modicité des impôts assure son progrès et complète sa sécurité. Je ne suis pas fanatique du caractère chinois. Je reconnais aux Chinois en général do l’instruction ; ils sont froids, réfléchis, aptes aux arts et aux sciences; mais le Chinois est nécessairement astucieux, hypocrite, fourbe avec un très-grand sang-froid : cela tiept à l’éducation de l’enfance. On exige des enfants qu Us restent des heures entières assis, immobiles, taciturnes, les bras croisés sur la poitrine. Quel résultat espérer d’un pareil exercice (si c’est un exercice), d’une pareille contrainte morale et physique? La fourberie et la méchanceté froide ; et c’est le trait caractéristique. Cependant, à côté du mal, il y a encore du bien . cette habitude de réfléchir, jointe à l’aptitude pour les sciences exactes, a fait des Chinois les maîtres et les inventeurs en astronomie et en arithmétique. C’est a eux qu’est due l’invention de la boussole. Us ont depuis longtemps aussi des poètes et des philosophes; mais la philosophie surtout a brillé parmi eux d nn éclat extraordinaire. L’histoire de la Chine se perd dans la nuit des temps. Son premier législateur a été, je crois, son premier historien ; en tous cas, on ne trouve rien de certain avant lui. Yao, érudit et philosophe, fut élu empereur par les doctes, ou assemblée de lettrés. Il monta sur le trône 2230 ans avant J.-C. Il était philosophe et écrivain distingué; il a laissé des ouvrages sur les règles du gouvernement ; il a fondé l’histoire de son peuple, il a entrepris d’immenses travaux qui furent continués par un souverain digne de lui succéder (1 ). Chim, son successeur au trône, régna 48 ans, pour le bonheur de son peuple, ainsique l’écrit quelque part un vieil historien tartare, rappelé par Raynal ou par le Vénitien Marc-Paul, l’admirateur quand même des Chinois. Un plus grand lustre devait briller sur cet empire, et il le dut encore à la philosophie. Ce fut 700 ans avant J.-C., quand le philosophe Confucius, élevé à la dignité de mandarin, fut élu ministre du royaume de Chaun- Ton. Ce sage illustre a laissé une mémoire vénérée des Chinois de toutes les classés. Il a fondé la religion et le code suivis dans ce vaste empire. Il y a proclamé : que la raison est une émanation de la divinité ; que la loi suprême est l’accord de la nature et de la raison; et qu’en dehors de ces deux guides aucune religion ne vient du ciel. Il advint cependant que l’exemple de Confucius ne fut pas suivi, que ses conseils furent méconnus. Alors, ce génie supérieur ne se laissa pas abattre : il se démit de son emploi, et se retira dans le royaume de Sin, où il enseigna la philosophie. Trois à quatre mille disciples dévoués l’y suivirent. (1) Il existe en Chine une égalité que l’on cherche en vain dans les autres pays : il n’y a pas de noblesse héréditaire'. Les honneurs et les distinctions d’un citoyen commencent et finissent avec lui. On n’y voit pas de ces médiocrités, qui, se croyant d’une espèce particulière, naissent et vivent dans un rang qu’elles ne se donnent pas la peine de mériter. L’État profite de cet hommage rendu au seul mérite.
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