CHAPITRE VI. La mer Rouge. — Aden, aux Anglais depuis 1845. — Vue du.mont Sinaï. — Cevlan. — L'île aux Épices.— Pointe de Galles.— Ancienne cour de Candy. > — Les Bédas. — Les Chinculais. — Les Malais. — Sumatra. — Maiaco. — Les Hollandais. — Java. — Batavia. — La Javanaise. Histoire de ses moeurs. A l’extrémité de l’Arabie Heureuse, sur les bords de l’océan Indien, très-rapprochée du détroit de la mer Rouge, à quelques heures seulement de Bab-el-Mandeb, est la ville d'Aden (Adenum). Le port en était autrefois très-commerçant; le mouillage y est sûr. Les sommets qui dominent la ville étaient anciennement garnis de six forts et la position était facile à défendre plus complètement encore. Aden avait donc son importance. Aussi, en 1845, l’Angleterre s’en est- elle emparée en chassant les tribus arabes; et pour se défendre alors dans la place conquise, elle a immédiatement complété par de grands travaux les défenses du port dont elle s’attribuait la possession. Les Anglais y ont transféré le grand dépôt de charbon qui était précédemment a Socotora, île un peu plus éloignée du détroit, dont ils tiennent définitivement à 'se rapprocher. Ce n’est certes ni l’agrément ni la beauté du site qui ont attiré l’attention de la romanesque Albion sur ce pays; rien n’est aride comme ces parages. Pas d’eau, on est obligé de la faire venir de Bombay (1) ; pas d’arbres, pas d’arbustes (2), pas d’herbe môme. En revanche, des monceaux, des montagnes de cendres calcinées provenant d’anciens volcans. Quand on ne voit de l’Arabie Heureuse que les environs d’Aden, on est tenté de croire qu’en qualifiant d'Heureuse cette partie de l’Arabie nos devanciers ne l’ont fait que par une amère dérision. Il est vrai que, par compensation, Aden a un port bien placé et admirablement défendu ; il était difficile de se mieux poster pour le commerce du café,' de la myrrhe (3) et de l’encens... et pour voir qui sort de la mer Rouge. Avant de quitter la mer Rouge, ce que je fais avec quelque regret, tant j’attache d’importance à ce golfe qui nous est encore peu familier, je veux consigner quelques données générales, mais certaines; je les pris en note dans le temps, et je le fis à bon escient. J’ai eu sous les yeux d’excellentes cartes anglaises dressées par un capitaine de la Compagnie, lequel avait passé trois ans à faire des sondages et à lever les différents points des côtes de Suez au détroit. Le flux et le reflux sont très-sensibles dans la mer Rouge ; si l’on a déjà tiré parti de ce phénomène, que l’on a dénaturé en l’exagérant, pour mon compte je ne le consigne ici que pour les facilités de la navigation. Cette mer n’est pas sujette à de grands orages; (1) J’ai payé 75 centimes un verre d’eau douce. (2) Le seul arbuste que j’y aie rencontré est le séné. (3) C’est là que se vend la fameuse myrrhe d’Éthiopie.
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