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subir le joug, s’enfoncèrent dans les terres ou se répandirent sur les côtes, amassant de la haine dans leur coeur, serrant leur crid contre leur poitrine, et s’adonnant à toute la violence du caractère primitif. Les pirates redoutables des îles Malaises étaient donc dépossédés et refoulés par les Portugais ; mais, pour les vainqueurs, Malaca fut une véritable Capoue. Ce pays délicieux leür offrait des terres d’une fertilité remarquable, des bois toujours verts, des fleurs exhalant leur dernier parfum aux pieds d’autres fleurs sans cesse renaissantes. La ville, très-importante au point de vue de sa défense, ne l’était pas moins au point de vue commercial, car Malaca était alors le marché de l’Inde. Les abus, les exactions de maîtres insatiables, en éloignèrent bientôt les navires venant du Japon, de la Chine, de l’Arabie et des côtes Indiennes. Au bout d’un siècle, le commerce s’éteignit, et cet état de splendeur s’évanouit. La jalousie et l’intérêt y amenèrent les Hollandais, et quand à force de ténacité ils s’en vendirent maîtres en 1641, Malaca était, hélas! bien déchue : quantum mutatus ab illo ! Néanmoins, sa position lui donnait une grande importance pour les Hollandais, déjà possesseurs de Java ; et, si les détroits de Lombocket de Baly n’avaient pas été découverts plus tard, la Hollande tiendrait peut-être encore en ce moment le monopole du commerce dans la mer des Indes, et le sceptre de sa puissance, dans ces contrées, ne serait pas aujourd’hui entre les mains d’une rivale, dont l’ambition devait remplir le monde; d’une rivale qui, peu redoutable alors, laissait cependant poindre les premiers éclairs d’une convoitise encore impuissante, grâce à la faiblesse de Jacques I" et à la corruption de son conseil. Les Hollandais, confiants dans leur étoile et chargés des dépouilles des Portugais, concentrèrent tous leurs efforts et tous leurs soins sur Cevlan, qui depuis leur a été enlevée, et sur Java et Batavia qui leur sont restées. Ils ont perdu ce qui devait coûter peu et rapporter beaucoup ; mais, par une constance inouïe, les Hollandais, cruellement et constamment décimés par le climat de Java et de Batavia, ont toujours lutté pour y conserver le siège de leur commerce dans l’Inde. La Hollande, aussi tenace dans ses projets commerciaux que l’insalubrité dans ses ravages terribles, a sacrifié là bien des millions de sa caisse et bien des milliers de ses enfants! Une statistique exacte porte à 87,000 le nombre des matelots et soldats morts, seulement à l’hôpital, pendant une période de soixante années. IL est réellement impossible,de ne pas dire un mot des possessions hollandaises dans l’Inde, quand on veut parler de ce pays, où, les premiers, les Hollandais posèrent les bases solides de l’immense commerce qui a donné l’éveil et l’exemple aux autres nations. Les possessions hollandaises se réduisent aujourd’hui à l’occupation de Java et de Batavia; comme je n’ai pu visiter ces deux points, j’en suis réduit, cette fois, à rappeler des indications qui ne me sont pas personnelles, mais que je crois sûres; cependant, je


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