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est très riche. Nous y avons une ambassade, et nous devons compter sur des rapports curieux et intéressants. Disons tout de suite que le Japonais est préférable au Chinois; il a plus d’énergie, plus d’élévation dans le caractère ; non pas que je prétende lui accorder une grande loyauté et de la franchise. La ruse et les allures cauteleuses sont propres aux peuples de l’extrême Orient. Le sentiment de l’art est aussi plus développé chez le Japonais ; il a plus de grandeur dans les idées et plus de coeur, plus d’humanité. L’empire du Japon est fort riche. Il compte plusieurs villes immenses et fameuses. Méaco, l’ancienne capitale, resplendit encore de tout l’éclat de son château fort, résidence du daïri (souverain)* et du commerce auquel se livre sa population de 500,000 habitants. Osaka est une ville plus importante et plus riche encore (1 ). Presque aussi ancien que la Chine, cet empire n’a été connu que bien plus tard, et nous allons voir comment. A l’aide de l’histoire et des renseignements dus à mes relations privées, j’aurais pu parler du Japon d’une manière assez complète, eu égard à ce qui en a été dit jusqu’à ce jour; la résidence de Nantes, que j’avais sollicitée naguère, et qui m’avait été promise, (1) Depuis juillet 1859, un port est ouvert au commerce étranger, c’est celui de Nangasakù charmante ville de 85,000 habitants; non loin de là, dans la province de Satsuma, est l’île Ivogasima, célèbre par la grande quantité de soufre qu’elle produit. m’eût permis de donner de l’extension à des notes que je suis aujourd’hui forcé de restreindre. •.Mais le lecteur s’en consolera facilement, en songeant que la légation Japonaise ne manquera pas de combler largement ce vide : en rapportant de nouveaux et curieux documents, elle pourra, mieux que nous, satisfaire aux désirs des amateurs, aux exigences de la littérature et aux prescriptions de la science. On ne s’attend pas à ce que je parle des porcelaines du Japon. Leur supériorité sur les porcelaines chinoises est aujourd’hui trop notoire; il est probable d’ailleurs que nous allons avoir des descriptions et des historiques de tous formats sur la beauté et les qualités de cette branche si vaste de l’industrie Japonaise. Mais je parlerai des livres illustrés. Les illustrations coloriées sont connues au Japon depuis bien longtemps. Les Japonais excellaient dans- ce genre, avant qu’il en fût question chez nous. Les couleurs employées dans ces illustrations sont d’un brillant remarquable et se complètent à peu près invariablement par l’harmonie du gris, du rouge, du bleu ou du noir, avec leurs différentes nuances; il en est toujours fait un usage assez sobre et assez intelligent, pour que l’on puisse dire qu’il ne s’y produit jamais de teintes fausses. La gravure sur bois y est aussi très-ancienne et très- bien traitée. Il m’a été donné de voir une de ces gravures d’une grande valeur; elle représentait cette partie des jeux Pythiques qui consiste dans le jet, le palet et le pugilat. Ces jeux Pythiques institués par Apollon en l’honneur de sa victoire sur le serpent Python,


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