les vents du nord et du sud y régnent presque exclusivement ; ils y sont périodiques comme la mousson (1) dans l’Inde. Tout le milieu de la mer Rouge (ou grand canal) n’offre pas de dangers ; il est navigable jour et nuit sur une profondeur de 25 à 60 brasses. A droite et à gauche, au contraire, il y a beaucoup d’écueils et les grands navires y seraient souvent en péril, à raison des nombreuses îles arides, des rochers et des coraux (2). Tout grand navire qui voudra naviguer en vue de ces côtes, ne devra le faire qu’aux approches de la Nubie, d’un côté, et aux approches de Moka, de l’autre. En suivant ces indications et surtout sa boussole, on traverse très-heureusement la mer Rouge. A dix jours de mer plus loin est Ceylan, anciennement connue sous le nom de Taprobane. Inutile de chercher ce dernier nom dans les géographies ; elles n’existaient pas au moment où Taprobane florissait. L’histoire est seule à en parler, et les Portugais, les premiers Européens qui aient abordé Ceylan, furent plus familiarisés avec ce nom. Cependant, quand Alphonse (TAlbuquerque y vint avec ses vaisseaux, il trouva cette île peuplée par deux nations différant entre elles par les moeurs, par la religion et par le gouvernement. Les Bédas paraissent avoir été les habitants primitifs de l’île au nord. La partie méridionale (1) Revirement des vents. (2) On appelle ainsi les bancs d’un corail gris très-commun dans cette mer. était alors au pouvoir des Chingulais; ils y formaient une nation plus puissante, plus policée, mais moins rigoureuse dans ses principes. L’histoire nous apprend que dans l’origine le respect pour les lois était le premier devoir dans cette bienheureuse île. Ce respect était sérieux et obligatoire pour tous,: le souverain n’était pas plus dispensé de l’observation des lois que le dernier des citoyens. Et cela est juste ; car la loi ne commande à personne, ou elle commande à tous. Devant la loi comme devant Dieu, tous sont égaux. Au milieu de l’île, se trouvait l’ancien royaume de Candy. La cour de Candy a été très-puissante autrefois; son territoire, dont les Anglais se sont emparés en 1814, se divise en territoire de la pointe de Galles, territoire deNégombo etterritoire de Colombo. Le chef- lieu actuel de la colonie est Colombo. Cette ville, sur la côte ouest, est fortifiée; elle a une bonne citadelle, un port sûr, mais inaccessible aux grands vaisseaux. Quand d’Albuquerque se présenta à Ceylan, il venait d’être nommé par la cour de Portugal vice-roi des Indes; c’était bien le conquérant le plus audacieux qui eût pénétré dans ces régions; l’ambition de ses vues s’étendit depuis la mer Rouge, où il voguait en maître, jusqu’en Chine. A la tête de ses escadres il conduisait la victoire qu’il fit souvent précéder de la terreur. Il fut le plus redoutable ennemi des Arabes et le vainqueur des Malais, et déjà il avait la puissance de parler en maître à Ceylan. Comment a-t-il négligé de s’y établir? L’île est cependant importante ; elle a 80 lieues
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