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monstre engendré par le limon de la terre après le déluge de Deucalion, se célébraient à Delphes tous les quatre ans. C’est bien là, je crois, le sujet de cette admirable gravure sur bois, qui réunissait le jet, le palet et le pugilat ; à moins toutefois qu’on n’y veuille découvrir l’un des grands jeux Olympiques en honneur dans le Péloponèse, et institués par Hercule 776 ans avant l’ère vulgaire ; cela n’est pas impossible par la raison que, sur un second plan, on voyait dans cette gravure deux lutteurs enlacés. Toujours est-il que, pour chaque acteur, les positions, les attitudes, les gestes paraissaient naturels et bien rendus. L’anatomie n’aurait rien eu à y reprendre, et 1 habileté dans le raccourci semblait devoir satisfaire les amateurs et les artistes, qui, mieux que moi, savent qu’il y a là un grand écueil. Mais, contrairement à une opinion déjà émise, je me demande s’il est vrai que les Japonais, studieux et civilisés, aient emprunté à la Grèce des types qu’ils n’ont ensuite reproduits que par imitation ; ou si, au contraire, les jeux Olympiques et Pythiques n’auraient pas été imités des Japonais eux-mêmes? Il est bon de rappeler, en effet, que, lors de la division du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel, au Japon ; lorsque le premier de ces pouvoirs fut réservé au Daïco et le second dévolu au Kubo, déjà depuis longtemps le souverain Sin-mu, qui jouissait d’un revenu de 2 milliards, avait affecté des sommes très- importantes à l’établissement des jeux de lutte et de pugilat, dont la création au Japon aurait ainsi précédé de 116 ans l’institution des jeux Olympiques en Grèce. On peut se rappeler aussi que les arts étaient si anciens et si florissants au Japon, que, en 1542 ou 1544, François Xavier, l’ami intime de Loyola, et qui pénétra avec les premiers Européens dans cet empire, écrivait au célèbre fondateur de la compagnie de Jésus ; « Les arts ici sont aussi beaux que les Japonais sont laids. » Cette question de l’origine des gravures est toute naturelle, en présence de l’opinion émise par de Guignes dans son essai historique sur la typographie Orientale et Grecque, essai qu’il a publié en 1787. Le Japon, ce pays riche, commerçant (1 ) et artistique, ne fut découvert que par hasard. En 1542, un vaisseau portugais fut jeté par la tempête sur les îles Japonaises; l’équipage descendit à terre et y fut bien reçu ; le navire s’y radouba. Au retour, un rapport fut fait ; cet empire fut signalé ; le zèle des missionnaires et l’industrie des commerçants se dirigèrent dès ce moment vers l’empire du Japon. Les grandes îles qui composent le Japon, placées sous un ciel orageux, sont exposées à des tempêtes. Le terrain généralement montueux, léger, pierreux, est aussi travaillé par quelques volcans (2 ) ; il contient (1) En 1862, le Japon a fourni à l’Europe 22,000 balles de soies gréges (2,500 pour la France), et, de plus, pour 2,835,000 fr. de thés. (2) Le climat est froid au nord et chaud au midi ; la montagne la plus élevée du Japon est près de Yédo; c’est le Fuh-Jama (mon


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