
ORNEMENTS ARABES
L’art arabe se confond, en quelques points, avec l’art persan, dont il est comme une émanation.
Après la victoire des califes sur les rois Sassanides, lorsque le nom de la Perse elle-même a disparu,
effacé de l’histoire pendant plusieurs siècles, l’art du peuple vaincu, légèrement transformé au contact
des vainqueurs, change de dénomination ; ses productions les plus anciennes et les plus remarquables
peuvent être attribuées, croyons-nous, avec certitude, aux artistes iraniens; mais ces esclaves n’ont plus
de nom, et leurs oeuvres sont connues et distinguéès désormais sous le nom des conquérants sémites.
Les prescriptions de l ’Islam étant peu favorables (quoique moins hostiles qu’on ne le croit généralement)
à la reproduction de la figuré des êtres animés, l’art nouveau devient plus géométrique et plus linéaire
que ne l’était l’art de l’Iran. A l’aide de la règle et du compas, en variant à l’infini les lignes droites
et courbes, les polygones, les angles et les triangles, les carrés et les losanges, les stalactites et les
entrelacs, on voit se former alors un système de décoration, déjà employé, mais moins exclusivement,
par- les artistes persans, et qui, du nom du peuple auquel il était destiné, prit, beaucoup plus tard, le
nom d’arabesque.
Moins limité certainement qu’on' ne l’a dit, celui-ci n’emprunte cependant presque rien aux signes
extérieurs de la nature animée. Ainsi que l’a remarqué M. Bourgoin, dans son livre sur les Eléments de
l’art arabe et le traité des entrelacs, tandis que l’art grec serait rapproché du règne animal « pour
l’exactitude des proportions et des formes plastiques » ; l’art japonais, du végétal, <t auquel il emprunte
tous les détails de l’organisation des plantes », l’art arabe pourrait être considéré comme la représentation
du règne minéral « pour cette symétrie qui rappelle la cristallisation des minéraux, toujours
uniforme dans sa configuration et sa structure élémentaire ».
On trouvera, peut-être, dans ce rapprochement, autant d’ingéniosité que de vérité, surtout en ce
qui concerne l’art grec et l’art japonais ; mais les concordances de l’art arabe avec le règne minéral
sont inscrites dans tous les décors formés d’après la méthode géométrique.
Cependant, ainsi que nous l’avons dit, ces dispositions ne sont pas absolument exclusives des autres
formules plastiques. Dans quelques-unes des planches dessinées par M. Adalbert de Beaumont, et que
son éditeur, M. Canson, vient de faire reproduire fidèlement dans d’admirables chromolithographies,
entre autres dans la planche j4 des Ornements arabes, on voit différentes figures d’animaux, oiseaux ou
quadrupèdes, de fleurs et d’arbustes, des fragments de paysage, d’où l’on peut conclure que l’art arabe
était, au moins à son origine, aussi varié que l’art persan.
M. Adalbert de Beaumont lui-même a publié, dans le numéro du i< octobre 1 861 de la Revue