réprouvés. Il ordonna de plus à chaque pèlerin d’acheter, de faire bénir, cinq pièces de toile de coton pour servir de suaire aux membres de sa famille incapables d’accomplir le saint voyage. Après l’Arabie Heureuse, on découvre Moka ; cette ville est devenue célèbre par l’excellence des cafés qu’elle expédie dans toutes les parties du monde; le marché général ne se fait pas à Moka, mais à Bételfagui, à 34 lieues de Moka. Les cafés qui doivent sortir de l’Arabie par terre restent à Bételfagui, et le surplus, qui est la moindre quantité, se porte à Moka pour être embarqué. Les affaires ne s’y traitent pas avec les Arabes, mais avec des banians de l’Inde, qui y résident jusqu’à ce qu’ils jugent leur fortune assez forte pour céder leurs places à d’autres courtiers indiens. Des représentants européens ont essayé en vain de faire concurrence à ces adroits marchands. A droite, toujours en conservant la même orientation, se déroulent des pays qui parlent moins à l’imagination, mais dont il convient de s’occuper: d’abord c’est une partie de l’Égypte, puis la Nubie et Y Abyssinie, enfin les monts de la Lune, où le Nil prend sa source dans le lac Nyanza, à peu près inconnu des Européens. La position de la Nubie (1) n’offre pas un grand intérêt ; mais bien des tentatives ont été faites près des (1) La Nubie comprend les royaumes de Dungola et de Senaar. Senaar, capitale très-commerçante. Abyssins; l’Abyssinie est soumise à un roi absolu dont la capitale est Gondar. Jusqu’à présent les relations ont été difficiles avec ce pays qui a le mérite de s’approcher du détroit, de ce col exigu de Bab-el-Man- deb (1), l’ancien Freturn diræ, qui livre passage dans la mer des Indes. Le goulet n’a qu’une demi-lieue de largeur. De l’Asie à l’Afrique il n’y a qu’un pas; avant de le franchir, rappelons que dans la partie la plus rapprochée du détroit, habitent les Gallas ou Galles. Ils forment une peuplade guerrière ennemie des Abyssins. Les Galles s’étendent jusqu’à la côte et sont maîtres de l’un des abords du passage. Nous avons raconté la violente prise de possession faite par les Anglais de l'île Vèrirn, à l’intérieur et dans le voisinage du détroit. Déjà à la sortie de ce détroit, à Socotora (2), ils possédaient un lieu de relâche et un dépôt pour leur charbons. Je m’inquiétais de savoir où la France pourrait aussi s’assurer un lieu de dépôt pour son combustible, quand j’appris que, par suite du traité, nous venions de prendre possession du petit port d’Obock dans les parages du détroit ; nous avons compris la nécessité de posséder un point sur le littoral de la mer Rouge, et en présence des faits rappelés, cette nécessité est devenue impérieuse. (1) Bab-el-Mandeb signifie porte de deuil. (2) Socotora n’a pas de port, mais une rade parfaitement sûre.
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