est un mélange d’Égyptiens et d’Arabes, qui apparais-* sent surtout à l’arrivée des bâtiments de la Compagnie anglaise. Deux à trois cents chevaux avec leurs conducteurs attendent pour transporter au Caire les bagages et les marchandises ; au bout de cinquante- huit à soixante heures, les caravanes arrivent à leur destination. Suez n’a qu’une seule maison qui mérite réellement ce nom, c’est l’hôtel où descendent les voyageurs; les autres habitations sont des cases construites avec de la boue, comme toutes celles des villages de l’Égvpte. Les voyageurs ne séjournent pas à Suez fort heureusement pour eux; des chars-à-bancs couverts, attelés chacun de quatre chevaux, les emportent dans cet océan de sable qu’ils mettent vingt à vingt-quatre heures à traverser avant d’arriver au Caire. Suez sera régénéré ; il a un petit port sur le golfe qui porte son nom. Le mouillage est bon, il y a de l’eau à la sonde ; mais ce port est à trois quarts de lieue du village et le transbordement des navires à Suez se fait par des chaloupes. Près du village est un port comblé; tout cela attend le progrès qui s’avance; de grands travaux doivent s’exécuter à cet endroit même, appelé à être le point d’invasion, l’entrée de la mer Rouge dans le canal ; car il est bon de rappeler que le niveau de la mer Rduge est plus élevé que celui de la Méditerranée (1). Du N.-O. au S.-E. de Suez, c’est-à-dire au col de (1) La Méditerranée est de !>Q à 54 pieds en contre-bas. Rab-el-Mandeb, s’étend la mer Rouge sur une longueur d’environ 425 lieues ; les anciens la désignent sous le nom de golfe Arabique. En quittant Suez pour se confier à cette mer orageuse, on laisse à gauche les sommets de la terre sainte et l’Arabie Pétrée (1); puis viennent Médine, où est le tombeau de Mahomet; la Mecque, célèbre par sa mosquée, où tout bon maho- métan doit aller en pèlerinage. Dans les temps les plus reculés, cette ville fut chère aux Arabes; ils croyaient qu’elle avait été la demeure à’Abraham, et ils accouraient de toutes parts dans un temple dont il était présumé Je fondateur. Mahomet, aussi adroit politique que grand conquérant, donna un libre cours à ce courant de dévotion déjà fort ancien. Il conserva le temple vénéré, mais il le consacra au Dieu unique (2), et pour appeler le commerce et la circulation dans une ville destinée à être la capitale de son empire, il enjoignit à ceux qui suivaient sa loi de se rendre à la Mecque une fois dans leur vie, sous peine de mourir en (1) En s’éloignant de Suez, on découvre le mont Sinaï (Djebel- Moussa) où Dieu fit connaître sa loi a Moïse. L’imagination déjà surexcitée embrasse dos horizons immenses; néanmoins le cours de vos idées s’interrompt brusquement; il n’y a plus de place pour tous vos souvenirs, et au moment où vous songiez au mont sacré, la vue de Médine et de la Mecque vous rappelle l’origine du mahométisme et les fureurs qu’il a soulevées contre le christianisme. Quelle est donc la main mystérieuse qui a placé l’un à côté de l’autre ces deux berceaux de deux religions si différentes? Elles partent du môme point, et de l’une devait sortir la vengeance farouche, de l’autre devaient naître l’amour et la charité. (2) Dieu seul est Dieu et Mahomet est son prophète. il
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