pay6, serait regardé comme un vaniteux parmi les Anglais. Avec un certain sens pratique, que porté l’insulaire partout avec lui, il considère comme une injure qu’il soit fait montre, en sa présence, de ce qui lui manque d’une manière si absolue. Il dirait volontiers en parlant des Français qu’ils ont l’insolence d’avoir de l’esprit, non pas, croyez-le bien, qu’il veuille en garder le monopole pour lui, mais parce qu’il est impuissant à y arriver. Nous pouvons d’autant mieux insister sur cette vérité que pas un Anglais n’en perdra un atome de son amour-propre. Il se dédommage facilement de l’esprit qu’il n’a pas en dénigrant celui des autres, qu’il appelle invariablement futility. Du reste l’Anglais, comme homme privé, possède de rares qualités, mais l’Anglais, comme homme politique, est un type que je repousse et que je n’approuverai jamais ! On a commencé à reconstruire Pondichéry en 1770, et il est à regretter que les plans de l’ingénieur Descloisons n’aient pas été suivis ; Pondichéry serait tout autre aujourd’hui. J’ai déjà dit, en parlant de Maurice, que Pondichéry remise en état de défense serait d’une grande importance dans l’Inde, à condition qu’on eût un point de protection, un port d’armement à l’entrée de l’océan Indien. Cette place deviendrait alors le dépôt de notre commerce dans l’Asie et le centre d’opérations ultérieures faciles à deviner. Le colosse qui étend ses longs bras sur le Décan, le Carnate, lArcate, lé Nizam et le Bengale, vers le Caboul et le Népaul, s’affaiblit par ses proportions démesurées. Il est entouré de haine, et il se forme autour de lui un© ligue universelle cimentée par la défiance des Schykes, par les regrets des Cachemyriens, par les protestations des Ma- rattes et des Mogols et par le désespoir des soubas et rhajas du Bengale. C’est la statue aux pieds d’argile. Le territoire de Pondichéry est d’une étendue de trois lieues de long sur une de large ; il est propre à la culture du riz et des légumes. La ville peut montrer avec un certain orgueil le palais du Gouvernement, l’église des Jésuites, monument remarquable, et, à peu de distance, la pagode de Vilnour, célèbre dans tout l’Indostan. La rivale de Pondichéry, c’est Madras, placée sur la même côte de Coromandel ; mais Pondichéry est plus agréable. L’auteur de ces relations a fait le voyage de Pondichéry à Madras par terre. Trente lieues d’une traite, faites en palanquin ! Treize boghis ou porteurs indiens forment ce qu’on appelle un jeu complet ; six vous portent et six suivent pour relever les premiers, et ainsi de suite. Le treizième est muni d’une torche et d’une boîte pleine d’huile; la nuit il fait l’office d’é- claireur. Le jeu parcourt cinq ou six lieues, et, à l’endroit marqué d’avance pour le relais, un nouveau jeu attend, saisit le palanquin et continue la route, pendant que le jeu qui vient d’arriver mange le riz et retourne à son point de départ. Les boghis partent au trot, au son d’un chant plaintif et cadencé. Ils font 6 à 7 kilomètres a l’heure ; c’est une caste laborieuse, sobre et intègre ; une jeune fille sans défense peut monter seule dans son palanquin pour
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