
Ces dernières pièces — pâles imitations d’une monnaie antique
— marquent le début, le premier pas dans l’admirable voie
artistique que suivra plus ta rd la Renaissance italienne.
En France, le roi Louis IX (1226-1270) fa it à la fin de son
règne, après 1262, un timide essai de fabrication de monnaies
d ’or : son écu aux armes de France est rarissime; mais sous
Philippe IV le Bel (1285-1314), la frappe de l’or devient imposante.
En Angleterre, le numéraire d’or ne fa it son apparition
qu’au milieu du XIVe siècle, au temps d’Edouard III (1322-
1377).
En Belgique, la première monnaie d’or — pour la Flandre
— est de Louis de Crécy (1322-1346); pour le Brabant, elle est
de Jean II (1294-1312). Ces deux seigneurs copient servilement
le florin de la République florentine, pièce qui porte, au droit,
un saint Jean-Baptiste en pied et, au revers, une grande fleur
de lis; mais ils en modifient la légende du revers: FLORENTIA
(Florence), qui est remplacée pa r L. FLAD. COMES (Ludovicus
Flandriae Cornes) sur le florin flamand, et par I. DVX BRABA.
(Iohannes Dux Brabantiae) sur le florin brabançon.
Au commencement du X IIIe siècle, le denier et l’obole
(moitié du denier) sont encore les seules monnaies d’argent
de nos anciennes provinces. Ces pièces ¿Mjj, émissions nouvelles
— sont toutefois d’un diamètre plus petit, d’un poids moindre
que les deniers e t oboles carolingiens, mais elles deviennent
par contre de plus en plus abondantes; les types en sont très
variés e t la gravure, le style, la frappe en sont fort améliorés.
L’industrie, le commerce et l’a r t monétaire p rennent un
nouvel essor, particulièrement dans les principautés d’une
grande densité de population.
Au milieu du XIIIe siècle, la nécessité se fa it sentir de
frapper des pièces d’un poids plus élevé : les esterlins, qui sont
imités des monnaies anglaises — celles-ci très répandues à
cette époque chez nous, comme les trouvailles on t permis de
le constater.
Au début du XIVe siècle, nos seigneuries possèdent déjà de
nombreuses pièces d’argent se composant principalement de
deniers, d’esterlins, de doubles esterlins et de gros.
C’est à cette époque aussi que surgirent, chez nous, les
monnaies de billon qui permirent de payer en espèces légales
— enfin! — les marchandises de faible valeur.
Cette toute dernière émission, en apparence sans la moindre
importance, de pièces de cuivre, précise la durée et marque
la fin de la misérable condition, dans laquelle ont végété, au
moyen âge, de malheureuses populations. Et cette précision,
seule la numismatique est à même de nous la donner.
La numismatique — la science de la monnaie dans ses
rapports avec l’économie financière, l’histoire et l’a r t —- nous
fixe aussi sur le meilleur des systèmes monétaires qui, étant
donné l’é ta t de choses actuel, doit être basé uniquement sur
l’étalon or, la seule matière impérissable dont la valeur —
depuis plus de vingt siècles d’un'monnayage contrôlé -L a, en
somme, toujours conservé son caractère de stabilité, et cette
stabilité s ’est maintenue, même quand — brusquement B a il
surgissait sur le marché d’énormes quantités du précieux
métal.
Qu’on nous excuse de nous étendre quelque peu sur ce
sujet. Mais des Etats aux abois font actuellement, au point de
vue monétaire, de dangereuses expériences dont ils auront à
se repentir. Chez nous, des hommes politiques ne conseillent-
ils pas, par la parole et par la plume, d’en ten te r aussi à notre
tour? Le Gouvernement belge lui-même n ’est-il pas sur le
point d’adopter un nouveau système monétaire dont nous
parlerons tout à l’heure et qui, à notre humble avis — basé
sur les expériences du passé'«-; causera d’amères déceptions?
Aussi avons-nous hâte de revenir à la question de la s ta bilité
de la valeür de l’or, même dans les moments de su rabondance.
Il y a quatre cents ans environ, — pour ne citer qu’un seul
fa it e t sans parler, par exemple, des productives mines d’or
ap p a rten an t en ce temps-là aux Portugais ¿ ^ ¿ jdes navires
transportèrent, du Nouveau Monde en Espagne, des cargaisons
d’or. La valeur de ce métal n ’en fu t guère influencée, la numismatique
le prouve. Ces arrivages fréquents furent même une
bonne aubaine pour l’Europe, qui les accueillit avec empressement,
quand les lingots, convertis en espèces monétaires, se
répandirent dans divers pays. A p a rtir de ce moment, plusieurs
Etats utilisèrent l’or des monnaies de la Péninsule Ibérique et