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on sacrifie un boeuf dévotement élevé dans les enclos des pagodes. On choisit le plus beau. L’inoffensive victime! Que n’avait-elle le secret des égards qui lui étaient prodigués! Maintenant ses sabots bien cirés, sa tête ornée de fleurs, sa blanche robe sans taches, hélas ! à quoi cela va-t-il servir ! Que de déceptions possibles en un jour! La plus belle victime, traîtreusement garrottée, est conduite au plus fort de la fête, et là, chargée de liens sans nombre, afin qu’elle ne puisse faire un mouvement, fixée à des pieux qui lui tiennent les quatre membres, sa tête couronnée doit tomber du seul coup d’un instrument aux proportions inusitées et à la lame colossale incrustée d’un oeil de boeuf (1 ). Un brahme sacrificateur aura l’honneur d’agiter solennellement son couperet sacré pour assurer l’importance du coup triomphal, qui ne mérite pas toujours ce nom. Bien ou mal réussi, le sacrifice a toujours lieu et les dépouilles appartiénnent aux brahmes. Le sang seul est agréable à Kali, et d’ailleurs il est inutile aux brahmes. Le boeuf était originairement vénéré dans plusieurs parties de l’Asie ; dans d’autres on ne lui fait plus que le triste honneur de le faire servir en qualité de victime aux cérémonies de la Dourgah. Cet animal aux moeurs douces et paisibles a pourtant été le premier à rendre des services à l’homme ; mais l’homme est ingrat de sa nature. Nous venons de parler des principales fêtes des In- (1) L’auteur de ces lignes, ayant assisté a la Dourgah dans le Bengale, a été assez heureux pour acquérir des brahmes le couteau à sacrifice, le véritable couteau sacré.


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