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de recommencer l’année suivante : à la suite d’un chef portant en main un sabre nu et sur la tête une corbeille colossale, mais très-légère, chacun doit parcourir lentement, pieds nus, ce vaste brasier dans sa plus grande longueur, sans pousser un cri (inutile de le dire), sans changer son pas, sans sourciller, et surtout sans faire perdre l’équilibre à ce qu’il porte sur la tête à l’exemple du chef. Les femmes elles- mêmes sont admises à cette pratique de dévotion, et j’ai vu des enfants de cinq à six ans. y accompagner leurs parents, portés sur leurs bras ou marchant à côté d’eux, tenus par la main. Enfin la fête de la Dourgali se célèbre tous les cinq ans avec une solennité inouïe. Cette fête a lieu en l’honneur de la déesse Ka/y, la Vénus bacchante dont j’ai déjà dit un mot. Cette déesse préside aux meurtres, au libertinage, à la luxure et aux souffrances humaines. Très-volontiers ses adeptes sont disposés à braver les souffrances pour être agréables à la déesse et aussi pour se procurer un peu d’argent. Le jour de la fête, ou plutôt pendant tout le temps qu’elle se prolonge, vous rencontrez presque partout des mâts de cocagne singuliers et peu récréatifs; à l’extrémité est pendu un homme qui tourne en l’air avec rapidité ; le patient est accroché par deux hameçons en fer passés dans les chairs du dos. Si Kaly est satisfaite ainsi, tout le monde n’est pas de son sentiment, et les Européens ne voient ces jongleries inhumaines qu’avec dégoût. Dans les villes, les choses se font plus grandement ;


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