
superbe mosquée de Yéihil-Jmaret, remarquable surtout par l'aspect singulier que présentent ses murs,
i-evcius de carrés de marbres blancs, noirs, rouges, gris, verts, jaunes et bleus qui forment la mosaïque
lu plus bi7^irre. Biltie sur une terrasse en marbre blanc, elle n'a point, comme les autres mosquées, de
parvis i colonnades; b porte, chargée d'ornements d'une admirable délicatesse et d'un goût exquis, est
le ellel-d oeuvre do r:ircliilecture et de k sculpture orientales. Elle s'élève jusqu'au faîte du b.^timent,
et est entourée, ainsi que les fenêtres, d'un cadre de marbre rouge, couvert d'inscriptions, Cette seule
porte no coûta pas moins de quarante mille ducats, et il fallut consacrer trois années .'i sa construction.
Les tombeaux élevés au.'c grands dignitaires étaient aussi d'une incroyable richesse, recouverts de porcelaine
l'intérieur comme à l'extérieur, et parfois portant sur l'une des faces des inscriptions en lettres
d'argent sur fond d'azur. Le luxe n'était pas moindi'e pour tout ce qui touchait aux monuments religieux. A
la (in du quinzième siècle, sous Sultan-Ahmed, qui embellit h grands frais les villes saintes de la Mecque
et Médine, on employa i,o6i coudées d'étoffes de soie pour la couverture intérieure ou le voile du
sanctuaire de la Kaaba; ;i pour la ceinture de la maison de la Mecque; 740 pour la couverture du
tombeau de Mahomet, et 50 pour la ceinture; 110 pour ¡a couverture et la ceinture du sépulcre de
Fathimé, fille du prophète et épouse d'Ali. Les colonnes de la Kaaba furent entourées aussi d'étoffe
brochée d'or.
L'ornement des tissus en Turquie a toujours été d'une somptuosité sans égale. Sans doute les Persans
furent les premiers ^ y apporter leur merveilleuse habileté qui passe l'imagination, et contribuèrent à
propager parmi les musulmans cette passion des riches vêtements brodés donc notre album offre d'éclatants
modèles. Dans les broderies, de grosses fleurs du même style qu'on remarque dans les tapis, les
oiseaux de proie et les passereaux dominent. Du reste, les types varient et se ressentent de l'origine
diverse des artisans qui continuaient leurs traditions décoratives. Presque toujours, les arabesques sont
empruntées aux. encadrements des manuscrits dont les dessins étaient fournis par de très habiles artistes
tenus en grand honneur. Au dix-septième siècle, la calligraphie s'éleva particulièrement à un haut point
de perfection ; on s'efforçait de retrouver la grûce et la finesse des anciens maîtres, qualités qu'on appréciera
dans nos planches reproduisant des Bibles arméniennes du onzième siècle, A cette époque, avoir
une belle main était un titre de faveur, et Kadri-Zadé, qui s'était fait remarquer par la pureté de son
écriture, fut nommé par Sultan-Mu hammed iiio/ij de Brousse.
Le plus souvent, les belles pièces de broderies affectaient la forme d'un carré long, et la disposition
d'un t.ipis de prière; autour, une ou plusieurs bordures d'arabesques ou à fleurs forment encadrement;
en haut, une arcade ogive il découpures, détachée sur un riche fond avec arabesques et fleurs, comme
une sorte de portique oîi s'épanouit un large bouquet sortant d'un vase; parfois, ce bouquet est richement
brodé au passé en soies vives et fraîches, parfois au crochet. Dans les plus rares tapis, le fond est
d'or; dans les autres, la soie ou le drap restent i nu. On fit aussi beaucoup à Constantinople de petits
tapis circulaires en soie rose ou bleu de ciel dont l'usage, d'après Albert Jacquemart, est assez curieux :
ils servaient et servent peut-être encore à couvrir les pLiteaux sur lesquels on apporte s
dans des vases clos, les mets qui composent le service d'un repas. C'est la dernière 1
crainte du poison, généralement répandue au moyen ¡Ige, et qui faisait 1
e obligation d'apporter ' les
plats chez les grands dans dos caisses fermées qu'on n'ouv
'en leur présence, ce qui n'empêchait
pas d'en faire l'essai par les talismans, les cornes et licornes, (
s dénonciateurs merveilleux préconisés
par la superstition.
