I N T R O D U C T I O N .
Le groupe naturel des Orchidées est incontestablement l’un des plus beaux et des plus intéressants du règne .végétal, taul
à cause do la beauté cl de l'éclat, quo do la structure tout-à-fait particulière des fleurs, et à cause des fondions des organes,
qui oui été si longtemps mal connues. LiNNâ, dons scs Spccîes plan!arum, ne comptait, au siècle dernier, que qualrc-viugl-
dix-neuf espèces sur huit genres d’Orchidées.
Actuellement le nombre des genres, d’après la dernière énumération du Dr. Lindley, monte à environ cinq cents, et celui
des espèces à plus de trois millo. Il y a lieu de croire que ce nombre s'augmentera en peu do temps de plusieurs centaines,
il serait superflu d’énumérer ici les travaux préoieux do Fiuxcis Baver, do Robert BroIvs, do Jouit Lindley cl de tant
d’autres botanistes, qui, soit par des recherches anatomiques ot physiologiques, soit par de superbes illustrations, ont fait
avancer d'une manière admirable cello partie de la science. Les ouvrages récents, surtout ceux des botanistes Anglais,
surpassent tout co que l’on a vu en fait de science et d'arl et font non seulement l’ornement des salons de la haute classe
de la société, mais aussi sont do première nécessité pour ceux qui s'occupent de l'élude plus approfondie des formes, souvent
si bizarres, de ces plantes, dans les quelles la nature, semblo avoir rassemblé tout ce qu’elle a de plus, varié dans le vaste
domaino du Règno végétal.
Variables dans lour structure et dans lour économie, les Orchidées no le sont pas moins dans la manière dont elles sont
distribuées sur la surface do la lorre. Répandues dans tous les climats, & l'exception des zones glaciales, elles se développent
au milieu des conditions les plus différentes, dans toutes les parties du monde, dans les forêts et les bocages, sur les
montagnes et dans las plaines, dans les prairies et les marais, mais surtout à l’ombre des forêts vierges des niions tropiques.
Là, io sol presque toujours en décomposition, la obalcur prcsqu’inlolérablc d’une atmosphère rarementrenouvelée, constituent
les conditions requises peur le développement d’uno végétation luxurieuse: aussi y trouve-t-on en immenso quantité les
fougères qui croissent au milieu des forêts; ces longues lianes entrelaçèes, qui s’étondcnl souvent à la distance de plusieurs
coniainos do pieds; ces milliers do parasites, qui cifibrassent los troues des arbres ot en couvrent les rameaux; ces Àroidécs
épipbylcs, dont les racines aériennes descendent parfois du haut des arbres liO à 00 pieds avant que d’arriver à terre.
One grande partie de la famille des Orchidées quo nous appelons pseudo-parasites, parco qu'elles se développent sur les
troncs ot les rameaux des arbres, sont du nombre des- plantes qui aiment à se trouver dans les cândilions quo nous venons
de décrira. Leurs racines advonlives ou aériennes présentent, commo nous l’avons indiqué ailleurs, une structure toute
particulière, qui leur pormol d'absorber l’air et les vapeurs, et de se nourrir des matières gazeuses qui sont en suspension
dans. l'atmospbôro, èl qui ollcs-mêmes sont les produits de la décomposition du sol. Ce sol est un mélange des matières
organiques d’une végétation pcrpétuollc, dont les dépouilles, en retombant sur la terre, sont de nouveau sujettes à être
décomposées ot ferment la richo source de nourriture d’une nouvelle génération.
Les Indes occidentales, l'Amérique centrale cl tropicale en général, les forêts du Brésil, le Mexique, les grandes fades.
l'Archipel de la Sonde, les ¡les de Borneo, de Java et de Sumatra, sont les lieux où les botanistes et les voyageurs ont fait
les découvertes les plus intéressantes par rapport à la famille des Orchidées. C'est là que se voient les formes brûlantes des
Slanhopeas, des Sëhomburghias, des Masillarías, des Vandas, des Aêrides, des Phalaenopsis, dont plusieurs fout depuis
longtemps l’ornement do nos serres.
L’étude de l'histoire des Orchidées a fait de très grands progrès dans les dernières années. Non seulement les recueils publiés
cri Angleterre par Sir William Jackson IIooker, par M.M. Lindlst et Sir Joseph Paxtox, cl reproduits avec empressement
dans quelques ouvrages périodiques du Continent, oui fait connaître plusieurs espèces nouvelles ou remarquables par l’éclat
de leur beauté, mais surtout les ouvrages traitant plus spécialement de celle famille, que l'on a commencé à publier tout
récemment, vont donner un nouvel -élan à celte partie de la science, cl contribuer à étendre nos connoissabccs dons celte
province de l'empire de Flore. Depuis l’année 1840, c’est-à-dire, après la publication des «Genera andSpccicsof Orcbidaceous
plants» du Dr. John Lindley, aucun ouvrage général sur cotte famille n'avoil paru. Ce savant distingué vicnldc reprendre ce
travail dans ses «Folia Orchidacca» (I—V). En Allemagne M. IIeinricu Gostat Reiciienbacit fils, publie ses «Xeoîa
Orchidacca» (I—II). «Bcitràgc sur Kennlniss der Orcbideêo.» En France M. Pescatoss, Consul-Général des Pays-Bas, qui
possède une vaste collection d’Orchidées, a mis à la disposition de M.M. Linden. Lùddehann, Plancuon et Reicheneacu de
riches matériaux pour la publication d’un ouvrage auquel ils ont donné le litre de «Pescalorea, ou iconographie des Orchidées
de la collection de M. Pescatobb au château de la Celle-St.-Cloud,» et dont nous avons vu trois Livraisons, qui sont
exécutées d'une manière qui ne laisse rien à désirer.
Les Colonies Néerlandaises en Amérique cl en -Asie sont parmi les contrées les plus riches en Orchidées, mais en même
temps les moins exploitées en vue de celle famille. La Guiaue Hollandaise en doit avoir du moins autant que la Guiaue
Anglaise et que les autres contrées voisines, qui, sous co rapport, sont des plus riches. Cependant nous n’en connoissoris qu’au
très petit nombre par le voyage de M. Splitcbiber, l'uo des botanistes les plus distingués que nous ayons eu, et par les
recherches iufatiguablcs de M. Pocke, membre de la cour de justice de Surinam. Pour ce qui concerne les Colonies aux
Indes Orientales, le nombre de leurs Orchidées que nous connaissons déjà, est très restreint en proportion de leur richesse
que très peu d’espèces. Les auteurs qui ont illustré dans leurs écrits la végétation de l’ile de Java, pour autant qu’ils ont
abordé cette famille, ri’cn ont donné que des esquisses ou des descriptions trop succinlcs, de sorte que l'on peut dire, qu’eu
égard à la richesse de la Flore de ce beau pays, ce que nous connaissons du groupe des Orchidées est fort peu de chose.
Le jardin de Bogor (Bailenzorg) est devenu depuis quelques années, sous les auspices et la haute protection du Gouvernement
des Indes Orientales et du Ministère des Colonies, cl grâce aux travaux de M. J. E. Tevsxann, jardinier en chef, cl de
son assistant H. S. Binnendte, non seulement une riche pépinière pour nos jardins, mais aussi le centre de travaux botaniques