P R E F A C E .
•fcinet de curioficés naturelles, un Monftre de cette eipèce ; mais ne peut-on pas dire
que fi ce Monftre, s’il faut lui donner ce nom, quoique je n en voie pas la railon,
eft réellement tel qu’on le repréiènte & qu’on le décrit ordinairement , & que il ia 11-
gure approche fi près de celle de l’homme, il pourrait bien lui reiTembler encore par
une forte d’inftinâ:, de génie ou de raiibn , comme on voudra 1 appel 1er; ce qui le
mettrait en état d’éviter avec plus d’habileté que les autres Animaux, les pieges ou
ceux-ci fe laiiTent prendre ; & peut-être auffi cela ferait la caufe pour laquelle il
le montre fi rarement. D’ailleurs ne pourrait-il pas être que fon corps , de meme
que celui de l’homme, fût plus fujet à la corruption que celui des autres rodions, SC
que la difficulté qu’il y aurait à l’en garantir, fût la raifon pourquoi il ne paraît dans
aucune Colleftion? Cette conjefture femble 'être confirmée par les fquelettes de birenes,
dont Vojfms, Ju n iu s, & d’autres parlent. ■ r
L ’on n’a pas cru que la mort de Mr. Renard donnât le droit de fuppnmer fa Dédicacé
& fa Déclaration, qui fe trouvent à la tête de cet Ouvrage. Il fuffit de remarquer
que cet accident eft caufe que les Exemplaires ne font pas fignes de fon nom,
comme il avoit promis de le faire. „ ' ,A ,
Te crois que voilà tout ce qu’il importoit de favoir fur cet întereiiant Ouvrage. Après
avoir ainfi fatisfait à la demande de ceux qui le publient, il ne me refte qu’à fouhai-
ter que les Lefteurs frappés de la beauté des objets qu’ils y verront décritsH paiient
de la confidération des créatures aü profond reipeét que mérite le Créateur fupreme.
AVERTISSEMENT DE L’EDITEUR.
J E crois contribuer à éclaircir l’Hiftoire Naturelle , en procurant l’Edition de cet Ouvrage extraordinaire»'
qui a demandé de grandes dépenfes & de très-grands foins. Il eft divifé en deux Tomes. Le premier m’a
été communiqué par MeiEeurs S c o t t , dont le nom eft auiR refpeflable par l’ancienneté de lèur No-
bleiTe, que par le rang qu’ils tiennent depuis long-tems entre les principauxMagiftrats SAmfterdam. Moniieuï
B a l t a z a r C o y e t t , aujourd’huiancien Gouverneur & Directeur S Amboine & As Banda, &Préfident
des Commiffaires à Batavia , eft le premier à qui on doit cette belle Découverte. 11 encouragea la Pêche de
ces Poiffons .pendant le tems de fon Gouvernement ; & après en avoir fait peindre environ deux-cens, qui
avoient été portez en vie dans fa Maifon, tant par les Indiens $ Amboine & dés Ifles voifines , que par les
Hollandois qui y font établis, il en forma deux Recueils, dont Monfieur fon Fils aporta les Originaux à
Monfieur S c o t t l’aîné, qui étoit alors Premier Avocat, ou Premier Miniftre de la Compagnie Générale
des Indes Orientales à Amjitrdam. Je les ai fait exactement copier. Le fécond Tome, moins çorreéi, à la
vérité, pour l’exaâitude des Deflèins, mais très-curieux par les Nouveautez dont il eft rempli & pàr les
Remarques qui font à côté de chaque Poiflbn, a été formé fur des Recueils que Monfieur V a n d e r S r i t L i
préfentement Gouverneur des Moluques, a fait faire de ces fortes de Poiflons par un Peintre nommé Samuel
Fallours, qui me les a »portez des Indes, & dont j’en ai choifi environ a jo ., les plus différents que
j’ai pû trouver de l’Exemplaire de Monfieur-C o Y E T T , comme ayant été péchez & peints après que fes
Recueils étoient achevez. Au refte pour prévenir l’incrédulité de certaines perfonnes, j’ai cru à propos
de joindre ici les Pièces fuivantes, dont les Originaux font entre mes mains, & que j’ai traduit du Hollandois.
T EM O I G N A G E S E T C E R T I F I C A T S .
L E T T R É de Monfieur C o y e t t le Fils à l’Agent
R e n a r d » au fiÿec du premier Tome de cet
, Ouvrage.
M oN's i e u R, .. . .
