
H A11 l ATIOIV MOKESQÜE.
residpiïco du secrétaire du dcv d Alger et autres habitations.)
PLANCHES 13 A 23.
Si le climat a imprimé son influence au caractère d'arChitccture des différents
pays, les moeurs dés divers peuples y ont aussi une part .non moins sensible.
On est surtout frappé d e . ectt<j£infliicnce (]uand on compare l’arcliitecture des
Mores avec celle des Européens":'l’aspocl seul des habitations pourrait, au besoin,
faire connaître les différences bien marquées qui existent dans les moeurs aussi bien
que daus le climat. Ici, ce sont des maisons espacées par de larges rues, et
grandement ouvertes. Là, ce sont des rues resserrées par les maisons qui semblent
vouloir se prêter mutuellement leur ombre et intercepter l'excès de trop grande
lumière par la petitesse de leurs ouvertures ; la maison ellte-mêmc forme une cour
rétrécic qui s'oppose également à l’introduction de la lumière; la toiture iflclinée,
qui convient.» notre pays, est remplacée par la terrasse qu’admet plus volontiers
la 7.011e. septentrionale de l’Afrique; l'usage de la faïence vernie e t des marbres
remplace, comme dallage e t revêtement, les carreaux de terre cuite et les menuiseries
que nous employons. Tels sont les; points les plus saillants sous le rapport
du climat. Sous celui des .moeurs, on voit le More, défiant, égoïste sous certains
rapports, dérober son luxe et scs jouissances; à'l'envie de ses voisins par l’aspect
de son habitation, aussi simple à l'extérieur qu’elle est riche à l'intérieur; tandis
que l’Européen semble é,talcr son aisance et sa richesse aux yeux des passants, et
met tout en oeuvre pour faire croire à un bien-être souvent trompeur. La plus ou
moins grande sécurité dont on jouit dans ces divers pays paraît être pour une
bonne “part dans cette différence de caractère.
Une porte étroite, e t massive comme celle d'une prison, ferme la mystérieuse
demeure de l’Africain ; et quand il est donné d'y être introduit, cl qu’on franchit
ce seuil, au lieu de se trouver en face d’ouvertures qui se présentent au visiteur,
on se trouve en face d’un premier mur qui intercepte la vue et oblige à prendre
une autre direction; puis en face d'un second; puis en face d’un troisième, etc.,
suivant l'importance de l'habitation. Ainsi, dans le plan que présente la planche 13,
il faut changer trois fois de direction pour arriver au vestibule, et sept fois pour
arriver jusqu'à la cour, où Tou eût pu être introduit en ligne directe, bien que son
.sol; soit exhaussé d'un étage voûté relativement au niveau de la rue.
Le vestibule, ordinairement décoré avec luxe, est le lieu de réception que fie.
dépassent pas les visiteurs, et d’où ils 11e peuvent nullement voir ce qui se passe
dans l'intérieur. Personne, pas même un parent, ne peut entrer plus avant, si ce
n'est dans des circonstances extraordinaires. C'est dans la cour centrale, espèce-de
aevedium, que l ’on déploie le plus grand luxe architectural ; elle est ordinairement
entourée de deux étages de portiques en arc ogival participant de l’are-
croissnnt *. soutenus par des colonnes en marbre blanc, à cannelures torses.
Les parois des murs, jusqu'à la hauteur d’un mètre ou un mètre e t demi, les
frises sous les corniches, les bordures des ouvertures et divers angles sont décorés
de mosaïques en faïence’ aux couleurs vives-, de même 'que les dallages. Ces derniers
sont quelquefois en marbre, principalement dans la partie découverte. Les
appartements sont distribués autour des portiques; les deux faces sur la mer ne
forment ensemble qii’unc espèce de galerie susceptible d'être divisée par des rideaux.
Les deux étages correspondant aux portiques sont à peu près semblables.
La cour centrale, avec les appartements qui l’entourent, bien que d’un accès
si difficile pour l’étranger, n'est cependant pas encore le lieu où le More jaloux
dérobe ses femmes à la convoitise : il lés lient séquestrées dans une autre enceinte
plus mystérieuse encore, la douiira, où le maitre seul peut pénétrer.
L’un des plans de la planche 13 nous montre l'entrée de la maison, disposée de
manière a dérober la vue du vestibule à celui qui passe dans la rue, et la cour
intérieure à celui qui est introduit dans le vestibule. Dans le plan général du premier
étage par rapport à la cour, on voit la disposition des appartements autour des
portiques, avec de petits avant-corps en encorbellement à l'extérieur, destinés à
faciliter la vue ; cette disposition est la même au niveau . de la cour. C’est ‘ du
premier étage que l’on pénètre dans fenceinte de la douéra ou appartement des
femmes. En jetant un coup d’oeil sur la planche 14 on verra que cet appartement
n’est éclairé que par un joùr supérieur, et que par conséquent nul regard indiscret
11’y peut pénétrer. De celte précaution, il résulte aussi que ces pauvres recluses
n'ont pour la distraction ordinaire de leurs regards que la vue du ciel. Ce n’est que
le soir, à l’heure où il leur est permis de monter sur la terrasse, qu’elles jouissent
d’une vue plus variée. Dans de telles conditions, on comprend qu’il doit leur être
agréable de recevoir le maitre, quel qu’il soit, ou d’être appelées auprès de lui dans
ses appartements.
La planche 15 représente l'une des faces extérieures donnant sur la mer. Les
grillages des fenêtres semblent plutàt disposés pour prévenir le désespoir ou l’évasion
de la femme ou de l'esclave que pour la sécurité intérieure; car elles sont inaccessibles
par l’extérieur.
La planche 16 offre une vue de la cour centrale et des portiques qui l’onvirofi-
nent. La loge qui se détache sur le ciel forme sur les terrasses un belvédère en
La planche 17 donne les détails des portes et fenêtres moresques, et des fuïcncës et
colonnes en marbre blanc, tirées d’Italie, qui n’ont de moresque que la mise en
oeuvre.
Les planches 18,19 e t 20 contiennent : la première, la vue de la salle à manger., la
seconde, le dessin colorié du plafond de celte salle, et la troisième, les détails de deux
autres plafonds et des faïences employées dans cette maison ainsi que d’autres détails.
La planche 21 réunit quelques plans de maisons arabes qui font comprendre les
modifications que subissent ces habitations suivant leur plus ou moins d’importance
et leur situation, tout en restant combinées dans le même esprit. Les plans de l’une
de ces maisons sont donnés pour chaque étage afin d’en mieux comprendre
l’ensemble.
La planche 22 contient différents détails moresques d’un usage ussez général, cl la
planche 23 diverses pierres tumulaires, stèles cl inscriptions.
Sur la première stèle tumulairc de cette planche on lit en tète des mots arabes qui se
rapportent à Dieu, et dont le sens est : I l m /fil à tout : sur l'inscription du milieu
de la planche on lit duns la partie supérieure ce passage du Coran : L e secours
vient de Dieu et la victoire est proche : annonce cette bonne nouvelle aux
croyants. Dans la partie inférieure de cette même inscription Un lit cotte prière
à Dieu : 0 toi qui ouvres les portes! ouvre-nous ta meilleure des portes.
(t) Nous ei»lendons par arc-croissant l'arc qui présente plus d'une dcml-circonféronco, et qui pareil être
une imitation du croissant, symbolo do l'hégire.