
ORNEMENTS TURCS
Dans les classifications encore vagues et mal définies que l'on a imaginées pour les
la Turquie n'a pas une part bien nette; mais il est certain que l'iionncur lui revient d'avoir fait connaître
Cl admirer à l'Europe les merveilleuses productions décoratives des peuples asiatiques. Sans doute
il est difficile de suivre pas à pas, dans cette contrée troublée par tant de guerres, habitée par des races
si diverses, les manifestations de l'architecture, de la peinture ou de la sculpture, d'en noter les phases,
d'en déterminer les caractères progressifs. Point d'unité, partant point d'originalité absolument distincte.
La même conlùsion qu'on observe dans les origines et dans les divisions politiques du pays se retrouve
dans ses ans. De quelles influences ceux-ci procident-ils, de quels mélanges singuliers se sont-ils
formés? Comment le style byzantin, production bAtarde d'une civilisation mourante, s'est-il combiné
avec cette fantaisie inouïe de formes et de couleurs éclatantes? Dans quelle mesure les arts arabe,
persan, hindou, etc., se sont-ils ici associés et donné rendez-vous? Voici assurément ce qu'il serait
intéressant d'étudier, si nous ne devions nous renfermer dans les limites d'une simple et rapide
préface.
Le vaste État compris sous le nom de Turquie se compose d'une agrégation de contrées du sudouest
de l'Europe, de l'ouest de l'Asie et du nord de l'Afrique, réunies uniquement par la conquôte, ne
formant point un tout géographique. Depuis Je treizième siècle, l'arrivée des Turcs a suspendu dans ce
pays toute histoire propre, toute action civilisatrice. Les guerres continuelles que ceux-ci onl amenées
nécessairement entre eux et le monde chrétien, le fatal avilissement des nations qu'ils ont soumises et
réduites en esclavage, enfin leur fatalisme insouciant ont complètement arrêté le progrès normal de
Mais la nature môme a donne à ces pays un avantage unique et un rôle qu'ils n'ont point pu
ne pas remplir. La péninsule de Thrace est le point de suture de deux continents; l'Europe et l'Asie
s'avancent au-devant l'une de l'autre et ne restent séparées que par le cours d'un fleuve marin réunissant
la mer Noire à la mer Egée ou « mer Blanche » des Turcs. De li cette fonction d'intermédiaire entre
deux civilisations. Comme le fait remarquer M. Elysée Reclus : « A la fois isthmes et détroits, le Bosphore
et les Dardanelles servent en même temps de chemins aux flottes de commerce et de lieux de passage
aux mouvements des peuples de continent A continent, SI la mer Noire s'étendait plus avant dans l'intérieur
des terres et formait, comme autrefois, durant les Iges géologiques, un bassin continu avec la
Caspienne et d'autres mers de l'Asie, Constantinople deviendrait nécessairement la « Ville du Milieu »
pour tout le monde ancien. Elle le fut déjà pendant mille années, mais dût-elle ne jamais reconquérir
ce titre, elle n'en sera toujours pas moins l'un des centres de gravité autour desquels oscillèrent les
destinées des peuples.
Ces xeptionnelle qui explique comment la Turquie, sans avoir aucun art absooriginahté
tranchée et pas même de langue nationale proprement dite, a été
réservoir où sont venus naturellement aboutir, de tous les points de l'Orient,
les produits les plus parfaits des industries de la Perse et de l'Inde, qui, de
Europe, Dès le quinzième siècle, sous l'impulsion intelligente de Sultan-Muham-
?ait pris un essor extraordinaire, et les mosquées, les palais, les tombeaux affeclument
h elle, ;
les arts les plus divers e
là, furent introduits en
med 1", l'arcliitecture a
raient la plus grande richesse. Les formes dominantes étaient, la plupart du remps, inspirées de celles
de Sainte-Sophie, de Constantinople; c'est-à-dire que la coupole en était le principe : on y ajouta ces
hautes et minces tours qu'on appelle les minarets, dont l'aspect est si particulier, et qu'on décora extéde
faïences aux vives couleurs. On trouvera dans eec album des spécimens de cette
ne parfaite beauté. C'est ainsi que Sultan-Mubammed I" fit élever, à Brousse, b