PUis que Vous fouhaitcz favoir de moi-même la Véritable
Hiftoire des deux Recueils de Poiflons des Ifles Moluques
que vous avez reçus de Monfieur S c o t t j je puis yous af-
iurér éii honneur qu’ils ont été deflinez 8c enluminez auffi
aprochant du V i f , que l’art du Peintre & la force des couleurs
ont pu le permettre : car il eft impoffible au Pinceau
d’atteindre le brillant & l’admirable variété du coloris'que ces
Poiflons ont étant en vie. -
Mon Pere y a fait travailler dans fa Maifon (pendant qua-.
torze années çoniecutives qu’il a été Gouverneur de la Province
d'Amboine 8c de Banda) à meiure qu’on lui en aportoit
I quelquès-uns qui merîtoient fà curiofité. Il n’a eu d’abord d’au-
! tre intention que celle d’un Amateur pour ià propre fâtisfac-
tion : mais lors que je vins des Indes ici il y a environ dix
ans , j ’aportaî avec moi ces deux Recueils, 8c j ’en fis prefcnt
S à Monir. S c o t t de la part de mon Pere. Ce font les mê-
j mes que vous m’avez montrez 8c fur lefquels vous avez fait
graver 8c enluminer lés Planches de vôtre Premier Tome. Je
j déclaré que je les ai trouvé fi bien 8c fi exactement èxecutées
i qu’elles peuvent paflêr pour les Originaux, &c. Je fois, 8cc.
A A m s t k r d a tu le 1 7 .
Odobre 1718, F r e d ë r î c J u l i u s C o y e t t i
D E C L A R A T IO N fur le fécond Tome*
TT E Soüsfigné, ci-dévant Peintre pour la Compagnie
■ des Indes Orientales de Hollande à Amboine \ habitant
<à préfentement à Amfterdam , déclare que les Poiflons
contenus dans ce Recueil, Ont été par moi deffinez 8c peints
(en douze années de tems) d’après naturelle plus fidellement
qu’il m’a été poffible; ne croyant pas que l’Art des Hommes
puîfiè exprimer la beauté des couleurs de ces Poiflons ,
quand on les prend en vie dans la bonne faifon, ou qu’on les
. voit nager dans l’eau claire. Laquelle Déclaration j,e fais ici
de bonne foi , en toute vérité ; certifiant que l’Edition que
Mr. Renard en a fait graver 8c enluminer, eft parfaitement
conforme aux Originaux: En témoignage de quoi j ’ai figné
à Amfierdam le 30. Septembre 1718.
S a m u e l F à l l q u r s .
L E T T R E du Peintre Samuel Fallours à Mr. Fran-
- fois Valentyn » Pafteur de l’Eglife Hollandoife à
- . fTinrAu . . _ i - ». ,
A A m s t e r d a m lé i f . Août 1715.’
M o n s i e u r ,
A Près bien des peines & des follicitations, -j’ai enfin obtc* ..
j \ . nu’un Apointement des Seigneurs Directeurs de k Compagnie
, pour 1a reftitution des Livres 8c Deflèins qui fe trouvent
arrêtez dans mon Coffre '; mais leidits Seigneurs ont gardé
mes Plans de 1a Côte à? Amboine y 8cc.
Ils ne peuvent croire , Monfieur, que les Poiflons de mes
Recueils, auxquels vous m’avez fouvent vû travailler, foient
véritablement de nature , figures 8c bigarrures, tels que jè
les ai peints dans mes fuidits Livres ; 8c Comme il m’eft important
que 1a vérité, foit connue à ces Seigneurs qui mé 1a
demandent, je m’en fuis raporté à voiis , vénérable Paf-
teur y qui m’avez fouvent donné 8c envoyé plufieurs de ces
Poiflons en vie j lors-que vous faifîez les vifites de nosEgli-
fes des Ifles Moluques y oc qui en avez mangé de quantité d’ef-
peces de ceux que j ’ai deflinez 8c enluminez.
Je vous iuplie donc, Monfieur, de vouloir écrire ce que
vous èn fàvez à Mr.-jRenard^ Agent de S, M. lë Roi de 1a
Grande-Bretagne à Amfterdam : Vous obligerez infiniment
celui qui eft avec refpeét, 8cc.
S à m u ë l F a l l o u r s .
(.p. s. > . W ÊÊÊÊÊ
J E vous prie très-humblement, Monfieur^ de mé faire l’hon^
neur de m’écrire ce qui eft dé k vérité de ces Poiflons: Je
vous ferai très-redevable de vôtre civilité , 8c très-affeétioné
à vous fervir en toutes occafions. R e n a R d,
R E P O N S E
A D o r t le 18. Août |
M o n s i e u r ,
J E puis vous aflurer en toute vérité, que dans k Province
d’Amboine 8c Ifles adjacentes, il fe trpüve quantité de PoiP-
fons dé fi belles 8c diverfes couleurs, qu’on en demeure frappé
d’étonnement : Defquels Poiflons je fài que Samuel Fallours
en adeffiné 8c peint un grand nombre d’après nature. Je
penfe, Monfieur, que ceci fuffira à vôtre demandé,8c je fuis
avec beaucoup de refpeéfc, 8cc.
F r a n ç o i s V a l e n t y n »
A z EX