouvât digne.
Le Sécrétaire perpétuel de rAcadcmie, M. Flour
e n s daus les Comptes rendus de l'Académie du 27
Mai 1S50, du 23 Déc. 1850, du 2 Novembre 1852,
du 12 Juillet 1852 et du 3 Nov. 1802, honora chaque
fois mes mémoii-es d'une analyse succinte, et l'Académie
me fit prévenu- il plusieurs reprises que ce travail serait