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sommes de l’histoire économique, politique et sociale de la mère patrie, à plus forte raison nous préoccupons-nous peu de celle de nos colonies. Il s’est pourtant trouvé un homme qui, jeune alors, plein d’ardeur et dévoré du désir de savoir, a voulu par lui-même étudier et observer les moeurs de l’Inde. M. Henri Bohan, que ses relations de famille semblaient attacher au sol de la France, a, au contraire, sollicité un poste aux Indes dans la magistrature. 11 y est demeuré de longues années avec le titre et dans les fonctions de procureur du roi. Il remplit même, par intérim, la charge de chef de la justice au Bengale. Dans ce poste, où il sut se faire aimer de tous, et, ce qui est mieux encore, où il sut faire aimer la France, M. Bohan a consacré les loisirs que lui laissaient ses occupations à recueillir des observations et des notes de toutes sortes. Poussé par ses amis, il les a réunies aujourd’hui en un volume que la faveur publique ne manquera pas d’accueillir. Le percement de l’isthme de Suez, qui ouvre une nouvelle route vers les Indes et qui nous en rapproche, donne un intérêt d’actualité à son livre. Ce n’est pas une de ces relations de voyage comme il s’en fait tant aujourd’hui, une de ces relations qu’on écrit tranquillement assis au coin de son feu, les pieds sur les chenets, en prenant pour seul guide des travaux antérieurs écrits de la même façon. Tout ce que dit M. Bohan, il l’a vu; tout ce qu’il décrit, il s’en est rendu compte par lui-même, ou bien s’il est entraîné à parler de quelque chose qu’il n’a pu observer en personne, il se met en garde et met en garde le lecteur contre l’erreur involontaire qu’il pourrait commettre et propager. Je ne sache pas de livre écrit avec plus de conscience et d’honnêteté, et ce trait, fût-il le seul, suffirait à prouver l’extraction bretonne dont se glorifie l’auteur. C’est aussi la raison qui m’empêche de dire, en tête de ce livre, tout le bien que j ’en pense. Les Bretons se défient de la louange. Je veux pourtant indiquer quelques-uns des points qui ont particulièrement frappé mon attention et qui doivent, selon moi, attirer celle des lecteurs. Il semble, quand on nous parle de ces Indes si lointaines, qu’aussitôt apparaisse à notre imagination cette chaude ardeur du soleil dont les voyageurs nous parlent tant. Une mer de feu au-dessus de sa tête ; autour de soi, des plantes, des arbres, des fleurs dont l’admirable végétation dépasse tout ce que l’esprit peut rêver ; d’immenses fleuves ; des oiseaux merveilleux, enfin tout ce que la.na


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