
noirâtre. L ’ attitude dans leur accouplement eft fort étrange &
peut-être fans exemple. Le mâle nage dans fa fituation ordinaire:
la femelle s ’ approche derrière, s ’ eleve obliquement, le
joint de maniéré que la fente de la tache blanche de fon ventre
touche à l ’ ouverture du canal de la queue du mâle; & les voila
en a&ion. A l ’ oeuil on ne voit, qu’ un petit point entraîner un
plus grand, mais à l ’ aide d’ une bonne loupe on obferve, que le
petit point eft le mâle, qui nage avec fa moitié en croupe.
Dans cette courfe la femelle remue de tems en tems fes
pattes pofterieures & tient les anterieurs étendues en l ’ air toutes
roides. Quand le mâle femble fatigué de la courfe & s ’ arrête,
la femelle branlé de coté à l ’ autre la queue du mâle; après quoi
il recommence fa courfe. Cet accouplement fe fait au mois
d ’ aout & dure quelques jours de fuite. Au mois de feptembre
j ’ ai rencontré plufieurs mâles de cette efpece, mais aucune femelle;
ce que me fait foupçonner, qu’ elle fe cachent peut-être
après la fécondation dans le limon pour pondre leurs oeufs, ou
faire leurs petits.
Je ne fcais pas encore, fi cette elpece eft ovipare ou vivipare,
ou l ’ un & l ’ autre, comme nombre des infectes aquatiques ;
je foupçonne pourtant le premier.
Cette maniéré de s ’ accoupler différé beaucoup de celle de
la Tique de Mr. k o e s e l , & j e fuis très porté à croire, que
l ’ auteur a été trompé par l ’ apparence. Voici fes paroles: le
mâle i f la femelle, qui ne diffèrent que par la grojfeur, fe jette•
rent l ’ un fur l ’ autre i f approchèrent le dejfous de leur corps
XXL
pendant quelques moment, comme s ’ ils voulaient s ’ emhrajfer;
après quoi la greffe pondait des oeufs. ,La ponte des oeufs
n ’ eft pas toujours la marque d’un accouplement anterieur; il n y
a rien plus commun, que de voir des infectes femelles fe décharger
de leur oeufs, après avoir attendu envain l ’ approche du
mâle, & quant à l ’ attouchement & l ’ embraffement réciproque
j ’ ai vu fort fouvent les mâles & les femelles de diverfes efpe»
ces de ce genre s ’ entortiller de leur pattes & rouler pêlemêle,
à mefure, qu’ ils fe font rencontrés dans le verre d ’ eau, où je
les gardai pour mes obfervations. Ainfi pour prouver un accouplement
véritable, il auroit du s ’ affiner, que les oeufs furent
effedivement éclos.
Je fuis pourtant très éloigné de prétendre, que l ’ accouplement
de nos Tiques ne fe puiffe faire de plus d une façon ;
cela eft même vraifemblable. Dans ma collection il y a des Tiques
mâles, dont la queue eft formée de differentes façons, & je
foupçonne même, qu’ il y en a , à qui- elle manque. J’ en con-
ferve depuis trois mois une cinquantaine des deux fexes fans
que l ’ envie de s ’ accoupler ait pris aucun. Je n ’ en fuis pas
furpris, mes pauvres prifonniers étant raffemblis de climats
très divers, marécageux, fablonneux, limonneux &c. & l ’ ai-
fance & la fubfiftance, les premières pretenfions de tout être
créé, leur manquant On a même lieu de s ’ étonner, qu’ ils
foutiennent encore la vie, que leur vivacité n ’ en eft point ral-
lentie, & qu’ ils confervent leur belles couleurs toutes fraiches
comme aü moment, que je les pris.
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