On trouvera encore dans cet album bien d'autres modèles précieux de l'art déployé en Turquie.
Armes, vêtements, ustensiles de toutes sortes sont joints aux fragments d'architecture. 11 n'est pas jusqu'à
dos pipes dont on n'ait réuni de curieux fragments; car l'usage du tabac, introduit parmi les
Ottomans par Sultan-Ahmed, devint si général, que la pipe fut nécessairement un motif à ornements
superbes. On mit autant de recherche dans leur décor que dans la bonté du tabac. Les tiges ou tuyaux
des tcliibouks
ou en or; elles
travaillés a\'ec un an infini. Les tchibouks des femmes de
e parlerons pas des objets en métal, ciselés et incrustés, des lampes de mosquées.
lin, de rosier, de noisetier, etc., garnies en argent
d'ambre jaune ou blanc, et quelquefois de corail,
enrichis de pierreries. Nous
it ordinairement de
• par des
de
maisons, des fontaines de marbre fidèlement reconstituées avec leurs délicates sculptures et leur charmante
pol3'chromie, ni enfin des vues d'ensemble que l'habile dessinateur a relevées et qui achèvent,
loi-squ'on parcourt cet album, de donner l'illusion d'un véritable voyage en Orient, à travers dix siècles,
accompli au coin de son foyer,
VICTOR CHAMPIER.
TABLE DES ORNEMENTS
J DÉTAIL D'ORNEMENTS POUR ARMES, BRODERIES, RELIURE, MANUSCRIT,
I FAÏENCE, NIELLE, CISELURE, ETC.
A R C H I T E C T U R E PERSANE ET TURQUE, COLONNETTES EN BOIS.
C O U R O N N E M E N T DE PORTES, DE MORS, ET DE GRILLES POUVANT SERVIR
A U S S I POUR DES FRISES PEINTES OU SCULPTÉES, DES DESSUS DE
G L A C E , DE BRODERIES, PASSEMENTERIES, ETC.
V O I T U R E DES FEMMES DU HAREM IMPÉRIAL,
D É T A I L D'ORNEMENTATION, MOSQUÉE D'OMAR. JÉRUSALEM.
M O D È L E D'UNE PORTIÈRE EN TAPISSERIE OU EN BRODERIE.
F O N T A I N E DU • K IOSQUE DE HUSSEIN-PACHA SUR LE BOSPHORE, LA
L L E S SONT EN M C O U P O L E E T L E S A R B R E B L A N C S C U L P T É A
J O U R ,
F O N T A I N E D'ACHMET, A CONSTANTINOPLE.
F O N T A I N E PRÉS LA TOUR DE CALATA, A CONSTANTINOPLE.
F O N T A I N E EN MARBRE, KIOSQUE DE QECHIK, BOSPHORE. LE COURONN
E M E N T EST.SCULPTÉ A JOUR, AINSI QUE LA GRILLE PLACÉE AU BAS
D U PLAN INCLINÉ SUR LEQUEL GLISSE L'EAU.
F O N T A I N E D'APPARTEMENT DANS UN KONAK, A EYOUB, A CONSTANTINOPLE.
T O M B E A U X TURCS, ARABES ET PERSANS.
G R O T T E DE GUZEIDJEH-SERAI, MER MORTE. PORTE ;
S O L I M A N .
L A MOSQUÉE DE
I N T É R I E U R D ' U N E MA I S O N G R E C Q U E AU P A N A R , . C O N S T A N T I N O P L E .
I N T É R I E U R D'UN DIVAN AVEC SES USTENSILES.
P O R T E DE LA MOSQUÉE DE BAVAZID, A CONSTANTINOPLE.
C H E M I N É E DU PALAIS DES SEPT-TOURS, A ISPAHAN. CHEMINÉE TURQUE.
K I E F DU HAREM IMPÉRIAL A FL A M B 0 U R - Y A V U Z U ; BASSIN DES TILLEULS,
E N V I R O N S DE CONSTANTINOPLE. CE BASSIN EN MARBRE BLANC, PAI!.
SON ÉLÉGANTE RÉGULARITÉ, OFFRE AVEC LA NATURE SAUVAGE QUI
L ' E N T O U R E UN DE CES CONTRASTES OU EXCELLENT LES ORIENTAUX.
D É C O R A T I O N DES JARDINS.
S É R A I L .
B A S S I N DES ROSES DANS LES \ R D I N S DU