d’autres ce qu’ils souhaitaient, d’autres enfin ce qu’ils craignaient. Puis sont venus les abus et les défaillances de la peur qui ont poussé les hommes jusqu’à se prosterner devant des oiseaux de proie, devant une espèce de gros singe très-méchant appelé Oulman. J’ai entendu des Indiens appeler ce singe Sami (Mon Dieu !) Je les ai vus ne pas oser le renvoyer d’un bananier qu’il dévastait et se laisser mordre cruellement par lui. Je dois dire que dans mon indignation je fis de la justice sommaire ; je poursuivis le singe Oulman, et je le tuai d’une balle au coeur. La difficulté fut extrême ; quand je voulus faire emporter ma capture, aucun indigène ne consentit à toucher ce formidable singe, et nous en fûmes réduits à le dépouiller nous-mêmes, le docteur Margain (1) et moi. D’autres, comme je l’ai dit, se vouant à leurs désirs, adorent la déesse Kaly, la Vénus bacchante et impudique; ceux-là sont nombreux. Nous aurons à parler de la fête Dourgah, donnée en l’honneur de cette divinité que l’on craint et que l’on cherche à se rendre favorable. Enfin lesGuèbres, peuplade très-intelligente, adorent directement le Soleil. Les Guèbres, dits les rois de la (1) Le nom du docteur Margain s’est placé naturellement sous ma plume, d’abord pour la vérité du récit, ensuite parce que le souvenir de l’homme est souvent présent a ma pensée. C’est un digne camarade que le docteur Margain, c’est un médecin qui se consacre a la science et se dévoue a l’humanité. Son talent comme oculiste et son désintéressement sont appréciés au Bengale, ou il rend chaque jour de nouveaux services. construction maritime, sont remarquables par leur adresse et leur amour du travail, qualité si rare dans l’Inde. Ils sont assez fiers, et prétendent que, l’image la plus noble du Tout-Puissant étant le Soleil, il est raisonnable d’adorer Dieu dans son oeuvre la plus belle. Ils ne sortent pas de cette religion et sont très-jaloux de la déférence accordée à leur caste. Yoilà pour les différentes religions. Quant aux castes, qui sont admises par la religion indoue, mais dont l’institution est toute politique, nous connaissons la division primitive en quatre grandes castes : les Brahmes, les* Katryas, les Vaysias et les Sudras. Les brahmes, ou interprètes des livres de Brahma, se sont réservé le sacerdoce, l’interprétation des livres de Menons, appelés plus tard livres de Manou, et enfin l’art de la médecine, d’ailleurs fort peu avancé, si ce n’est dans l’application des simples. Cette caste, qui s’est si bien dotée, a stipulé en sa faveur assez d’avantages pour qu’elle les voulût garder ; elle est restée ■compacte et a conservé toute sa puissance. L’intérêt politique a eu plus de prise ailleurs; les divisions sont venues et ensuite des subdivisions à l’infini. Des Katryas, on a fait des princes, des rajahs, des nababs, etc. Des Vaysias, on a fait des babous, des banians de différentes classes. Des Sudras, on a fait de nombreuses subdivisions, et la classe des artisans à elle'seule se subdivise en autant de classes qu’il y a de métiers.
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